AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,99

sur 37 notes
5
7 avis
4
17 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
1 avis
Une lecture mitigée

Dans ce roman, Diadié Dembélé, nous plonge au coeur de la vie de Manthia, un jeune malien qui va être confronté à beaucoup d'épreuves dans sa vie.
On va le suivre, avec son ami Toko, de la campagne malienne à Paris en passant par Bamako.
On découvre comment ces deux jeunes hommes vont vivre ce déracinement et ces changements de vie imposés.

J'ai beaucoup aimé l'histoire que nous raconte l'auteur, c'est fort et réaliste.
C'est nécessaire de rappeler les raisons qui se cachent le plus souvent derrière l'immigration.
Il nous met face aux difficultés et aux dénuements que doivent affronter ces personnes qui pensent aller vers le graal et se retrouve face à une autre misère avec en plus le poids de la famille restée au pays.

Par contre, j'ai eu plus de mal avec l'écriture.
Il faut s'accrocher pour adhérer à l'originalité de la narration.
Le roman est un monologue du début à la fin. Et c'est la quatrième de couverture qui nous guide en nous donnant des informations que l'on a pas dans le livre ou très tardivement.
On retrouve beaucoup d'expressions et de langage propre au Mali.
Ça rend le roman complexe mais c'est aussi enrichissant.

En conclusion un sujet fort qu'il est important d'aborder mais une plume peut être trop complexe pour moi.
Commenter  J’apprécie          70
Il y a des hasards aussi dans les lectures, comme celui qui me fait aborder « Deux grands hommes et demi » après « Ellis Island ». Deux récits aux antipodes l'un de l'autre mais qui partagent néanmoins les mots pour dire l'exil: pour poser la question du dénouement avec Perec, pour évoquer le voyage comme un processus pour Dembelé.
« Deux grands hommes et demi » est un roman, il met en scène deux amis, deux adolescents de 18 ans qui vont quitter leur village et le Mali, au début des années 90. le récit va donner corps à un itinéraire, il démarre dans la famille et le village des deux garçons, se poursuit avec le départ de l'un, d'abord, vers Bamako puis vers Paris, et se termine en 1996, dans l'assaut par la police de l'église Saint Bernard occupée par des sans-papiers dont notre narrateur, Manthia.
Dans ce long panoramique, Diadié Dembelé raconte un voyage. Point commun avec Ellis Island, ce voyage va bien figurer dans l'histoire des deux hommes comme une rupture que symbolise au terme du récit le naufrage de leur amitié. Contrairement au récit de Georges Perec, il n'y a pas ici de quête d'identité, cette identité au contraire, est solidement affirmée dans la première partie du récit: elle s'inscrit dans l'histoire d'une famille sur son terroir, dans un patriarcat déterminant, sur fond d'économie rurale profondément attachée à la terre, source de vie pour la famille entière. Lorsque la sécheresse fait mourir la terre, sous la pression du père, Manthia doit partir pour Bamako. Il découvre là un autre monde, sous l'aile toute théorique d'un oncle paternel, les solidarités familiales du village sont loin. C'est là que Toko viendra le rejoindre alors que la crise politique s'installe, que les affaires marchent mal et que l'oncle a son tour va leur demander de partir. Il ne reste que Paris avec la promesse très floue d'un hébergement chez un vague cousin.
La dernière partie du roman évoque les affres de la précarité au quotidien, les emplois au noir réservés aux sans papiers, la part de l'opportunisme qui pèse différemment pour l'un et pour l'autre, la marginalisation comme une gifle, la mort de la magie sensée les protéger, peut être la demi-part supplémentaire qui fait aussi partie du voyage….
«  Regardez ma langue! Elle est tapissée de poils. Les sons qui sortent de ma bouche sont venus du soninké. Est-ce pour cela vous et vos maîtres que vous me soupçonnez d'avoir refusé l'intégration? » (p159)
C'est bien là que réside la force du roman, dans sa langue. Une langue sans détour, qui affleure au gré des sensations, celles de la peau, celles de l'esprit. Une langue lourde et pleine de couleurs, une langue vraie. Cette langue d'images est porté dans une construction vivante et directe. le narrateur s'adresse à un interlocuteur bien précis, au terme du voyage, alors qu'il a été arrêté. Dans ce tête à tête administratif, il fait triompher sa vérité en gardant sa langue, en ne reniant rien de ce qu'il est. La force du roman tient aussi à la précision comme dessinée, des scènes du quotidien, que ce soit au village ou au foyer. Les motifs du récit font ainsi écho au langage, ensemble ils réussissent à tisser une symphonie singulière et attachante.
Je remercie Babelio et les éditions Lattès de m'avoir permis cette découverte.
Un récit fort, une langue envoutante.
Commenter  J’apprécie          60
Manthia et Toko sont amis depuis l'enfance. Ils habitent au Mali. La culture des terres de leurs famille ne rapporte plus assez pour nourrir les familles, alors dans les années 1990 s'organise un exode des hommes vers la ville. Manthia va à Bamako chez son oncle pour gagner de l'argent et Toko va finir par l'y rejoindre. Puis dans un contexte politique très tendu, il doivent aller en France pour réussir à envoyer de l'argent à leur famille restées au village. La France est leur terre promise. C'est ce que raconte Manthia à son avocat depuis son centre pénitentiaire.
C'est un roman qui nous prend à témoin.
Manthia est dans un centre pénitentiaire, on le sait depuis le début et nous raconte son histoire avec force et franchise.
C'est donc un texte à la première personne, qui interpelle le lecteur. L'interprète de ce récit à ajouter sans aucun doute un vocabulaire plus soutenu car Manthia ne maîtrise pas le français mais à garder les expressions très imagées de sa langue d'origine. Donc, on sent bien que le témoignage n'est pas trahi.
J'ai un petit bémol, car on n'apprend que très tardivement la raison pour laquelle Manthia se retrouve à parler à un avocat. Donc j'ai eu la sensation que ça traînait en longueur. J'aurais voulu savoir la raison plus tôt pour concentrer toute mon attention sur son histoire.
Il n'en reste pas moins que son histoire est bouleversante. C'est le parcours de tellement d'immigré. Il nous décrit sa survie, les difficultés et pièges face auxquels il a dû se confronter.
C'est un texte touchant et très plaisant à lire.
Commenter  J’apprécie          60
De leur village du Mali où ils vivent en famille, Manthia et Toko sont « deux grands hommes et demi », ni ados ni adultes. Leur origine sociale un peu différente, le père du premier commerçant en faillite et Toko ancré dans une « famille enracinée dans la terre », n'est pas un frein à leur amitié. Leur point commun est de vivre sur cette terre appauvrie par la sécheresse ou par les invasions d'insectes qui détruisent les pauvres récoltes.
De leur village à la banlieue parisienne, ils passent par Bamako. C'est en 1991, l'année du soulèvement contre le régime politique deTraoré. L'aventure continue avec l'aide des « cookseurs » qui se chargent évidemment de toutes les démarches pour obtenir un visa... ils s'envolent pour la France. Devant être hébergés par le cousin de Manthia à Paris, un brin d'espoir les accompagne.

Leur galère, Manthia la raconte à son avocat par l'intermédiaire d'un traducteur. Qu'il semble difficile d'imaginer les étapes d'embûches perpétuelles auxquelles sont confrontés deux jeunes, ayant déjà subi un régime patriarcal absent d'affection, d'ailleurs à l'origine de leur exil. Que d'obstacles à lever avant de pouvoir seulement parler d'intégration : dissimuler les différences physiques, les pratiques sociales et culturelles, la barrière de la langue, l'exploitation et le non-respect dans le travail… sans même parler de la sensibilité de chacun, des fragilités personnelles ! Toutes ces choses, s'il elles ne sont pas ainsi dénommées, sont exprimées dans l'entretien de Manthia avec l'homme de droit.

Sous une plume que j'ai perçue comme imprégnée des aspérités de deux jeunesses fracassées, je referme cet opus avec un sentiment de colère et d'injustice. A l'heure où je rédige ce commentaire, le Conseil Constitutionnel vient de juger les termes d'une loi qui aurait pu concerner directement Manthia et Toko et leurs frères d'infortune…

Je suis reconnaissante envers Diadé Dembélé et ces autres écrivains, reconnaissante envers la littérature qui donne à lire romans ou récits qui racontent d'autres vies que les nôtres, nous lecteurs souvent confortablement installés.
Merci à Babelio et aux éditions Lattès.



Lien : https://mireille.brochotnean..
Commenter  J’apprécie          60
Depuis le Centre de Rétention Administrative, Manthia livre son récit de vie, passage obligé de la procédure destiné à convaincre le juge qu'il "mérite" de rester en France.
De l'exode rural vers Bamako à l'arrivée et la survie en France, il dit les angoisses, les espoirs, la débrouillardise, les arnaques et la rage de celles et ceux qu'on méprise autant qu'on les exploite. Ce roman d'histoires vraies aurait pu se contenter d'être un hommage aux sans-papiers qui font vivre ce pays et être déjà réussi. Mais Diadié Dembélé y ajoute une autre dimension : c'est Manthia qui parle et c'est un traducteur qui écrit. Alors, le français prend une autre ampleur. Ce n'est pas (enfin, presque pas) la langue de "ceux qui connaissent papier", c'est celle qui dérive du soninké, celle des amis "coucher-lever", celle qui prouve à quel point nous avons besoin des autres pour ne pas finir racornis, jaloux et pauvres dans notre pré carré.
On pense bien sûr à Kourouma et à son français malinké, qui trouve là un digne héritier.
Commenter  J’apprécie          50
« Un homme sur les routes est un homme sans patrie »

Diadié Dembelé – Prix littéraire de la Vocation 2022 – replonge dans l'histoire du Mali avec ce nouveau roman qui est un tour de force sur l'échelle des belles lettres. le jeune romancier déploie un éventail de mots, d'expressions, de métaphores, de poésie à en faire tourner la tête : c'est beau, subtil, vivant et d'autant plus une gageure que le sujet est grave : l'exil et cette foutue intégration qui veut à la fois tout dire et ne rien dire.

Manthia et Toko sont nés dans un même village au Mali. Leurs vies sont différentes, leurs caractères distincts mais ils se considèrent comme deux frères. Manthia est sous la coupe de son père et travaille sans interruption, une vie de labeur dans cette campagne malienne. Toko vient l'aider de temps en temps. La famille de Manthia a été riche, puissante mais tout est parti de Charybde en Scylla et Manthia, pour pouvoir aider ses parents, doit partir chez un oncle à Bamako où le rejoint Toko. Un oncle qui exploite, des troubles politiques font que Manthia va partir beaucoup plus loin, en France. Toko partira aussi mais séparément. Les deux prennent alors une trajectoire bien différente. Toko s'intègre, obtient des papiers. Manthia s'enfonce chaque jour un peu plus, refuse l'exploitation de ses pairs et des Européens. Depuis le centre de rétention administrative, Manthia raconte à son traducteur sa, déjà, longue histoire et pourquoi il a atterri dans ce centre. Car la tradition orale est un socle en Afrique.

Un roman bouleversant, entre violence et amitié, amour et désamour, espoir et résignation. Avec une parfaite maîtrise de la langue - puisée dans le berceau de l'humanité - le romancier relate avec une incroyable authenticité les us et coutumes maliennes sans fioritures aucune. À coups de plume, il fait exploser le choc des civilisations, les règles et injonctions claniques et le miroir aux alouettes du continent européen.
Lien : https://squirelito.blogspot...
Commenter  J’apprécie          50
Le second roman de Diadié Dembélé, le voilà ! Celui qu'on attendait avec impatience, mais aussi pour lequel on redoutait qu'il ne soit au niveau du premier, ce "Le duel des grands-mères" épatant de la petite rentrée 2022. Je vous le dis tout de suite, "Deux grands hommes et demi" n'est pas au niveau de son prédécesseur. Il est très au-dessus &#xNaN

Difficile de vous dire ce que j'ai préféré dans ma lecture, tant il s'agit d'un tout, d'une atmosphère, d'une tension qui monte et se maintient haut. Pas comme un suspense, non, plutôt comme un vertige. Celui d'assister, impuissant.es lecteur.ices que nous sommes, au destin d'un homme qui se déroule, lentement, jusqu'à sa chute.

Le narrateur et personnage principal, Manthia, décrit sa route - au sens propre et au sens figuré - depuis sa vie au gré des récoltes dans le village malien qui l'a vu naître, jusqu'à son départ, l'exil, qui le mènera finalement dans le Paris des années 90.
Ce voyage, que les dirigeants appellent "immigration", c'est une aventure, avec sa part, lourde, de défis, mais aussi sa brume, épaisse, de mystère. L'aventure, ceux qui l'ont tenté n'en parlent pas, ou peu, ou très partiellement. "Tu ne peux pas comprendre". Les conditions d'arrivée et de survies sont tues, l'angoisse, les démarches administratives sans fin (et parfois sans issue favorable), le quotidien dans un lieu fantasmé souvent et détesté ensuite.

On retrouve dans ces pages, l'amour des mots de Diadié Dembélé, et sa facilité à nous embarquer dans sa propre langue, la langue façonnée de l'écriture.
Les mots, marqueurs d'une humanité, ceux qui sont prononcés maladroitement, ceux que l'on apprend dans une langue nouvelle, ceux qui sont considérés comme vecteur d'intégration, ceux que l'on n'écrira pas aux proches restés au pays... les mots sont partout. Bien-sûr, les mots prononcés par Manthia pour raconter, finalement, se délester d'une charge trop importante pour deux seules épaules.

Une lecture aussi belle que nécessaire. Vraiment.
Merci Diadié Dembélé 👑
Commenter  J’apprécie          50
Merci à Babelio pour cette masse critique privilégiée qui me fait découvrir d'autres univers littéraires.
Je n'ai pas vraiment accroché, je l'ai lu en entier par acquis de conscience et afin de ne pas juger sans avoir été au bout.
Le début déjà était très fastidieux, je ne voyais pas ou l'auteur m'emmenait, heureusement que le récit est devenu plus clair par la suite. La plume est belle, sur ce point je ne peux rien dire. Mais cette façon d'écrire un peu alambiquée, formant des phrases en jeux de mots ou expressions m'ont complètement perdues et j'estime qu'elles n'apportent pas grand-chose à l'histoire en elle-même. Peut-être est-ce culturel de s'exprimer ainsi ? Notez que je ne juge pas, je suis juste ignorante des us et coutumes du Mali.
Mais j'ai trouvé la thématique réellement intéressante, dommage qu'on se penche peu sur le parcours de ces immigrés car il y aurait beaucoup à dire. J'ai apprécié l'amitié qui lie les deux jeunes hommes malgré qu'ils ont une vision de la vie différente. Je regrette de me trouver avec une fin ouverte, j'aurais aimé savoir si Manthia a finalement obtenu son sésame pour rester en France...
Un avis mitigé sur cette lecture mais que je ne regrette quand même pas.
Commenter  J’apprécie          50
Pour commencer, je voudrais vraiment remercier Babelio, qui, dans le cadre d'une masse critique privilégiée, m'a permis de découvrir ce roman très intense.

Je vous présente Manthia, à gauche sur la photo, et son ami, son frère presque, Toko. Ils ont grandi dans un village malien, et au moment où nous faisons leur connaissance par l'intermédiaire de Manthia, narrateur forcé de l'histoire, ils sont à la fin de l'adolescence, et travaillent dans les parcelles que cultivent leurs familles respectives. Nous sommes au milieu des années quatre-vingt, et nous allons les suivre durant dix ans. du village dans lequel les cultures ne poussent plus comme avant, ils partent, comme tant d'autres jeunes, vers la capitale, tout d'abord, puis vers la France. À travers la voix de Manthia, dont nous devinons très vite la situation, nous sommes confrontés à la réalité dure qu'ils ont vécue pendant cette décennie.

Avec de petits chapitres, des phrases courtes, mais emplies d'intensité, Diadié Dembélé nous propose ici un roman qui touche et qui choque. L'histoire de Manthia et Toko, c'est une histoire universelle, celle de ceux qui doivent partir et survivre. Celle de ceux qui ne sont pas d'ici mais qui ne peuvent plus vraiment être d'ailleurs. Ceux qui apprennent sur le tas et vivent de débrouille, qui sont acceptés ou refusés en fonction de critères bien souvent flous et obscurs. L'auteur a travaillé en tant qu'interprète dans une association d'aide aux migrants. Cela se ressent, je trouve, dans le côté crédible qu'il donne à son récit. A certains moments, des phrases percutantes nous touchent droit au coeur, tout comme la détresse de Manthia, si présente, si prégnante.

En résumé, une rencontre marquante, une histoire d'exil et d'asile…
Commenter  J’apprécie          50
A lire Diadié Dembelé, à découvrir les aventures de deux jeunes paysans maliens, Manthia et Toko, racontées par Manthia à son avocat dans un centre de rétention français, on plonge avec délices dans l'oralité de la tradition des griots africains.

Les deux amis agriculteurs, sont contraints de quitter leur village, ruinés par la sécheresse et une invasion de criquets, pour pouvoir venir en aide à leur famille.

Le roman, largement autobiographique, raconte leur exil, voulu pour Toko et subi par Manthia, tout d'abord vers Bamako puis vers la France.

Le sort réservé aux migrants et les risques pris pour trouver une terre d'accueil plus hospitalière sont des thèmes très présents dans la littérature de ces dernières années et le sujet de ce roman est donc dans l'air du temps même s'il est situé dans les années 80.

L'écriture est très riche, très imagée, presque trop parfois rendant la lecture quelquefois ardue à suivre ce qui peut distraire le lecteur.

Je vais maintenant m'empresser de sortir de ma PAL, le duel des grands-mères, le premier roman de l'auteur, récompensé en 2022, par le prix littéraire de la vocation.

Merci à Babelio, JC Lattès, et Diadié Dembelé pour cette découverte dans le cadre d'une masse critique privilégiée.

Un roman puissant, plein de poésie et porté par une écriture riche et des personnages attachants.
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (100) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3699 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}