Citations sur Hexagone : Sur les routes de l'Histoire de France (16)
Au bord de la Charente, parmi les magnifiques vestiges du XVIIème siècle, comment ne pas être impressionné par la Corderie Royale ?
Ce fut l'un des plus anciens et des plus vastes bâtiments de l'arsenal, le plus long monument d'Europe à l'époque (trois cent soixante-quinze mètres).
La manufacture de cordes a fourni la marine jusqu'en 1867, puis l'apparition des câbles en acier amena la suppression de la corderie, devenue inutile.
Les bâtiments furent réhabilités pour héberger une école d'officiers et d'apprentis armuriers mais, en 1926, la Corderie, désaffectée, fut laissée à l'abandon.
Cinquante ans plus tard, une rénovation lui a rendu la vie.
Aujourd'hui, on visite ce lieu historique pour découvrir ce qu'était un chantier naval il y a plus de trois cents ans (rue Jean-Baptiste-Audebert) ...
Je vous l'ai dit : l'Histoire n'est pas terminée. Nous la prolongeons en filant sur l'asphalte, en bifurquant sur des voies de traverse, en faisant rouler des pierres sur le sentier.
Accompagnés d'ombres invisibles, celles des gaulois et des romains, celles des pèlerins du moyen-âge et des seigneurs féodaux, celles des postillons et des cantonniers, nous nous dirigeons tous vers des routes inconnues ...
Quelles surprises nous réservent-elles, ces routes du troisième millénaire ? ...
En Bretagne, la multiplication de ces champs de pierres a fait naître maintes légendes que des générations ont répétées le soir à la veillée. Ici, on parlait d'un gros caillou tombé du ciel qui s'enfonçait lentement dans le sol et disparaîtrait complètement un jour, annonçant le cataclysme ultime, la fin du monde. Là, on racontait que Dieu avait pétrifié des soldats partis à la poursuite de saint Korneli. Ailleurs, on disait que certaines nuits, lorsque la lune éclairait la lande, des esprits menaçants venaient former une ronde autour des menhirs. Ailleurs encore, on assurait que les pierres dressées poussaient jadis naturellement dans les champs, mais que leur inquiétant développement avait été stoppé par la prière des paroissiens…
La rue Saint-Jacques grimpe le flanc de la montagne Sainte-Geneviève et s'échappe, droite, décidée, comme pour s'en aller découvrir d'autres paysages.
Je remonte cette voie qui fut le grand axe des romains, le cardo autour duquel s'organisait toute la vie de Lutèce.
Bientôt, la porte d'Orléans ; le périphérique au trafic incessant forme l'ultime muraille circulaire de la ville.
A Paris comme ailleurs, c'est une route qui marque la limite.
Les routes me fascinent depuis longtemps.
A l'instar des lignes de métro pour Paris, elles sont autant de lignes de vie menant à la découverte de l'inconnu ...
Les routes me fascinent depuis longtemps. A l'instar des lignes de métro pour Paris, elles sont autant de lignes de vie menant à la découverte de l'inconnu. sentiers, chemins, venelles ou boulevard, artères pavées ou chaussées bitumées, autoroutes, rails ou fleuves sont des portes entrouvertes : à l'autre bout, toujours, l'imprévu peut surgir. L route, c'est le mouvement, les peuples en migration, les civilisations qui se découvrent. Comment comprendre l'Histoire en marche sans s'attacher aux sillons creusés par les populations et les armées, par les promeneurs solitaires et les grandes migrations humaines ? Comment comprendre un pays sans se pencher d'abord sur les axes de communication qui le ramifient, formant le système nerveux de ce grand corps ? Comment comprendre un peuple sans saisir la signification de de ces conquêtes sur la nature, sans percer le sens de ce mariage entre l'homme et sa terre ?
Toutes les routes se terminent quelque part, mais la route, elle, celle qui nous entraîne au-delà de nous mêmes, n'a pas de fin.
La vitesse nous obsède, l'impatience nous aiguillonne. Mais à tant nous hâter, n'oublions-nous pas parfois de regarder, d'écouter, de réfléchir?
L'histoire n'est pas terminée, bien sûr, tout continue de s'inventer puis de s'écrire, la route repousse sans cesse les limites.
En mettant mes pas dans les pas d' Hercule, je ne me suis arraché à l' infini néant qui me narguait à Lagajtar. Le fils de Zeus a été comme un guide initiatique, une première réponse pour appréhender l' Hexagone. Grâce à Hercule, j' ai trouvé le courage de partir, j' ai pris le chemin de la découverte!