Et souffrir, c’est avoir encore l’illusion d’exister.
L’amour, c’est d’abord une odeur. J’enfouis ma tête sous la couette et je renifle. Je la piste, narines en éventail, plus motivé qu’un labrador.
La trace s’estompe. J’essaye de la retenir, mais elle me glisse entre les doigts. Je me roule dans ces vestiges, pupilles closes.
Je suis pathétique.
Le danger tend des passerelles entre les êtres. La solidarité animale face à un environnement hostile.
L’adaptation se fait. On découvre alors les charmes d’une nature ciselée dans un écrin de jade. Les spécialistes en ressources humaines appellent ça « la lune de miel ». Lorsqu’ils expatrient un cadre, ils savent qu’il tombera dans le panneau. Au moins un an ou deux.
J’ai encore l’air d’un jeune homme. Pas vraiment beau, mais beaucoup de charme. Les inconscientes qui ont fait l’erreur de m’écouter plus de cinq minutes sont toutes d’accord là-dessus. Lorsque je m’anime, l’ensemble inspire une sorte de tendresse.
Je le sais, j’en ai joué.
Ce sentiment déstabilise les femmes. Elles veulent me protéger, me réparer.
Summum du paradoxe.
C’est en principe à moi de le faire.
Jamais je n’aurais pensé devenir psychanalyste. Ma fainéantise additionnée à une sorte d’atavisme, puisque ma mère l’était aussi, m’y a conduit naturellement.
L’amour, c’est d’abord une odeur.