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Critique de Delphine-Olympe


Ce livre m'est tombé dessus comme ça, sans prévenir. Déjà, j'avais eu envie de lire Evariste (singulier personnage de mon siècle de prédilection) et Tu montreras ma tête au peuple (rapport à la Révolution). Et puis... Et puis, on en est tous là, on n'arrive pas à tout lire...
Et voilà que François-Henri Désérable est passé à La Grande Librairie, que je regarde de plus en plus souvent, avec mon fils aîné (même si je ne suis pas fan de Busnel, on adore écouter les écrivains, pelotonnés l'un contre l'autre sur le canapé). Bref ! On a tous les deux craqué sur ce jeune auteur.

Pourtant, cette fois, le sujet ne m'attirait pas plus que cela. J'avoue n'avoir jamais lu Romain Gary. Mais l'écriture de Désérable m'a tout de suite enchantée. A la fois légère et pleine de profondeur, aux allures de conversation amicale et pourtant très littéraire. Il m'a embarquée avec grâce dans sa drôle d'histoire...
Mais l'histoire de qui, au fait ? La sienne ou celle de Gary ? L'histoire d'un lecteur ou celle d'un auteur ? Une histoire inventée ou une histoire réelle ? Il faut dire qu'avec la littérature, on ne sait pas toujours exactement où on est... surtout quand on croise la route de Romain Gary !

Lorsqu'il débarque à Vilnius, un jour de mai 2014, François-Henri Désérable, auteur et narrateur du livre - si l'on peut pour une fois se risquer à les confondre, c'est bien ici -, tombe à la suite d'un enchaînement de circonstances pour le moins romanesque sur un immeuble portant une plaque commémorative qui le frappe de stupeur : le voici devant l'immeuble où vécut Romain Gary enfant, celui qu'il évoque dans La promesse de l'aube. Aussitôt, une phrase surgit du fond de sa mémoire : «Au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait un certain M. Piekielny
C'est que ce roman est l'un de ceux qui firent du jeune homme un lecteur. Vous voyez ce que je veux dire ? le livre qui le fit irrévocablement tomber dans les filets de la lecture. le livre qui lui révéla l'existence d'un monde d'une infinie liberté. Ce livre, il l'a lu et relu, en diverses circonstances de sa vie. Il est son ancre, celle qui lui permet peut-être de ne jamais se perdre, où qu'il se trouve et quoi qu'il vive...
Alors il décide de mener l'enquête, de retrouver la trace de ce M. Piekielny, à qui Romain Gary, qui n'était encore que Roman Kacew, avait promis un jour qu'il témoignerait de son existence auprès des grands de ce monde lorsqu'il les rencontrerait. On suit alors toutes les péripéties de cette patiente recherche, qui va avant tout le mener à s'interroger sur ce qu'est la littérature, sur le rapport que Gary entretenait avec elle et sur son propre rapport à elle.

Tout ce que nous raconte Désérable est-il vrai ? Sa mère ressemble-t-elle tant à celle de Romain Gary ? La promesse de l'aube était-elle la seule oeuvre qu'il avait lue pour l'épreuve du bac français et fut-il réellement interrogé dessus, lui évitant ainsi le naufrage annoncé ? A-t-il vraiment rencontré une vieille Lituanienne qui lui assura avoir connu M. Piekielny, elle qui avait lu aussi les livres de Romain Gary ? Crut-il réellement avoir vu au Louvre le tableau fictif dépeint par Pierre Michon dans Les Onze ? Et certains de ses propres lecteurs lui affirmèrent-ils qu'ils se souvenaient du fameux numéro d'Apostrophe qu'il relate dans son livre, ainsi qu'il le raconta chez Busnel ? Tout cela est-il vrai ? Ou bien le personnage de Gary l'influença-t-il au point de se jouer de nous à son tour, comme Gary mystifia en son temps ses lecteurs ?
A vrai dire, je n'en sais rien, et peu importe. Une chose est sûre, c'est que j'ai eu envie de le croire, que je l'ai cru, et seul compte le plaisir que j'ai eu à le suivre. Comme je le disais à mon fils cadet qui voulait que je lui raconte de quoi il était question dans ce livre, les écrivains s'emparent du monde pour le transformer et nous inviter à le regarder différemment. "Mais ce sont des magiciens !", me répondit-il! Oui, et c'est pour ça qu'on les aime !
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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