Tergiversations et rêveries de l’écriture orale
extrait 2
É-C-R-I-R-E
Six lettres qui n'hésitent pas à s'afficher
Avançant, seules, buste en avant
Traçant, frappant, martelant la route
Et emplissant l'air de leurs rythmes !
Écrire !
C'est notre vie !
C'est notre « job »
Spécialité ?
Condamnation ?
C'est notre liberté !
C'est quelque chose, dans nos cordes !
Allons enfants . . . !
Teie mai nei to mau tamari'i . . . !
Afa'i mai nei i te mau pehepehe
No to taua'ai'a . . . !
Te amo nei ho'i matou
I te hanahana o to tatou fenua . . . !
Intéressées, impatientes
De découvrir et de décrire
Vos paysages intérieurs !
Nous sommes prêtes à toutes vos frasques !
Nous acceptons tous les défis de votre imaginaire !...
Tergiversations et rêveries de l’écriture orale
extrait 3
Et j'écris
… Et moi qui suis encore tissée... !
Que dis-je ? Étoffée à l'indigène !
Et, comme le « tapa », frappée de fibres d'oralité !
Qu'est-ce que je prétends ?
Écrire !
Me lignifier !
Et j'écris
En suivant le fil de l'écorce de mon bois,
Recherchant le sens de ma fibre, et en même temps,
Explicitant, justifiant,
Je ne sais pourquoi !
Et j'écris
Mais je doute de ce que j'écris,
Comme du bien-fondé de l'écriture !
……
« À quoi cela sert-il ?
Cela vaut-il la peine que je dise, que j'écrive ? »
……
Ai-je à me préoccuper du sens,
Ou de la portée de ce que j'écris ?
Et j'écris comme je parle
Comme je parle comme je pense
Comme je pense comme ça vient
Et que ça s'écrit !
Tergiversations et rêveries de l’écriture orale
extrait 1
Écrire
On n'aime pas ça !
Parce qu'on n'aime pas ça !
Parce que ça fait peur, à la fin !
Parce que c'est comme ouvrir
Une porte tabou dedans soi !
On préfère la parole
Qui raconte des légendes,
De la vie et des gens !
Qui raconte des histoires,
Des histoires qui font peur,
De « tupapa'u » et de « la dame blanche » !
Parce que pour :
Écrire,
Il faut être « as » !
Il faut être « popa'a » !
Français ! Pour savoir écrire ! …
De plus, ça n'a rien à voir…
« Avec le ménage à faire… »
Flora Aurima-Devatine répond aux 5 Questions pour Île en île. Entretien réalisé à Paris le 25 mars 2013 par Estelle Castro et Dominique Masson.