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Citations sur Sur la peinture (16)

Qu'y a-t-il sur la page avant que je commence à écrire? ll y a le monde infini, pardonnez-moi, le mnonde infini de la connerie. En quoi ecrire est-il une épreuve ? C'est que vous n'écrivez pas avec rien dans la tête: vous avez beaucoup de choses dans la tête. Mais, dans la tête, d'une certaine naniere, tout se vaut, à savoir ce qu'il y a de bon dans une idée et ce qu'il y a de facile, de tout fait, c'est sur le même plan. C'est seulement quand vous passez à l'acte, par l'activité d'écrire, que se fait cette bizarre sélection où vous devenez acte. Je dirais la même chose pour parler. Avant que vous parliez, il y a plein de trucs. Vous avez beau mettre au point dans votre tête, il y a l'épreuve de passer à l'acte, soit en parlant, soit en écrivant, qui est une fantastique élimination, une fantastique épuration. Sinon votre page est pleine d'idées toutes faites. Ca ne veut pas dire forcément des idées que les autres ont aussi. Vous pouvez très bien avoir des idées toutes faites à vous, rien qu'à vous, elles sont quand même toutes faites, des idées faciles comme on en a à dix-huit ans et dont on a honte quand on se réveille. Le monde des idées, encore une fois, n'a jamais été justiciable du vrai et du faux. Il est justiciable de catégories beaucoup plus fines : l'important, l'essentiel et l'inessentiel, le remarquable et l'ordinaire, etc. Tant que c'est dans votre tête, vous pouvez prendre des choses très ordinaires pour des choses remarquables. Or ce genre de confusion n'est pas innocent. Quand vous prenez quelque chose d'ordinaire pour du remarquable, ça affecte le contenu de I'idée, pas simplement des trucs formels. C'est pour ça que vous avez tout le temps des livres dont vous vous dites - je ne sais pas si vous faites cette expérience : ça ne va pas, c'est enfantin. On aurait de la peine à dire en quoi c'est faux. Non, ce n'est pas faux, c'est rien - alors que le type a l'air de trouver que ses idées sont formidables. Et là ce n'est pas le lieu d'une discussion. C'est pour ça que les discussions, c'est toujours de la merde, vous savez.
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Or, c'est quoi, peindre un large dos d'homme ? Ce n'est pas peindre un dos, c'est peindre des forces qui s'exercent sur un dos ou des forces qu'un dos exerce.
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Je ne sais pas si vous avez été opérés mais ceux qui ont été opérés ont cette expérience qui me paraît faire comprendre des choses, ceux qui ont subi une opération importante. Faire de la figuration, ce serait représenter une opération. Aucun intérêt évidemment. Mais dans une opération, il y a quelque chose de très bizarre, c'est que, même lorsque l'opération ne mettait pas la vie en danger, il suffit de regarder après le type qui en sort, c'est absolument comme s'il avait vu la mort, mais vu sans tragique. Je veux dire: les yeux d'un opéré frais sont extraordinaires. Si vous n'en avez pas eu autour de vous, faites les cliniques. Il faut avoir vu ça, je crois, pas par curiosité. Je ne dis pas des choses de petite perversion lamentable, je dis des choses presque de tendresse. Si vous voulez sentir vraiment quelque chose pour l'humanité, voyez des gens qui se sont fait opérer. Les yeux sont comme complètement lavés, comme s'ils avaient vu quelque chose qui n'était pas horrible, comme s'ils avaient vu quelque chose qui ne peut être que la mort, qui ne peut être qu'une espèce de limite de la vie. Ils en ressortent avec cette espèce de regard très pathétique.
Rendre ce regard, ça ne pourrait être fait que si le peintre arrive à capter la force. Avec quelle déformation du regard ? Ce n'est pas comme s'il avait une taie sur l'œil, c'est bien autre chose, c'est. Impossible à dire. J'arrivais un peu à [le] dire pour Bacon dans le cas du sommeil. Je n'arrivais pas à [le] dire pour Kupka dans le cas des forces astronomiques. C'est ça qui définit un grand peintre, vous comprenez? Dans l'expérience post-chirurgicale, il y a quelque chose de très étonnant, c'est que votre corps a tendance à s'enfuir, s'échapper partout à la fois. Il fuit par tous les bouts. Ce n'est pas du tout inquiétant, c'est même ce qu'on appelle une bonne convalescence. Vous sentez que votre corps, vous ne le tenez plus du tout, qu'il s'échappe partout. C'est une drôle d'expérience, ça. Quand je parle de ce regard comme de gens qui ont vu quelque chose, c'est dommage qu'ils oublient tellement. En effet, sinon les gens seraient merveilleux, ils n'oublieraient pas une opération, ils en sortiraient bons. On a l'impression, après une opération, qu'ils ont compris quelque chose. Pourtant, ce n'est pas eux. Mais leur chair a compris quelque chose. Le corps est intelligent quand même… Leur corps a compris quelque chose, qu'ils vont ensuite oublier tellement vite. Dommage. Une espèce de bonté, de générosité émane d'eux, car cette mort qu'ils ont vue, et qui devient visible dans leurs yeux, c'est très curieux, dans la mesure où elle devient visible, elle cesse d'être l'ennemie, elle est d'une certaine manière l'amie, c'est-à-dire: elle devient en même temps autre chose que de la mort. Or c'est ça que rend un grand peintre.
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[...] vous pouvez figurer de l'abstrait, ça reste du figuratif.
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La déformation comme concept pictural, c'est la forme en tant que s'exerce sur elle une force. La force n'a pas de forme, elle. C'est donc la déformation de la forme qui doit rendre visible la force qui, elle, n'a pas de forme. S'il n'y a pas de force dans un tableau, il n'y a pas de tableau.
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Ce qu’il a saisi, ce qui l’a amené à la peinture, c’est le fait de la pomme. Il a compris la pomme. Jamais quelqu’un n’a compris une pomme comme ça. Qu’est-ce que ça veut dire : comprendre en tant que peintre ? Comprendre une pomme, ça veut dire la faire advenir comme fait, ce que Lawrence appelle le caractère pommesque de la pomme. Voilà ce que Cézanne a su peindre.
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Qu’est ce qui va définir le langage analogique ? Bateson dit : c’est un langage des relations. [...] Il veut dire : c’est un langage qui est censé exprimer les relations entre l’émetteur et le récepteur, entre celui qui l’émet et celui à qui il est destiné. En d’autres termes, le langage analogique exprime avant tout les relations de dépendance, sous toutes leurs formes possibles.
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Une humanité anodonte et qui vivrait couchée en utilisant ce qui lui resterait de membres pour appuyer sur des boutons n'est pas complètement inconcevable. (André Leroi-Gourhan)
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L'art ne reproduit pas le visible ; il rend visible. (Paul Klee)
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[...] les peintres, c'est des athées farouches qui hantent le christianisme.
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