Boris Vian a écrit quelque part que l'on n'oublie rien de ce qu'on aimerait oublier, c'est le reste qu'on oublie.
Tout ce que je savais, c'est que j'avais perdu beaucoup de temps à essayer de devenir ce que je ne serai jamais, et qu'après ça avait été la dégringolade. Je suis convaincu que l'on perd son temps souvent, et que l'on finit par tout perdre sans avoir rien gagné dans la vie, ou si peu.
Aimer, c'est faire preuve d'une extrême sollicitude, constante, et nous sommes trop égoïstes.
- Il y aurait beaucoup plus de types à cheveux longs s'il n'y avait pas de coiffeurs. A propos, tu te les fais repousser ?
- Oui...
- Ça te va bien...J'avais l'impression de parler à Yul Brunner !
Je suis allé directement aux poches car avec mon salaire de misérable, c'était tout ce que je pouvais me payer. J'aurais pu m'acheter un vieux bouquin sur le marché mais, autant que faire se peut, les livres, je les préfère neufs, j'ai horreur des secondes mains, j'ai dû mal à imaginer qu'un connard, avant moi, ait pu ressentir des émotions que je crois destinées à moi seul. Je me leurre, et c'est très bien comme ça.
D'un jour sur l'autre, on se transforme, peu à peu, et puis il arrive un moment où on est devenu vraiment différent, le cuir s'est tanné, les os se sont fragilisés, et puis on meurt. Qu'on soit alors tous logés à la même enseigne n'est que justice.
- Tu vois, Julia, il faudrait constamment avoir à l'esprit que ceux que nous aimons vont mourir un jour.
- Ils ne meurent pas tout à fait...
- Car si notre douleur quand ils disparaissent est si forte, c'est que nous nous apercevons alors que nous avons toujours été en deça de l'amour que nous devions leur donner. Aimer, c'est faire preuve d'une extrême sollicitude, constante, et nous somme trop égoïstes.