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Citations sur Ça s'est fait comme ça (22)

Plusieurs fois par semaine, je suis accueilli par ce M. Souami qui me prend bénévolement sous son aile, tout comme Cochet. Pourquoi? Pourquoi ces hommes ont-ils accepté de me sortir de la merde où j'avais poussé comme du chiendent? Au fond je ne le saurai jamais vraiment. Pour l'amour de l'art. Par compassion pour l'humanité. Parce que ma gueule leur revenait. Tout cela à la fois sans doute.
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Ce que m'a dit Michel se reconstruit petit à petit dans le bordel de ma tête, je reforme lentement le puzzle: monter à Paris, loger chez lui, quitter cette ville où je n'ai connu que des merdes (...). Soudain, tout cela m'apparaît de plus en plus comme la bonne sortie, moi qui suis un spécialiste des sorties de secours, et pas seulement dans les cinémas. Un matin, ma décision est prise: j'enfourne mes trois chemises et mes deux jeans dans un sac, j'embrasse le Dédé qui est encore bourré et la Lilette qui verse une larme, et je saute dans le premier train pour Paris sans avoir de quoi payer le billet.
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On ne m'avait jamais dit que des mots pouvait jaillir une musique et c'est une découverte qui me plonge dans des abîmes de réflexion.
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Ce n’est pas moi qui abandonne la France, ce sont les Français qui s’abandonnent. Ils ont perdu peu à peu le sens de la liberté, le goût de l’aventure, ils ont perdu l’ouïe, l’odorat, ils n’entendent plus la musique que porte le vent, comme là-bas au Kazakhstan où tu entends les jeunes filles chanter d’un village à l’autre, ils ont perdu le sens de la vie, du bonheur, ils se sont laissé gagner petit à petit par ce fléau, ce cancer – la peur –, et maintenant ils vivent dans la peur de ce qui pourrait leur arriver. Ils ont peur des étrangers, ils ont peur de leur voisin, ils ont peur du lendemain, ils ont peur de tout.

Moi, je me sens citoyen du monde, comme le Dédé. Lui qui ne savait ni lire ni écrire, il rêvait d’une langue universelle qui nous permettrait de communiquer avec tous les peuples. Il n’aimait pas les frontières, il était l’ami des Gitans, de tous les étrangers qui croisaient son chemin et il parlait l’espagnol, va savoir où il l’avait appris… L’autre qui me traite de « minable » parce que je me tire… Oui, à soixante-cinq ans, je n’ai pas envie de payer 87 % d’impôts. Mais ce n’est pas pour autant que je n’ai pas participé : j’ai donné à l’État français cent cinquante millions d’euros depuis que je travaille, alors que depuis l’école je n’ai jamais réclamé un rond à aucune administration. J’ai toujours payé mes médecins, mes chirurgiens, mes opérations, mes médicaments, je ne sais pas ce que c’est qu’une carte Vitale. L’État ne s’est pas ruiné non plus pour mon éducation, c’est le moins qu’on puisse dire. Les seuls dont j’ai usé, abusé peut-être, ce sont les gendarmes et les flics avec lesquels j’ai bien ri et beaucoup appris. Je ne me sens aucune dette à l’égard de la France, j’aime ce pays, je lui ai beaucoup donné, ça va bien, et maintenant qu’on me foute la paix.
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Chez Giono il y a ça ... "le chant du monde". A douze ans je traîne la nuit dans les bars et les fêtes foraines, je me demande ce que se racontent les gens derrière les fenêtres éclairées, et pour moi c'est ça "le chant du monde"
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Tiens, écoute bien, en fait d'héritage, c'est ça que je veux laisser à chacun de mes enfants ...... C'est ça que je veux dire à chacun. Ça parle de liberté, d'ouverture au monde, de légèreté et c'est encore de mon ami Handke, mon cher Handke :

"Joue le jeu. Menace le travail encore plus. Ne sois pas le personnage principal. Cherche la confrontation. Mais n'aie pas d'intention. Evite les arrières-pensées. Ne tais rien. Sois doux et fort. Sois malin, interviens et méprise la victoire. N'observe pas, n'examine pas, mais reste prêt pour les signes, vigilant. Sois ébranlable. Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond, prends soin de l'espace et considère chacun dans son image. Ne décide qu'enthousiasmé. Echoue avec tranquillité. Surtout aie du temps et fais des détours. Laisse-toi distraire. Mets-toi pour ainsi dire en congé. Ne néglige la voix d'aucun arbre, d'aucune eau. Entre où tu as envie et accorde-toi le soleil. Oublie ta famille, donne des forces aux inconnus, penche-toi sur les détails, pars où il n'y a personne, fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur, apaise le conflit de ton rire. Mets-toi dans tes couleurs, sois dans ton droit, et que le bruit des feuilles devienne doux.
Passe par les villages, je te suis."

Et puis tu boiras mon vin, mon chéri, mon amour, et en le buvant tu te rappelleras mon rire. Mon gros rire de paysan, hein ? Et combien j'ai aimé la vie.
Va, jouis de chaque instant, sois heureux surtout.
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"Je ne sais rien de moi à l'avance, mes aventures m'arrivent quand je les raconte."
... Handke, tout ce que je lis de lui me parle de moi. En lisant "Le malheur indifférent", le récit du suicide de sa mère, je comprends pourquoi j'ai perdu la parole à dix ans. Sa mère se suicide à cinquante et un ans après une vie déserte. Quand elle était enfant, elle suppliait "qu'on lui permette d'apprendre quelque chose " --- mais personne ne l'entendait, personne ne l'écoutait. À travers les phrases de Peter Handke, je comprends comment je m'avance à mon tour dans les ténèbres de la vie. Il met des mots sur ce qui me traverse, je ne comprends pas tout mais je m'en fous. Sa musique me porte, elle est l'expression de ma pensée secrète et j'aurais pu écrire avec lui quelques-unes de ces phrases si belles qui me résument : "Maintenant, je ne suis plus que lourd, pesant, ecchymosé de moi-même", ou encore : "Tu n'étais pas un tricheur, mais pour nous, ton frère et ta sœur, tu as été, en général un vainqueur cruel.", ou encore : "Les parents s'en sont toujours plaints : il n'est que pour lui et il ne veut rien savoir de personne. Il est plein de compassion, et pourtant, à la longue, il ne peut pas souffrir les faibles." Etc. Etc. Il n'y a rien d'intellectuel chez Handke, et chez Duras non plus. Les silences de Duras je les entends, ils sont pour moi, je les attends pour respirer; les vides de Duras me parlent mieux que des mots. Les intellectuels, je ne les comprends pas. Mais mon coeur bat mystérieusement à l'unisson de Duras et de Handke.
(chapitre Jouer)
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"Je suis un petit Français, né à Chateauroux, comment expliquer que je me sente plus à ma place sur ce plateau sublime et perdu du Kazakshstan que dans le quartier de l'Omelon ? Je me dis qu'ça a été ma chance de ne recevoir aucune éducation, d'avoir été laissé libre et en jachère durant toute mon enfance, car ainsi je dispose d'une écoute universelle, je suis curieux de tout, et tout m'élève,tout me semble beau, miraculeux même, car personne n'a jamais encombré mon esprit du moindre préjugé."
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Son pays, le Berry, ressemble alors au Kazakhstan d’aujourd’hui où des villages entiers continuent d’ignorer le russe et la Russie et de parler leur propre langue. Le Berry a peu évolué depuis le Moyen Âge ; c’est encore une région de serfs dans les années 1930, un trou noir au milieu de la France conquérante et belliqueuse de l’entre-deux-guerres. On vit à la cuisine sous les poutres noircies par la suie, chauffés par l’étable, sur la terre battue, dans l’odeur des bêtes et de la soupe. C’est d’un tel pays, attardé et imprégné de croyances, où l’on pratique encore la sorcellerie, que sort le Dédé lorsqu’il croise pour la première fois le beau regard sombre d’Alice Marillier, qu’il surnommera bientôt « Lilette ».
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Voilà, c’est ça l’immense beauté de la vie : qu’une seule rencontre puisse t’apporter bien plus que dix années passées sur les bancs de l’école à répéter bêtement ce que dit le professeur. Page 47
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