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EAN : 9782845637320
172 pages
Xo Editions (02/10/2014)
3.76/5   166 notes
Résumé :
Un destin singulier, un artiste puissant, un homme libre que les mots dévoilent avec justesse, force et pudeur. Artiste magnifique et extravagant, Gérard Depardieu se laisse conduire depuis l'enfance par sa voix intérieure. Elle lui dicte sa vie, ses choix, sa façon d'être et de regarder le monde. C'est cette voix, d'une absolue sincérité, que ce livre est parvenu à capter pour la première fois. Dès la première page, Gérard Depardieu nous ouvre son âme, on entre dan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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Avec « Ça s'est fait comme ça », c'est une confession que vous tenez entre les mains, une confession écrite par Gérard Depardieu et éditée chez XO Éditions, en octobre 2014. Cet ouvrage de 172 pages peut se lire d'une seule traite mais il peut également se laisser déguster, chapitre par chapitre car il s'agit d'une autobiographie qui emmène le lecteur de la naissance de l'auteur jusqu'à sa vie actuelle en territoire russe, à proximité de son ami Poutine.

Dans une confession, il est d'usage de se livrer complètement en n'omettant rien des petits et menus détails, qu'ils soient à votre avantage ou qu'ils vous dépeignent sous un jour que vos ami(e)s même très proches auraient du mal à supporter sans blêmir. Dans « Ça s'est fait comme ça », Gérard Depardieu ne nous épargne rien : sans pudeur mais sans réelle intention de choquer, il déballe et, au fil de ce déballage chronologique, le lecteur découvre un homme entier, avide de liberté, ayant toujours écouté sa propre voix intérieure sans se soucier du qu'en dira-t-on, un homme qui se considère encore aujourd'hui comme un « vivant-mort », pour qui avaler la vie par tous les bouts est inévitablement la bonne et seule démarche possible.

Ayant survécu aux aiguilles à tricoter de sa mère (sic), Gérard Depardieu n'a peur de personne. Ayant une confiance absolue dans son destin, il avance sans trembler -tel un funambule- sur le fil de sa vie. A dix ans, il se « fait sucer la bite » pour récupérer un peu de pognon et pouvoir bouffer : issu d'un milieu pauvre, ses parents (une mère accablée par les grossesses et un père alcoolique) et ses frères et soeurs ne lui sont d'aucune aide. Ayant grandi dans la rue, bien loin de l'école, Gérard Depardieu sait tout juste lire et écrire mais il est passionné par la beauté du monde, que ce soit sous la forme d'une jolie blonde qu'il aperçoit dans la cour du Collège des Charmilles à Châteauroux, ou sous la forme d'une biche croisée par hasard sur une sente dans la foret alors qu'elle était traquée par les chasseurs. Jouisseur, Gérard Depardieu l'est très tôt : à treize ans, plagiste par nécessité, il reluque la chatte des femmes qui écartent les cuisses pour manger sur de petits tabourets (sic). Et il est très culotté : il apprend l'anglais et la vie en se faisant inviter par des GI's dans une base de l'OTAN établie à proximité de son village. Voyou ? Oui, il l'a été quand il était jeune, mais il lui fallait du temps pour devenir ce qu'il était vraiment, lui le fils de Dédé et de la Lilette, lui qui n'aurait pas dû naitre. A seize ans, il monte -sur un coup de tête- à Paris pour faire du théâtre : effacé son passé ! Voici un homme neuf. Inaudible, bégayeur et bougon, il est « remis d'aplomb et tiré d'affaire » par le docteur Tomatis qui diagnostique chez lui une hyper-audition. A partir de là, Gérard Depardieu se sent pousser des ailes : cinéma, théâtre, succès, joie d'être admiré, d'exister à son rythme, voilà ce qui constitue son ordinaire, quand bien même il aurait de temps en temps « des rôles de merde ». A ce petit jeu, il rencontre des personnalités su show-bis (cf. ma citation). D'un tempérament tout-fou, spontané et artiste, il agit sans réfléchir : il aime les femmes et les enfants, mais il exècre la famille qui est pour lui synonyme de « saloperie, coups tordus, grosses conneries ». Épris de liberté, de calme et de beauté, il voit dans la famille une machine qui « tue les envies, les désirs et qui te ment », or Gérard Depardieu ne veut pas être roulé par la vie. Autant animal (il dit de lui qu'il est un « chien des rues ») qu'humain, il aime être en mouvement, satisfaire ses envies telles qu'elles lui viennent, et se protéger tout à la fois. Bref, il veut vivre intensément et jouir de la vie à chaque instant.

Avec « Ça s'est fait comme ça », ce n'est pas de la grande littérature que vous lisez mais un ouvrage sensible, écrit avec justesse, sans autre prétention pour son auteur que d'apparaitre sous son vrai jour, et d'effacer ainsi les clichés et images fausses qui circulent sur lui : une confession en quelque sorte. Je mets quatre étoiles et recommande.
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Lionel Duroy est un auteur que j'apprécie et je sais qu'il écrit la biographie des people, mais je ne lis pas people.
Ce que je cherche à travers ce livre c'est retrouver le Gérard Depardieu, celui que je connais ou devine à travers les personnages qu'il a incarné.

Sa filmographie impressionnante, parle pour lui si nous parlons de l'homme publique.
Une image est restée gravée dans ma mémoire, Monsieur Depardieu qui prête sa stature de colosse à l'abbé Donissan dans "Sous le soleil de Satan" et qui s'éloigne seul : cette force et cette fragilité à la fois incarnées par cet homme, car l'image va au-delà du jeu de l'acteur.

Agacée par les médias qui commentaient son enfance : horrible, misérable et les accouchements de la mère etc..

Son enfance en cours chapitres Gérard nous raconte qu'il n'est pas un enfant désiré et même que l'on a joué "des aiguilles à tricoter" pour le faire passer, mais qu'il était donc teigneux ce Gérard de s'être accroché comme cela .
Contrairement à la légende, il aime ses parents et il est aimé comme cela se peut dans une famille nombreuse et manquant de moyens pour éduquer.
Que lui a-t-on fait, sinon le laisser libre, de vivre, faire des conneries, d'observer et d'apprendre à travers la vie de famille de certains de ses camarades.
Parents de son copain qui eux ne faisaient pas de différences et lui ont dit simplement qu'il était le bienvenu à chaque fois qu'il le souhaiterait.
Petites combines, rencontres souvent belles et durables, Gérard observe, se rend utile auprès de ses parents, quand on est modeste il faut savoir faire avec ce que l'on a . La sage-femme voyant ce jeune garçon attentif, solide et sur qui l'on pouvait compter lui apprend comment aider sa mère lors des accouchements,
Ce n'est sûrement pas le rôle d'un enfant mais c'est pragmatique.
Que dit-il du Dédé et de la Lilette, qu'ils se sont aimés, pendant quarante-cinq ans, et que seule la mort les a séparé de seulement quelques semaines.
Oui à sept ou huit ans ce n'est pas à un enfant d'accoucher sa mère, et alors? La question serait pourquoi lui, il a deux aînés. Lui parce que c'est lui Gérard déjà solide et dans la vie, il a confiance , il n'est pas rebuté par tout cela, juste efficace.

L'école et la religion, parlons-en : où est la charité chrétienne, les parents ne peuvent pas payer : il est effacé, comme la craie au tableau, d'un coup de chiffon.
Qu'importe il n'en souffre pas il le comprend plus tard, les mêmes lui ont cirés les pompes quand il a été connu...Sans commentaire.

A dix ans il est dehors, libre, pas malheureux il fait son apprentissage de la vie :" La rue ne te laisse rien passer, tu dois croire en ta bonne étoile, ne compter que sur toi-même".

Rencontre très édifiante et qui lui ouvre des horizons, celles des GI basés à Châteauroux. Il apprend les affaires. Il aide la Lilette, ses potes dans le besoin, et découvre la culture par le cinéma.
Dans le même temps les Brossard bourgeois cultivés et sans préjugés l'accueillent à bras ouverts, lui, le différent. Il n'a pas les mots de l'éducation, mais il sait saisir sa chance.

Puis l'ami, le premier véritable, Michel, fils de médecin, qui vit à Paris avec son frère et qui lui offre ainsi un pied à terre, à seize ans dans la capitale. "Je suis parti parce que j'étais libre"...

De son enfance, je retiens de l'amour pour son père et sa mère, pas de jugement, et de la liberté.
Certes ce n'est pas conventionnel, mais c'est comme ça.

1966 : rencontre avec Jean-Laurent Cochet, si Gérard n'a pas d'argent, il n'est pas effacé comme à l'école ou à l'église. Au contraire, il est valorisé. Pourtant les mots lui manquent, mais il travaille et accepte les mains tendues, celles d'un érudit M.Souami.

Rencontre d'Elisabeth, sa future femme et mère de ses enfants, Guillaume et Julie. Elle est instruite, éduquée et cultivée et elle l'a choisi, lui.
Il cachetonne pour que sa famille ne manque pas et il rattrape le temps perdu, il avale plus qu'il ne lis.

Deux auteurs, lui parlent, sont fondateurs : Peter Handke et Marguerite Duras. du premier il dira "tout ce que je lis de lui parle de moi";

Son coeur de papa saigne et saignera...
De ces femmes il dit peu et beaucoup .

A travers l'élevage du vin, il fonde la vie, il dit la vie et la transmission.

Poutine, ne regarde que lui.

La France, il lui a beaucoup donné et il a le même sentiment que lorsque enfant il est exclu et qu'ensuite la notoriété étant là les mêmes viennent lui cirer les pompes.

Pourquoi s'acharner sur lui, alors que tant d'autres sont partis apporter leur argent ailleurs et bien avant d'avoir 65 ans. Certains se souviennent de revenir en France pour donner des leçons de patriotisme. Deux poids, deux mesures m'a toujours donné la nausée.

Parce qu'il a été élevé libre , il est citoyen du monde.

Merci Monsieur Depardieu pour ce partage de "votre chant du monde " et d'avoir eu le "souci de nous dire l'indicible"

Je discutai de ce livre avec mon fils Hugo, il m'a dit te souviens-tu du nombre de fois où nous avons regardé "les misérables" blottis l'un contre l'autre . Superbes moments de complicité...
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A chaque lecture des livres de Depardieu je suis stupéfaite par la violence des mots qu'il emploie pour se décrire et je ne peux pas dire que j'aime cela. En fait, la tiédeur n'existe pas chez cet ogre. Il a incarné Danton au cinéma mais c'est Dante et l'adjectif en découlant qui lui vont comme un gant: dantesque aura été sa vie, et elle n'est pas finie.
On a beau dire, cet acteur/comédien n'a jamais eu son pareil en France.
On a beau le critiquer, il est d'une sincérité folle, du moins dans cet ouvrage. A faire rugir la morale et la bien- pensance. Sa littérature dérange, sa personne dérange, d'ailleurs il se dérange lui-même.

Les mots sont employés dans ses textes comme des serpes pour déblayer une friche. Ça saigne mais tant pis, c'est dit. Avec justesse en plus. du grand bazar qu'est la vie il en a une lecture claire et objective. Il se permet de n'épargner personne ( pas même Duras) car lui-même se critique avec force mais sans culpabilité (en nietzschéen sorti du néant).

Le livre ? Puisque j'étais là pour cela. Il est composé de courts chapitres où il retrace des temps forts de sa vie (Jeunesse à Châteauroux, grand- mère paternelle dame pipi à Orly, Dédé, Lilette, les amerloques, la famille Demy Varda, Élisabeth, les enfants, Bougival, la gloire, Danton, la Russie et j'en passe....). le tout est raconté avec un vocabulaire familier, courant, soutenu car il a tutoyé toutes ces langues, de la rue aux palais présidentiels en passant par la prison et les planches.

Je me demandais hier en finissant l'ouvrage qui l'incarnera dans le biopic (honorifique ou vitriolé... qui plus est avec l'affaire qui lui colle aux basques... ) qu'on lui réservera dans vingt ans ??? J'imagine l'acteur pas encore né !

Gainsbourg, Depardieu and CO une clique d'inclassables, made in France, critiquables, mais "quel talent" ("quel culot" , chantait un autre)...




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Je connaissai Depardieu-Rodin, Depardieu-Martin Guerre, Depardieu-Donissan et tous ces rôles puissants d'un acteur habité et..vivant.
Et voilà que Ça s'est fait comme çà me tombe sous les yeux, au détour d'un Emmaüs.
Ah ça, le livre ne me tombe pas des mains: c'est clair, aéré, chapitré-court et captivant. Depardieu (Gérard) raconte sa vie, sans s'étaler plus que ça mais en donnant les clefs et l'épaisseur de sa personne..Celui qui se fond et qui habite autant qu'il est habité par Martin Guerre ou loulou ou (j'allais l'oublier) l'inoubliable Colonel Chabert, le "vivant-mort".
Depardieu nous emmène dans cette vie incroyable et quasi-miraculeuse qui est la sienne, avec ses manques, ses failles, ses revanches et son succès...le prix à payer, aussi, avec les femmes et les enfants.
Le Depardieu qui m'échappait ces dernières années, me devient dès-lors plus compréhensibe et je sais mieux pourquoi le Depardieu-Martin Guerre ou le Depardieu de Sept morts sur ordonnance m'ont fascinés: l'homme est là qui nous invite dans son histoire.
Je referme le bouquin. ouf, Depardieu est vivant.
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Un dur à cuire, ce Depardieu.
L'homme est un instinctif, un redoutable mais fragile instinctif. Un prédateur développant d'illusoires intuitions. Surgissant d'un écran de fumée, se croyant armé du verbe, sa gouaille douteuse couvrira les cris de détresse des fruits de ses propres entrailles. Aveuglé par l'irréel, incapable de lire dans le regard de l'autre, il désarmera ses petits «Icare».
L'être a la rage de vivre. Mais le coeur de ce buffle débonnaire saigne… Depuis plus de soixante ans, ses cauchemars sont hantés de ses premiers vagissements...
Apeurée par les cris de la foule, étourdie par le bruit du métal, la bête fuit les piques du picador. Sorti du ventre de sa génitrice, tel un capricorne blessé par les banderilles assassines…
La gadoue comme carapace. Chapardeur, voleur, la boxe pour seul langage primaire. Il ne comprend rien aux mots. La chrysalide déposera ce beau gosse sur une plage. Là, se découpant dans le soleil, une colossale statue de Rodin, cheveux fous et muscles saillants… Ce Triton fantasque balbutiait du Marivaux
Mais l'enfant sauvage du quartier de l'Omelon, étranger à ce qui se passe autour de lui, imperméable aux lois et aux règlements, incapable de s'intégrer dans un groupe, rigole du spectacle dérisoire des gosses de riches, des enfants de bourgeois. Et de se fondre parmi eux, la nuit, pour les dépouiller consciencieusement de leurs montres, colliers, broches…. Il se fait du pognon… tout en récitant d'une voix tranquille des mots, des phrases encore mémorisées. Les mots des autres, pour remplacer ceux qu'il n'a pas. Ce petit voyou traqué par les gendarmes, prenant Pyrrhus pour un nom de clébard et, à propos de chien, tout juste capable d'aboyer sur scène des onomatopées, à la façon du paternel…
Curieux comme un roquet de rue, parfumé des odeurs des caniveaux, il fait acteur pour sortir de l'analphabétisme. Il aurait pu faire autre chose, mais cela lui est tombé dessus par hasard, il n'a rien choisi. Reniflant à tout va. « Sous le soleil de Satan », il plonge sans difficulté… le spiritisme, la communion avec l'au-delà, la différence infime qui sépare la sainteté de la folie. Flairant ces hommes qui cheminent à travers la nature mystérieuse, et qui balancent entre sainteté et monstruosité.
Ebloui de l'aura qu'il dégage, l'irréfléchi nidifiera au sein de cette banlieue qu'il exècre, se frottant ainsi à cette rigidité hypocrite, à ses yeux, des familles de connards des quartiers chics, de ces bourgeois qu'il volait autrefois.
Cet homme au cou de taureau, parfumé de l'humus de ses terres, en impose. Il a ses propres normes. Les normes des autres, il les « conchie »… La baffe est foudroyante, le verbe est haut. Ses veaux d'aficionados diront qu‘il a du panache… du veau il dira : « Moi je dis que non seulement il faut le museler, mais lui donner des oeufs, alors là tu as une viande nacrée, magnifique ! ». Petit veau, petit veau, viens, je vais aussi… te plumer.
Ce qu'aime le plus cet ogre, c'est parler avec les gens sur les marchés, dans les halles où arrivent tous les légumes, les poissons, les viandes… En Europe… « va chier ! » avec leurs normes… Non. Ma ! Quoiqu'en Italie, là-bas ils savent encore travailler la terre. La bouffe, les pâtes, les tomates, tout çà, il aime bien. A sa mesure, il traîne aux halles de Tokyo, de Pékin, de Saint-Pétersbourg, de Moscou… Et toi lecteur, tape-toi le Picard, rue de la Roquette…
Dur à cuire, ce Gérard. Et il le sait. Une marmite ne suffisant pas, une cuisine ne suffisant pas, c'est par petits morceaux que la Russie va se le farcir. Alors l'homme invente des cuisines sur roulettes, des meubles sur rails…il aime faire bouger les choses, surtout de la tête… Il adore ça, il a des idées, et il dessine des cuisines et après ça, démerdez-vous. Ces cuisines, vante-t-il, elles vont de vingt mille euros tout compris jusqu'à cent mille euros. Dans des bois sublimes. Ils en fabriquent jusqu'à trois mille par jour…. Et maintenant il dessine des salles de bains… ! (Page 168)
Alors « l'acteur » comme ils disent, pour se donner bonne conscience, a une nouvelle idée… « Avec l'horloger Quinting, on fait des montres pour la paix. On a eu l'idée des colombes qui se rencontrent durant une minute toutes les douze heures- une minute pour la paix dans le monde. J'ai eu l'idée d'offrir cette montre à tous les prix Nobel de la paix… et à mon ami Poutine ».
Se pliant en deux, il se fendit d'un pet tonitruant, reniflant d'aise les effluves de sa jeunesse. Grand-mère serait heureuse. « Ma grand-mère habitait en bout de piste à Orly, elle était dame pipi à Orly où j'y passais mes vacances quand j'étais gamin. Dans les chiottes d'Orly – j'adorais ça ».
Ça s'est fait comme ça. En buvant de bonnes bouteilles avec Lionel Duroy.
Mais pousse-toi Lio… tu me fais de l'ombre… « Fais chier ». L'éditeur aussi. Ma gueule suffit…
Je vous ai pompé 16,90 euros les petits veaux.


Lien : http://lesplaisirsdemarcpage..
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
03 octobre 2014
Dans ce texte éminemment personnel, il n’élude rien de ses origines modestes, du voyou et de l’enfant perdu qu’il fut, des rencontres déterminantes qui ont jalonné son parcours, de ses coups de cœur artistiques (Peter Handke, Marguerite Duras, Maurice Pialat) parce qu’indéniablement humains, de ses ratés de père.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Tiens, écoute bien, en fait d'héritage, c'est ça que je veux laisser à chacun de mes enfants ...... C'est ça que je veux dire à chacun. Ça parle de liberté, d'ouverture au monde, de légèreté et c'est encore de mon ami Handke, mon cher Handke :

"Joue le jeu. Menace le travail encore plus. Ne sois pas le personnage principal. Cherche la confrontation. Mais n'aie pas d'intention. Evite les arrières-pensées. Ne tais rien. Sois doux et fort. Sois malin, interviens et méprise la victoire. N'observe pas, n'examine pas, mais reste prêt pour les signes, vigilant. Sois ébranlable. Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond, prends soin de l'espace et considère chacun dans son image. Ne décide qu'enthousiasmé. Echoue avec tranquillité. Surtout aie du temps et fais des détours. Laisse-toi distraire. Mets-toi pour ainsi dire en congé. Ne néglige la voix d'aucun arbre, d'aucune eau. Entre où tu as envie et accorde-toi le soleil. Oublie ta famille, donne des forces aux inconnus, penche-toi sur les détails, pars où il n'y a personne, fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur, apaise le conflit de ton rire. Mets-toi dans tes couleurs, sois dans ton droit, et que le bruit des feuilles devienne doux.
Passe par les villages, je te suis."

Et puis tu boiras mon vin, mon chéri, mon amour, et en le buvant tu te rappelleras mon rire. Mon gros rire de paysan, hein ? Et combien j'ai aimé la vie.
Va, jouis de chaque instant, sois heureux surtout.
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"Je ne sais rien de moi à l'avance, mes aventures m'arrivent quand je les raconte."
... Handke, tout ce que je lis de lui me parle de moi. En lisant "Le malheur indifférent", le récit du suicide de sa mère, je comprends pourquoi j'ai perdu la parole à dix ans. Sa mère se suicide à cinquante et un ans après une vie déserte. Quand elle était enfant, elle suppliait "qu'on lui permette d'apprendre quelque chose " --- mais personne ne l'entendait, personne ne l'écoutait. À travers les phrases de Peter Handke, je comprends comment je m'avance à mon tour dans les ténèbres de la vie. Il met des mots sur ce qui me traverse, je ne comprends pas tout mais je m'en fous. Sa musique me porte, elle est l'expression de ma pensée secrète et j'aurais pu écrire avec lui quelques-unes de ces phrases si belles qui me résument : "Maintenant, je ne suis plus que lourd, pesant, ecchymosé de moi-même", ou encore : "Tu n'étais pas un tricheur, mais pour nous, ton frère et ta sœur, tu as été, en général un vainqueur cruel.", ou encore : "Les parents s'en sont toujours plaints : il n'est que pour lui et il ne veut rien savoir de personne. Il est plein de compassion, et pourtant, à la longue, il ne peut pas souffrir les faibles." Etc. Etc. Il n'y a rien d'intellectuel chez Handke, et chez Duras non plus. Les silences de Duras je les entends, ils sont pour moi, je les attends pour respirer; les vides de Duras me parlent mieux que des mots. Les intellectuels, je ne les comprends pas. Mais mon coeur bat mystérieusement à l'unisson de Duras et de Handke.
(chapitre Jouer)
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page 87 [...] Je vais rue Saint-Benoît sur ma première moto, c'est fini la mobylette, je sonne au troisième étage et je vois une petite bonne femme avec un col roulé qui m'arrive au nombril. J'avais une grosse peau de bête, les cheveux très longs et des bottes fourrées de moujik.
- C'est Claude Régy qui m'envoie, je dis.
Elle [ Marguerite Duras ] s'en va au fond de l'appartement.
- Avancez sur moi.
J'avance sur elle. J'avance, j'avance. J'attendais qu'elle me dise "stop". Et c'est au moment où je la coince complètement, où elle regarde mes narines, où je vais l'écraser, que je l'entends :
- Stop ! Stop ! ... Vous me faites peur ! ça va, c'est vous, c'est le personnage. Reculez maintenant.
Elle me dit de la suivre, me fait entrer dans une pièce, me demande de m'asseoir, et là elle m'explique qu'elle a besoin de quelqu'un qui sera voyageur de commerce dans son prochain film, un type qui vendra des machines à laver Machina tambour 007.
- Je pensais donner le rôle à François Périer, mais c'est vous, c'est vous ... Vous me faites peur, c'est vous ... [...]
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page 105 [...] C'est à l'occasion de ce film, 1900, que je commets mon premier grand hold-up dans le travail. J'apprends combien De Niro sera payé, or Bertolucci me propose moitié moins. Serge Rousseau, mon agent à l'époque, a l'air de trouver ça normal :
- De Niro a déjà tourné une dizaine de films, il est bien plus connu que toi.
- Je m'en fous, je veux la même chose que l'Américain, cent vingt mille dollars ou je ne fais pas le film.
- Mais Gérard tu es cinglé ! Comment peux-tu ...
- La même chose que l'Américain ou je ne le fais pas.
Moi, je ne rêve pas d'être acteur, c'est ça qu'ils n'ont pas compris les mecs. Moi, je rêve de survivre. J'ai fait acteur pour sortir de l'analphabétisme, j'aurais aussi bien pu faire autre chose, ça m'est tombé dessus par hasard, j'ai rien choisi. Je n'ai rien, il faut bien que je me bouge le cul. Ce n'est pas pour avoir tout, parce que tout ne m'intéresse pas. Mais la vie m'intéresse, putain ! Celle dont me parle Giono. Ce qui m'intéresse, c'est la surprise de la vie, sans arrêt ! Sans arrêt ! S'ils ne veulent pas payer, je m'en fous, je me tire, je vais faire autre chose. La surprise de la vie, oui, voilà. "Bertolucci veut du talent ? Ben le talent, ça se paye ! Allez, va, mon petit Serge, va lui dire ça et ramène-moi le pognon." Et Bertolucci cède, il me donne la même chose qu'à l'Américain.
Mais quand je tourne Mammuth, trente-cinq ans plus tard, je ne prends pas un rond. Si j'avais demandé à être payé, le film n'aurait pas pu se faire - j'ai fait en sorte qu'il se fasse. Et Isabelle Adjani pareil. [...]
Commenter  J’apprécie          30
C'est comme ça quand tu n'as pas été désiré, quand tu n'as pas eu d'enfance,
tu t'échappes, tu te projettes dans les choses qui sont belles, un enfant, un arbre, un paysage, une rivière, une musique, une vache, un chat...
Tout ce que tu découvres, qui parle ou ne parle pas, mais qui est la vie
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