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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Monsieur Chatel, instituteur, perd dans un tragique accident de la route sa bien-aimée. Tel un journal intime, il lui écrit et lui raconte ses journées, ses élèves, sa vie sans elle, le creux de son absence, ses peines et ses douleurs. Il se livre à elle comme si elle était encore là, il écrit certaines choses qu'elle aurait pu faire et s'invente même ses souvenirs. Et il a encore le courage de continuer à écrire, continuer à la faire vivre à travers ses écrits...

Philippe Delerm décrit ici le chagrin, la tourmente, les souvenirs, la douleur et surtout l'amour de cet homme pour sa femme. Elle, que l'on ne nomme qu'à travers ses héroïnes des contes qu'elle écrivait, prend une dimension intemporelle, presque irréelle. Lui, cet instituteur de campagne, lui redonne vie. Derrière une écriture tellement poétique, touchante, sans être larmoyante, légère ou parfois plus grave, l'auteur a vraiment réussi à donner un sens à cet amour.
Bien plus qu'un roman, c'est une véritable déclaration d'amour...

La cinquième saison... intemporelle...
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Bien plus qu'un roman, cet ouvrage pourrait être qualifié de journal intime ou plus exactement d'une longue lettre que le narrateur écrit à son amour perdu. En effet, celle qu'il a aimé et qui n'est jamais précisément nommé dans le livre est morte mais l'auteur ne peut faire totalement son deuil. Il continue à lui écrire, ravive des souvenirs qu'ils ont partagé ensemble (ou non) simplement pour continuer à la faire vivre dans sa mémoire, et par là, la faire continuer à exister. Lui, un petit instituteur à Saint-Lauren-des-bois, un petit village sur la Risle et elle, une ancienne illustratrice et auteure de contes pour enfants. Aussi, dans ce livre, est-elle plus connue par les noms de ses héroïnes tels ceux de Cécile et de Clémence qui reviennent régulièrement.

Un ouvrage sur la vie qui, bien que l'on ait perdu l'être qui comptait le plus pour nous, doit continuer et dans laquelle on doit s'impliquer si l'on ne veut pas passer à côté.
Un très bel ouvrage basé sur la base des regrets mais à la fois rempli d'espoirs et qui nous fait méditer, nous, lecteurs, sur la fragilité de la vie. A découvrir !
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N°954– Août 2015

LA CINQUIEME SAISONPhilippe Delerm – Gallimard.

On a tous dans le coeur un tableau noir et sa poussière de craie, la portée bleue d'un cahier d'écolier avec des mots écrits à l'encre violette dans le crissement d'une plume d'acier, pleins et déliés, le doux ronronnement des tables de multiplications, le lourd silence des dictées, les blouses grises et les punitions, la cour de récré poudreuse et les derniers jours d'école dans la touffeur naissante de l'été, les jeux de billes, de marelle ou de corde à sauter. Tout le parfum de l'enfance ! Plus tard ce seront des nattes et des taches de rousseur, les regards maladroits et les paroles timides, les garçons hâbleurs qui voudront se faire remarquer des filles qui les ignoreront du haut de leur beauté naissante. Leur indifférence et leurs yeux annonceront déjà les femmes qu'elles seront bientôt. Ce sera le temps des amours inventées, des menthes à l'eau, des illusions qui ne manqueront pas d'éclater, avec cette volonté de grandir vite et cette fascination de l'avenir mais aussi ce désir un peu fou de demeurer encore un peu dans le giron tiède de l'enfance.

M. Chatel est un instituteur, un Maître d'école comme on disait avant, soucieux de l'avenir de ses élèves à qui il transmet son savoir. Ils le respectent pour cela, parce qu'il leur apprend le calcul et la grammaire, même si ce n'est pas passionnant et qu'ils n'aiment pas vraiment cela. Ce n'est pas tout à fait un copain, pourtant il joue à l'occasion avec eux au foot sur la place du village, organise la kermesse de fin d'année scolaire. On l'appel « M'sieur » entre crainte et une complicité feinte. C'est un petit village où on a déjà abandonné la gare, sans doute non rentable, avec sa dernière épicerie qui fermera à la mort de sa propriétaire, son café à la lisière de la faillite, l'école elle-même disparaîtra bientôt, faute d'élèves. Ils partiront vers d'autres horizons ou au collège et ne seront pas remplacés parce que les temps changent et qu'on n'y peut rien.

Il se souvient de cette tranche de vie où il aimait cette jeune fille trop tôt disparue dans un accident. D'elle il n'a plus que des souvenirs, les albums pour enfants qu'elle a crées, ses aquarelles aux couleurs chaudes. Ils avaient tout pour vivre ensemble une vie heureuse et longue mais le destin en a décidé autrement. Parce que c'est un baume, il choisit de de lui écrire avec des mots d'encre bleue, de crier dans l'écriture tout cet amour perdu, tout ce gâchis, tout ce deuil impossible à faire. Ces mots, elle ne les lira jamais mais ils lui viennent à travers ses souvenirs qui renaissent dans la couleur d'une robe, la langueur d'une soirée d'été, une chanson de Duteuil ou de Souchon, une photo de David Hamilton... Il la fait revivre dans sa mémoire, habille ces années heureuses de phrases, entre leur enfance différente, leur rencontre, leur vie amoureuse, leurs vacances au soleil de Provence, leurs projets… Même si écrire est une forme de folie, entre vertige et exorcisme, c'est une sorte de longue lettre, tissée à petites touches intensément poétiques, un journal confié aux feuillets blancs d'un cahier où le deuil est présent à chaque page sans pour autant être exagérément larmoyant, mais à certains moments du roman j'ai pourtant eu l'impression d'un veuf qui parlerait à une tombe.

Bien sûr la vie continue mais l'absence reste et lui s'accroche aux mots qu'il investit de son chagrin. Ce sera une nouvelle rentrée avec ces feuilles qui tombent déjà et les matinées qui rafraîchissent, les encriers en porcelaine qu'on remplit d'encre mais cette femmes diaphane disparue sur une route rappelle que nous ne sommes que les pauvres usufruitiers de notre vie, même si nous choisissons de ne pas y penser, de vivre comme si nous étions immortels.

Hervé GAUTIER – Août 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Un livre dans la tradition du journal intime, ou de l'oeuvre épistolaire. On aime ou on n'aime pas. Moi j'aime ! Il y a beaucoup de poésie, de sensibilité dans ce texte. On n'y trouvera pas tous la même chose, mais on sera tous saisis, happés par un passage quelconque.
Aujourd'hui, dans chaque témoignage ou journal d'information, on nous parle de "faire son deuil". (Personnellement, j'ai du mal à définir vraiment cette expression malheureusement devenue à la mode)
Cet ouvrage peut peut être aider à comprendre. En tout cas c'est une belle écriture, et un beau résultat.
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Ce livre est tout simplement transportant. Il est léger, et les phrases sont bien coupées. Je ne sais pas comment le dire, mais je l'ai lu sans m'arrêter.
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On ouvre un journal intime : le narrateur s'adresse à la femme aimée mais décédée. Dans cette narration douce-amère, on perçoit le manque, la douleur mais aussi la vie qui continue et qui porte. C'est un très beau roman.
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Sans doute pas le cinquième élément d'une bibliothèque...
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Lu dans la blondeur d'une fin d'été, ce court récit sur le deuil de l'aimée disparue est un tourbillon de sens.
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