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Citations sur Fortunes (35)

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COMME

Come, dit l’Anglais à l’Anglais, et l’Anglais vient
Côme, dit le chef de gare, et le voyageur qui vient dans cette ville descend du train sa valise à la main.
Come, dit l’autre, et il mange.
Comme, je dis comme et tout se métamorphose, le marbre en eau, le ciel en orange, le vin en plaine, le fil en six, le cœur en peine, la peur sur seine.
Mais si l’Anglais dit as, c’est à son tour de voir le monde changer de forme à sa convenance
Et moi je ne vois plus qu’un signe unique sur une carte
L’as de cœur si c’est en février,
L’as de carreau et l’as de trèfle, misère des Flandres,
L’as de pique aux mains des aventuriers.
Et si ça me plait à moi de vous dire machin,
Pot à eau, mousseline et potiron.
Que l’Anglais dise machin,
Que machin dise le chef de gare,
Machin dise l’autre,
Et moi aussi.
Machin.
Et même machin chose (…)
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(p. 33) THE NIGHT OG LOVELESS NIGHTS

Nuit putride et glaciale, épouvantable nuit,
Nuit du fantôme infirme et des plantes pourries,
Incandescente nuit, flamme et feu dans les puits,
Ténèbres sans éclairs, mensonges et roueries.

Qui me regarde ainsi au fracas des rivières ?
Noyés, pêcheurs, marins ? Ecoutez les tumeurs
Malignes sur la peau des ombres passagères,
Ces yeux m’ont déjà vu, retentissez clameurs ! (…)
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(p. 123) SUR SOI-MEME

Fer anémone drap.
Fer de lance perce l’anémone qui saigne sur le drap.
Fer teinté du sang des anémones blancheur des draps.
Un fer au cœur une anémone à la blessure un drap pour linceul.
Fer anémone drap.
Et ce drap rougi d’un sang d’anémone flotte à la hampe du fer
Et le drap essuie le fer qui trancha l’anémone.
Jette l’anémone flétrie !
Restent le fer et le drap.
Jette le fer rouillé !
Reste le drap.
Reste le drap qui pourrira plus longtemps que le cadavre qu’il enveloppe.
Reste le drap qui ne laissera pas de squelette.
Jette le drap !
Reprends le fer !
Cueille l’anémone !
La chair autour du fer de ton squelette:
Ton corps
Drapeau rouge déplié.
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LES HOMMES SUR LA TERRE


Extrait 2

Le second dit : « J’ai rencontré une fontaine
L’eau était fraîche et parfumée
Je ne sais plus où elle est et tous quatre nous mourrons. »

Que les ruisseaux sont beaux dans les villes
par un matin d’avril
Quand ils charrient des arcs-en-ciel.

Le troisième dit : « Nous sommes nés depuis peu
Et déjà nous avons pas mal de souvenirs
Mais je veux les oublier. »

Un escalier plein d’ombre
Une porte mal fermée
Une femme surprise nue.

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LES HOMMES SUR LA TERRE


Extrait 1

Nous étions quatre autour d’une table
Buvant du vin rouge et chantant
Quand nous en avions envie.

Une giroflée flétrie dans un jardin à l’abandon
Le souvenir d’une robe au détour d’une allée
Une persienne battant la façade.

Le premier dit : « Le monde est vaste et le vin est bon
Vaste est mon cœur et bon mon sang
Pourquoi mes mains et mon cœur sont-ils vides ? »

Un soir d’été le chant des rameurs sur une rivière
Le reflet des grands peupliers
Et la sirène d’un remorqueur demandant l’écluse.
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Les sources de la nuit sont baignées de lumière.

C'est un fleuve où constamment boivent des chevaux et des juments de pierre en hennissant".
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J'habite quand il me plait un ravin ténébreux au-dessus duquel le ciel se découpe en un losange déchiqueté par l'ombre des sapins, des mélèzes et des rochers qui couvrent les pentes escarpées.
Dans l'herbe du ravin poussent d'étranges tubéreuses, des ancolies et des colchiques survolés par des libellules et des mantes religieuses et si pareils sans cesse, le ciel la flore et la faune où succèdent aux insectes les corneilles moroses et les rats musqués, que je ne sais quelle immuable saison s'est abattue sur ce toujours nocturne ravin, avec son dais en losange constellé que ne traverse aucun nuage.
Sur les troncs des arbres deux initiales, toujours les mêmes, sont gravées. Par quel couteau, par quelle main, pour quel coeur?
Le vallon était désert quand j'y vins pour la première fois. Nul n'y était venu avant moi. Nul autre que moi ne l'a parcouru.
La mare où les grenouilles nagent dans l'ombre avec des mouvements réguliers reflète des étoiles immobiles et le marais que les crapauds peuplent de leur cri sonore et triste possède un feu follet toujours le même.
La saison de l'amour triste et immobile plane en cette solitude.
Je l'aimerai toujours et sans doute ne pourrai-je jamais franchir l'orée des mélèzes et des sapins, escalader les rochers baroques, pour atteindre la route blanche où elle passe à certaines heures. La route où les ombres n'ont pas toujours la même direction.
Parfois il me semble que la nuit vient seulement de s'abattre. Des chasseurs passent sur la route que je ne vois pas. Le chant des cors de chasse résonne sous les mélèzes. La journée a été longue, parmi les terres de labour, à la poursuite du renard, du blaireau ou du chevreuil. Le naseau des chevaux fume blanc dans la nuit.
Les airs de chasse s'éteignent. Et je déchiffre difficilement les initiales identiques sur le tronc des mélèzes qui bornent le ravin.
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L'HOMME
QUI A PERDU SON OMBRE

-- Où l'ai-je laissée ? dans quelle cave ? dans quel puits ?
A quel carrefour du jour et de la nuit ?
Dans quelle caverne dans quelle cheminée de fumée et
de suie ?

-- Tu marchais peut-être dans les marais
Au crépuscule ou bien parme tes effets,
...
Tu l'accrochas par distraction.

-- Mais pourquoi cela te gêne-t-il ?
L'ombre me paraît tellement inutile.
Il n'y a pas de quoi se faire de bile.

-- Cherche au fond des rivières
Où tu mirais encore hier
Ton visage est ce que tu possèdes de plus cher.
...

-- Non, ce qui m'est le plus cher c'est mon ombre.
Qui m'accompagnait sans encombre
Dans les rue bien pavées et les décombres.
...

-- Mon ombre était la caverne
Où, comme l'œil dans son cerne,
Taureau de feu vendangeur, sanglante hydre de Lerne
Guettait les rêves taciturnes araignées des citernes


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AU BOUT DU MONDE

...
Quelque part, dans le monde, au pied d'un talus,
Un déserteur parlemente avec des sentinelles qui ne
comprennent pas son langage.
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Que Lisbonne est jolie.
La fumée des vapeurs
Sous la brise mollie
Prend des formes de fleurs.
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