Car, dans la plupart des familles, une mère se doit d'être là, tout le temps, partout, omniprésente : ménagère entourée de ses robots perfectionnés, courbée au jardin ou toujours à s'activer dans la société comme à la maison, pour le bonheur de tous et surtout de son mari et des enfants !
Les enfants naissent pour pousser et s'en aller, pas pour servir de garde-fou.
Dans ce paisible tableau, il y a de quoi nous oublier, nous les jeunes du Limousin. On ne fait pas parler de nous comme ceux des cités. Pourtant, on se morfond tout autant. On n'a plus de possibles. Moins d'ouvertures. Les conneries sont les mêmes. Petits ou gros trafics là-bas comme ici. Mais nous, les perdus de la campagne du centre de la France, nous n'intéressons personne. Y a même pas un bar sympa pour que journalistes et cameramans de la télévision de délassent, alors ils ne viennent pas. C'est beaucoup plus simple. (p 88-89)
- Vive le 1er mai ! et je beugle à mon tour : Tous ensemble, tous ensemble !!!
Léna, ma douce et folle amie, grimpe sur un fût, elle veut nous conter une histoire. Elle est comme ça. Petit à petit, les voix baissent, le silence se fait par moments. Au fil de ses mots, des serpents naissent par magie, envahissent les fossés et nous frissonnons, des êtres mi-humains mi-bêtes peuplent le bois et nos visages se tendent vers les feuillages frémissants d’où ils nous guettent. Nous nous serrons les uns contre les autres. Léna, fée ou sorcière nous charme, nous envoûte.Elle entonne alors une mélopée de sa voix éraillée qu’elle nous invite à reprendre, tout en sautant au sol. Derrière elle, en file indienne sur un sentier invisible, nous nous enfonçons vers son pays imaginaire.