Fondation de la Nouvelle-Orléans (1718).
—De Bienville transporta le siège du gouvernement militaire sur les bords du Mississipi, où il fondait à trente lieues de la mer, la Nouvelle-Orléans, ainsi appelée en l’honneur du Régent. L'empressement du gouverneur à quitter Mobile manifeste son ferme désir de favoriser les établissements agricoles et de faire de la région fertile du bas Mississipi le centre de la colonie. De là il pouvait également mieux surveiller les allées et venues sur le grand fleuve, contrôler le commerce et communiquer avec l’intérieur de la colonie. La Nouvelle-Orléans fut bâtie sur la rive gauche du Mississipi à la source du petit “bayou” Saint-Jean par lequel on pouvait communiquer avec le lac Pontchartrain. “La ville se réduit à une centaine de baraques et à un magasin, disait Charlevoix en 1722”. Plus tard, M. de Pauger dressa le plan d’une ville régulière et l’on fit des travaux de dessèchements rendus nécessaires par les inondations périodiques du Mississipi. Les développements qu’a pris de nos jours la Nouvelle-Orléans prouvent la justesse des prévisions de son sage fondateur.
Une vive discussion s’est élevée parmi les historiens relativement à l’atterrage probable de Jean Cabot sur les côtes du Canada, lors de son premier voyage. Les plus nombreux tiennent pour le Labrador, quelques-uns pour Terre-Neuve, un petit nombre pour le Cap-Breton. La plus ancienne carte de la région visitée par les Cabot, celle de Juan de la Cosa, dessinée en 1500, le place au nord, dans le Labrador actuel. La rapidité du voyage, l’étendue des côtes explorées et l’obscurité du récit de l’expédition, rendent la question insoluble dans l’état actuel de nos connaissances. En outre, Sébastien Cabot, dans son désir de s’attribuer l’honneur et le mérite des découvertes de son père, a désigné successivement plusieurs endroits comme lieux d’atterrage. Le dernier, qui est marqué à la pointe septentrionale du Cap-Breton, se ressent, à n’en pas douter, des découvertes de Jacques Cartier.
La campagne de 1757 finit en novembre par une incursion contre la frontière de New-York. Cette fois ce fut de Belestre qui mena 300 Canadiens et sauvages contre le district appelé German Flats, ’établissement d’Allemands du Palatinat, situé entre Schenectady et les sources de la rivière Mohawk. Il dévasta le pays pendant plusieurs jours et fit plus de 100 prisonniers. Ce dernier succès, dépourvu d’ailleurs de résultats pratiques, marque la fin de l’offensive française dans l’Amérique du Nord. Sur tous les points, les Anglais avaient subi des échecs. Repoussés de Louisbourg, chassés du lac Georges et du territoire des Iroquois, toutes les avenues vers les grands Lacs et la vallée du Mississipi leur étaient fermées. Les vaillantes troupes de Montcalm étaient partout victorieuses.
Les descriptions du Labrador sous le nom de Helluland, et de Terre-Neuve
sous le nom de Markland, sont aussi vivantes que celle du Vinland est artificielle. Après 1030, les traditions se font plus vagues, et des compilateurs sans scrupule, désireux de compléter les sagas primitives, ajoutent encore à la confusion.
Jean Cabot au Labrador.—Les premières explorations— celles d'avant Cartier—sur la marge orientale de l'Amérique du Nord sont restées enveloppées d’obscurité. On est réduit à des conjectures sur le lieu des atterrissages, les distances parcourues par les explorateurs, la véracité même de leurs journaux de bord. Trois nations, l’Angleterre, le Portugal et la France, ont successivement entrepris ces explorations pour des motifs divers, mais avec une égale indifférence relativement à leurs conséquences immédiates.