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Citations sur La robe bleue (7)

les cèdres et les tamaris dont on sentait les parfums sur toute la colline, et s’il faisait beau ils partaient sur les allées et marchaient dans le parc, parfois même sur les sentiers qu’il y avait après les pavillons, ils marchaient ensemble comme autrefois, foulant les broussailles et les petites garrigues, les odeurs très chaudes, et s’arrêtant pour reprendre souffle ils contemplaient les Alpes et le Lubéron.
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Car ce ne serait pas cette robe qu'on a dite, et qu'on voit sur les photographies, la robe triste et morne qu'elle revêt les jours qu'elle veut paraître bien mise, ce ne serait pas cette robe-là de vieille proprette et bien mise avec ses rayures pâles dans le sombre de l'étoffe, ce serait une autre, et qu'il ne lui aurait jamais vue, bleue comme ses yeux, bleue comme la mer où ils sont ce jour-là, une robe longue et bleue, si légère dans le vent, qu'elle lui paraît d'un autre temps, une robe comme autrefois lui semble-t-il, et d'un coton, d'une toile qui dit le radieux d'un jour d'été, une étoffe qui se lève dans le vent, légère bat les chevilles, et parfois d'un grand mouvement vole autour d'elle. Un calicot, une étamine bleue. Une toile douce où passe l'air, la brise du bord de l'eau.
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Ainsi la trouvait-il quand il arrivait, à l’ombre des chênes où elle s’installait pour le voir franchir les grilles et pénétrer dans la cour, la petite place aux platanes où il prenait l’allée du haut, le chemin de terre et de pierres qui bientôt s’étrécissait jusqu’à devenir l’étroit raidillon sous les arbres
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"Elle savait que tout n'était jamais que lumière"
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Et cela avait duré quelques années qu'elle avait comptées et recomptées et durant lesquelles, lettre après lettre, elle avait demandé que sa mère prit le rapide et vînt la voir, la sortît de chez ces fous où elle dépérissait, et la mère était morte sans jamais prendre le rapide ou quoi que ce fût d'autre pour aller là-bas, ni rien dire que ce qu'elle disait depuis le commencement, à savoir que tout n'était qu'habitude et qu'avec le temps on se faisait à tout, oui un jour elle finirait bien, elle Camille, par se faire à cela, cette maison, cet éloignement, et à ce moment-là elle avait plus de soixante ans, non pas la mère mais la fille, elle en avait même bientôt soixante-dix, et disait qu'elle ne pouvait oublier, si bien qu'un jour elle ne demandait plus rien, et s'asseyait là sur ces chaises d'où elle ne bougeait plus, vieille, si vieille que lorsqu'il venait il peinait à la reconnaître.
Oui, ce jour inconnu d'elle, où malgré les suppliques, les plaintes et les reproches, sans même savoir elle renonçait, ce jour qui, d'une invisible ligne, d'une invisible frontière, une dernière fois marquait le temps d'avant et le temps d'après, l'impossible, douloureux partage, et le dernier de tous. Le jour venait où elle n'avait plus rien à dire ni demander, où la révolte, la colère n'avaient plus même de sens, ce jour-là venait, et alors n'était-elle pas là, enfermée et repentante, et soumise comme il désirait qu'elle fût, sans plus rien à faire qu'il eût à réprouver, avec, écrivait-il dans ses livres, cette figure claire et dessinée devant lui comme un plan d'église, bien calculée avec la règle et le compas ?
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Elle ne savait plus avec qui elle se rendait à la mer cette année-là, ni lequel des deux la photographiait sur la plage de sable clair, elle se souvenait seulement qu'elle prenait le train pour la mer, elle se souvenait d'ivresse et de bonheur, et de ces deux hommes-là qu'elle aimait, ne faisait qu'aimer, les revoyant chacun d'eux, le frère, l'amant, comment savoir, quand elle pensait à l'un elle pensait à l'autre, consentante ou indécise, mais toujours revenant à cette force, cet amour de grief et de colère contre quoi elle ne pouvait rien, si ce n'est parfois le rejeter et dire que tout était fini, comme finissait, s'enfouissait dans le passé - et si cruellement que c'était mourir - cela même qu'elle désirait et rêvait, et chaque jour donnait le bonheur, oui lorsque cela qui donnait le bonheur ne pouvait jamais que basculer dans d'incommensurables, douloureux abîmes.
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tout entière occupée à vivre, allant chercher très loin , le plus loin qu'elle pouvait, à des distances infinies, l'air dont elle avait besoin pour durer encore un peu et, dans des profondeurs insoupçonnées, le courage ou la simple endurance, entre ventre et poitrine l'abîme immense et douloureux où peut-être encore se nouait et se dénouait, et bientôt s'enfouissait pour ne plus resurgir, un dernier espoir, une dernière folle idée.
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