Pendant que certains s'interrogent sur les plus-values, d'autres escaladent les feux rouges.
C'est ainsi dans la ville. La plupart du temps, on est perdu dans un mélange entre des pensées vagues et la progression familière du trajet. Mais il faut des stases aussi, à intervalles. Des signes du réel qui affleurent pour donner sens à cette portion de vie prise entre deux parenthèses. Ce ne serait pas vivre, si un trajet n'était qu'un trajet. En fait, on se force presque inconsciemment à en faire autre chose, à devenir çà et là ce qu'on voit.
On a une vie, puisqu'on n'obéit pas à ceux qui voudraient la remplir autrement. La supplication muette des affiches n'aborde même pas les terres du possible. Elle reste dans l'éventuel, et caresse imperceptiblement l'amour-propre dans le bon sens du poil.
La plupart de ceux qui ont croisé le regard des affiches n'ont même pas imaginé qu'elles pourraient infléchir une soirée de leur vie. Pourtant, ils ont à peu près déchiffré les noms, les dates, les messages, surtout si le trajet leur était familier. Pourtant, cela leur a fait du bien que ces propositions soient jetées dans l'air de la ville – ils étaient au-dessus, puisqu'ils pouvaient s'en dispenser.