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Citations sur Ça s'est fait comme ça (22)

Tiens, écoute bien, en fait d'héritage, c'est ça que je veux laisser à chacun de mes enfants ...... C'est ça que je veux dire à chacun. Ça parle de liberté, d'ouverture au monde, de légèreté et c'est encore de mon ami Handke, mon cher Handke :

"Joue le jeu. Menace le travail encore plus. Ne sois pas le personnage principal. Cherche la confrontation. Mais n'aie pas d'intention. Evite les arrières-pensées. Ne tais rien. Sois doux et fort. Sois malin, interviens et méprise la victoire. N'observe pas, n'examine pas, mais reste prêt pour les signes, vigilant. Sois ébranlable. Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond, prends soin de l'espace et considère chacun dans son image. Ne décide qu'enthousiasmé. Echoue avec tranquillité. Surtout aie du temps et fais des détours. Laisse-toi distraire. Mets-toi pour ainsi dire en congé. Ne néglige la voix d'aucun arbre, d'aucune eau. Entre où tu as envie et accorde-toi le soleil. Oublie ta famille, donne des forces aux inconnus, penche-toi sur les détails, pars où il n'y a personne, fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur, apaise le conflit de ton rire. Mets-toi dans tes couleurs, sois dans ton droit, et que le bruit des feuilles devienne doux.
Passe par les villages, je te suis."

Et puis tu boiras mon vin, mon chéri, mon amour, et en le buvant tu te rappelleras mon rire. Mon gros rire de paysan, hein ? Et combien j'ai aimé la vie.
Va, jouis de chaque instant, sois heureux surtout.
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"Je ne sais rien de moi à l'avance, mes aventures m'arrivent quand je les raconte."
... Handke, tout ce que je lis de lui me parle de moi. En lisant "Le malheur indifférent", le récit du suicide de sa mère, je comprends pourquoi j'ai perdu la parole à dix ans. Sa mère se suicide à cinquante et un ans après une vie déserte. Quand elle était enfant, elle suppliait "qu'on lui permette d'apprendre quelque chose " --- mais personne ne l'entendait, personne ne l'écoutait. À travers les phrases de Peter Handke, je comprends comment je m'avance à mon tour dans les ténèbres de la vie. Il met des mots sur ce qui me traverse, je ne comprends pas tout mais je m'en fous. Sa musique me porte, elle est l'expression de ma pensée secrète et j'aurais pu écrire avec lui quelques-unes de ces phrases si belles qui me résument : "Maintenant, je ne suis plus que lourd, pesant, ecchymosé de moi-même", ou encore : "Tu n'étais pas un tricheur, mais pour nous, ton frère et ta sœur, tu as été, en général un vainqueur cruel.", ou encore : "Les parents s'en sont toujours plaints : il n'est que pour lui et il ne veut rien savoir de personne. Il est plein de compassion, et pourtant, à la longue, il ne peut pas souffrir les faibles." Etc. Etc. Il n'y a rien d'intellectuel chez Handke, et chez Duras non plus. Les silences de Duras je les entends, ils sont pour moi, je les attends pour respirer; les vides de Duras me parlent mieux que des mots. Les intellectuels, je ne les comprends pas. Mais mon coeur bat mystérieusement à l'unisson de Duras et de Handke.
(chapitre Jouer)
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page 87 [...] Je vais rue Saint-Benoît sur ma première moto, c'est fini la mobylette, je sonne au troisième étage et je vois une petite bonne femme avec un col roulé qui m'arrive au nombril. J'avais une grosse peau de bête, les cheveux très longs et des bottes fourrées de moujik.
- C'est Claude Régy qui m'envoie, je dis.
Elle [ Marguerite Duras ] s'en va au fond de l'appartement.
- Avancez sur moi.
J'avance sur elle. J'avance, j'avance. J'attendais qu'elle me dise "stop". Et c'est au moment où je la coince complètement, où elle regarde mes narines, où je vais l'écraser, que je l'entends :
- Stop ! Stop ! ... Vous me faites peur ! ça va, c'est vous, c'est le personnage. Reculez maintenant.
Elle me dit de la suivre, me fait entrer dans une pièce, me demande de m'asseoir, et là elle m'explique qu'elle a besoin de quelqu'un qui sera voyageur de commerce dans son prochain film, un type qui vendra des machines à laver Machina tambour 007.
- Je pensais donner le rôle à François Périer, mais c'est vous, c'est vous ... Vous me faites peur, c'est vous ... [...]
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Chez Giono il y a ça ... "le chant du monde". A douze ans je traîne la nuit dans les bars et les fêtes foraines, je me demande ce que se racontent les gens derrière les fenêtres éclairées, et pour moi c'est ça "le chant du monde"
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Plusieurs fois par semaine, je suis accueilli par ce M. Souami qui me prend bénévolement sous son aile, tout comme Cochet. Pourquoi? Pourquoi ces hommes ont-ils accepté de me sortir de la merde où j'avais poussé comme du chiendent? Au fond je ne le saurai jamais vraiment. Pour l'amour de l'art. Par compassion pour l'humanité. Parce que ma gueule leur revenait. Tout cela à la fois sans doute.
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Ce que m'a dit Michel se reconstruit petit à petit dans le bordel de ma tête, je reforme lentement le puzzle: monter à Paris, loger chez lui, quitter cette ville où je n'ai connu que des merdes (...). Soudain, tout cela m'apparaît de plus en plus comme la bonne sortie, moi qui suis un spécialiste des sorties de secours, et pas seulement dans les cinémas. Un matin, ma décision est prise: j'enfourne mes trois chemises et mes deux jeans dans un sac, j'embrasse le Dédé qui est encore bourré et la Lilette qui verse une larme, et je saute dans le premier train pour Paris sans avoir de quoi payer le billet.
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Voilà, c’est ça l’immense beauté de la vie : qu’une seule rencontre puisse t’apporter bien plus que dix années passées sur les bancs de l’école à répéter bêtement ce que dit le professeur. Page 47
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Moi, Je ne t’ai jamais connue comme le Dédé t’a connue en 1944, un coquelicot dans les cheveux, pleine de désir pour la vie, tes petits seins tendus, la taille souple et sensuelle, si gracieuse que les hommes se retournaient sur ton passage, paraît-il. Non, moi, je ne t’ai pratiquement connue que grosse, enceinte, traînant ton ventre et tes petits veaux derrière toi avec dans le regard cette résignation, ce fatalisme que l’on croise dans le doux regard des vaches laitières. Page 17
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page 105 [...] C'est à l'occasion de ce film, 1900, que je commets mon premier grand hold-up dans le travail. J'apprends combien De Niro sera payé, or Bertolucci me propose moitié moins. Serge Rousseau, mon agent à l'époque, a l'air de trouver ça normal :
- De Niro a déjà tourné une dizaine de films, il est bien plus connu que toi.
- Je m'en fous, je veux la même chose que l'Américain, cent vingt mille dollars ou je ne fais pas le film.
- Mais Gérard tu es cinglé ! Comment peux-tu ...
- La même chose que l'Américain ou je ne le fais pas.
Moi, je ne rêve pas d'être acteur, c'est ça qu'ils n'ont pas compris les mecs. Moi, je rêve de survivre. J'ai fait acteur pour sortir de l'analphabétisme, j'aurais aussi bien pu faire autre chose, ça m'est tombé dessus par hasard, j'ai rien choisi. Je n'ai rien, il faut bien que je me bouge le cul. Ce n'est pas pour avoir tout, parce que tout ne m'intéresse pas. Mais la vie m'intéresse, putain ! Celle dont me parle Giono. Ce qui m'intéresse, c'est la surprise de la vie, sans arrêt ! Sans arrêt ! S'ils ne veulent pas payer, je m'en fous, je me tire, je vais faire autre chose. La surprise de la vie, oui, voilà. "Bertolucci veut du talent ? Ben le talent, ça se paye ! Allez, va, mon petit Serge, va lui dire ça et ramène-moi le pognon." Et Bertolucci cède, il me donne la même chose qu'à l'Américain.
Mais quand je tourne Mammuth, trente-cinq ans plus tard, je ne prends pas un rond. Si j'avais demandé à être payé, le film n'aurait pas pu se faire - j'ai fait en sorte qu'il se fasse. Et Isabelle Adjani pareil. [...]
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Pour le reste, je suis resté l'enfant sauvage du quartier de l'Omelon, étranger à ce qui se passe autour de moi , inaccessible aux lois et aux règlements, incapable de s'intégrer dans un groupe.
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