Serge Berstein - Berstein et Milza

La disparition de l'Empire soviétique a laissé le champ libre aux États-Unis, puissance victorieuse de la guerre froide et seul pays à pouvoir assumer militairement et financièrement ce rôle, pour maintenir un ordre mondial désormais placé sous le signe de " l'Empire unique ". Ce leadership américain, autrefois limité à la direction du camp occidental, s'étend aujourd'hui à toute la planète et impose à ceux qui le détiennent l'obligation d'être présents partout où sont bafoués le respect du droit international et les principes qui fondent la légitimité des décisions prises par les Nations unies. Or, s'il n'est plus de raison de considérer comme " impérialistes " toutes les initiatives de politique étrangère prises par les dirigeants de Washington, il est clair que leur action sur les cinq continents relève fréquemment de la " Realpolitik " et utilise parfois le thème de la " défense du monde libre " pour couvrir des entreprises visant principalement à la sauvegarde des intérêts américains.
Dès juin 1940, plusieurs personnalités du parti – Mendès France, Zay, Campinchi, Bastid, Delbos etc. – étaient parties sur le « Massilia » pour manifester leur volonté de poursuivre la guerre.
Le 10 juillet 1940, vingt-six parlementaires radicaux figurent parmi les Quatre-Vingts qui refusent les pleins pouvoirs à Pétain. Le parti a ses martyrs comme Jean Zay, François de Tessan ou Maurice Sarraut et compte dans ses rangs beaucoup de déportés dont Daladier, Herriot, Albert Sarraut, Delbos : « les radicaux-socialistes acquittent un tribut élevé (vingt parlementaires déportés) qui excède leur poids relatif dans les Chambres. 37 % des élus déportés appartiennent au parti d’Herriot alors qu’ils ne représentaient que 29 % des parlementaires en 1940 ».
En se proclamant, en juin 1789, Assemblée nationale, les députés du tiers mettent fin à la longue identification de la nation à la personne du souverain. Désormais, et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen le confirmera solennellement, c’est à la nation, composée de l’ensemble des individus adultes mâles, qu’appartient la souveraineté.
Les Anglais n’ont-ils pas, plus d’un siècle avant les Français, décapité leur roi, qui se réclamait lui aussi de l’onction divine, et la Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique ne pose-t-elle pas des principes qui bouleversent les conceptions traditionnelles de l’Ancien Régime ?
C'est parce que les sociétés démocratiques sont en devenir constant,toujours inachevées, constamment menacées d'anomie ou d'étatisme,que les problèmes soulevés par les anarchistes restent d'actualité et alimentent sans cesse de nouvelles formes de contestation.
Toute entente devient alors impossible, si bien qu'il n'est d'autre solution pour la majorité monarchiste que de gagner du temps en prolongeant le pouvoir de Thiers. En août 1871, la loi Rivet donne à celui-ci le titre de Président de la République en attendant qu'il soit statué sur les "institutions définitives du pays". Conservant en même temps les fonctions de chef de gouvernement et de député, Thiers dispose d'un pouvoir considérable. Il va en profiter pour accomplir en peu de temps une œuvre importante qui jette les bases d'un État politiquement libéral et socialement bourgeois et conservateur. (p. 387)
En Afrique du Nord, Jules Ferry (assuré de la neutralité bienveillante de Bismarck) prend prétexte d'une incursion de tribus nomades en Algérie pour envoyer en 1881 un corps expéditionnaire en Tunisie et imposer au Bey, par le traité du Bardo, un véritable protectorat (qui ne sera officialisé que deux ans plus tard par la convention de la Marsa). (p. 500)
Le patriotisme doit dominer la vie des citoyens. Il synthétise, représente, protège l’essentiel de la tradition, le sol des ancêtres, la collectivité populaire, la Famille et ses foyers. Aux époques dangereuses, il anime et réunit tout ce qui est capable de sauvegarder le bien commun: il doit être fait de gravité, de sérénité.
Le gouvernement réagit en faisant voter en décembre 1893 et juillet 1894 deux lois répressives qui punissent de prison la provocation au vol, au meurtre ou à l'incendie et transfère aux tribunaux correctionnels les délits de presse provoquant ou célébrant des actes de violence. Votées malgré l'opposition de la gauche qui les qualifie de "lois scélérates", elles permettent dans la pratique de confondre dans la répression anarchistes et socialistes. Le fossé entre les progressistes et la gauche se creuse un peu plus. Il va apparaître comme infranchissable avec l'affaire Dreyfus, la plus grave des crises qui affectent le régime. (p.407)
Le 4 septembre 1958, place de la République, le général de Gaulle présente aux Français le projet de constitution que le Conseil des ministres a adopté la veille et sur lequel ils auront à se prononcer le 28.