Sentir toute la vie des billes préservées dan sa poche, ajouter ici et là une agate ou une goutte d'eau. Les regarder de temps en temps dans la lumière. Des billes transparentes et, dans chacune un signe de ce qu'il y a de plus grand, de trop grand. de ce mieux qu'impossible. "
New York est une cigogne absolue. Je n’irai pas la voir apprivoisée dans son parc naturel. Tant mieux si je ne la vois pas. Je l’invente et je la deviens.
Wall Street. Le nom d'une rue du sud de
Manhattan. Une rue qui ne mène nulle part
sinon à son usage métonymique. Wall Street
est une entité, le symbole du pouvoir écono-
mique des États-Unis, mais bien au-delà le sym-
bole du capitalisme mondial. Le bâtiment qui
abrite la Bourse de New York a été construit
en 1792, mais c'est au début du XX° qu'il a pris
l'apparence d'un temple grec. Un temple où
l'on n'enseigne pas l'épicurisme, mais parfois le
stoïcisme, quand le mot « krach » est associé au
Black Thursday de 1929, et au Black Monday
de 1987. Tout le reste du temps, les deux mots
« Wall Street » claquent comme le drapeau
d'une autorité en mouvement, « Wall Street a
ouvert à la hausse... », et cela veut dire que la
planète entière doit suivre.
Mais dans la plus grande cité du monde, l'anonymat, la promiscuité, le sentiment que la vie doit se résigner à n'être par longues stases qu'une parenthèse de la vie prennent une ampleur spéciale. Du temps passé, perdu, des graffitis partout, sur les murs et sur les wagons, un enfer de la ville. Mais malgré tout cela, à cause de tout cela, on est dans la vraie vie.
Aimer New York, fantasmer New York, c'est se balader sur d'interminables voies d'accès en sachant bien que le centre du centre restera impénétrable. A New York, les sources de vie jaillissent comme les bornes d'incendie dégoupillées par un enfant et qui déclenchent les rires alentour, une fraîcheur insolente et libre au coeur de la touffeur d'été. New York, c'est ce que je possède sans l'avoir édulcoré.
New York est une cigogne absolue. Je n'irai pas la voir apprivoisée dans son parc naturel. Tant mieux si je ne la vois pas. Je l'invente et je la deviens.
Georges Simenon est le grand écrivain des atmosphères. […]. Partout, d’Ostende à Porquerolles , Simenon dit le goût des choses et le rythme de la vie. Bien plus que pour l’analyse des caractères, il a le don pour peindre juste et vrai.
La structure dentelée d’une idée de l’immensité.