Citations sur Les prisonniers de la liberté (62)
Tony se tourna vers lui. Il pleurait comme un enfant. Ses yeux de glace, qu'aucun sentiment n'avait jamais réchauffés, brûlaient de douleur. C'était un incendie que toutes ses larmes ne pourraient jamais éteindre. Cette guerre est la tienne, Bonfiglio, dit-il lentement. Moi, je n'en ai plus la force. »>
"On n'a pas besoin d'être ennemis!" lança alors Rosetta à l'assemblée. Elle avait l'impression de s'adresser aux villageois d'Alcamo. Parce que c'était ça, la voie à suivre, et il ne pouvait y en avoir d'autre. Il fallait dire : "ça suffit, cesser de cultiver la haine, briser les barreaux des cages. "On est tous des crève-la-faim", poursuivit-elle, comme si elle concluait à haute voix son raisonnement personnel et mettait enfin des mots sur son émotion. Son coeur parlait. "Nous devrions nous entraider. Pas nous sauter à la gorge comme des chiens enragés !"
Des murmures parcouraient l'assistance. "Dios te bendiga, muchada", dit la vieille, les yeux emplis de larmes et les lèvres pleines de jaune d'oeuf. Rosetta lui sourit. Alors tête haute, la poule sous le bras, elle se fraya un chemin pour rentrer chez elle. Tano la talonnait. Ils n'avaient pas fait dix pas que des applaudissements s'élevèrent dans la foule.
- Alors maintenant, tu as compris qui tu es ? demanda Tano.
- Pas encore.
Tano secoua la tête, regarda Assunta et se frappa l'index contre la tempe.
- Celle-là, c'est vraiment une idiote.
Il le disait encore en se couchant.
- Tu es une fille, lui dit-il alors avec douceur, et c'est ....
merveilleux !
- C'est pas vrai.
- Si c'est vrai. Tu crois qu'un garçon aurait pu écrire comme toi ? Il la regarda avec intensité. Aucun garçon n'aurait été capable de faire ce que tu as fait.
- Quand même ...
- Quand même, tu ne peux pas faire les trucs que font les mecs. D'accord, j'ai compris, coupa Rocco. ça t'intéresse de pisser contre les murs ? ça m'étonnerait. De toute façon, tu n'y arriveras jamais. Alors qu'est ce qui t'intéresse tellement, chez les mecs ?
- La liberté de pouvoir choisir, répondit-elle sans hésiter.
- Bien. Alors bats-toi pour ça et parles-en dans tes putains d'articles.
- Ce ne sont pas des putains d'articles, protesta Raquel.
- Mais si ma belle ..enfin mon beau ! Ce sont des putains d'articles qui ont des couilles !
- Tu vois ? Quand vous voulez dire un truc important, vous pensez toujours à votre bite ou à vos couilles !
Rocco la regarda.
- Putain, tu as raison ... Tu as totalement raison. Il hocha lentement la tête : D'accord...moi, je ne sais pas parler aussi bien que toi, mais...apprends-nous à penser différemment.
- Je ne suis qu'une fille...
- Non, toi tu as des couilles, enfin je veux dire...tu es une fille à part, et ça, ne l'oublie jamais ! Comment elle t'a appelée, la femme de la revue, là ? "une jeune fille extraordinaire." Voilà ce que tu es. Aucun des gars que je connais ne sait...Bref, il n'y a pas de comparaison possible. Et personne n'y met autant de coeur. Putain de merde, quoi...tout Buenos Aires lit tes articles, tu te rends compte ? et tu sais pourquoi ? parce que tu...tu parles au coeur des gens, et tu parles pour eux, pour nous, enfin...tu sais utiliser des mots...que nous, on ne sait pas utiliser...
- Quand même, tu ne peux pas faire les trucs que font les mecs. D'accord, j'ai compris, coupa Rocco. Ça t'intéresse, de pisser contre les murs ? Ça m'étonnerait. De toute façon, tu n'y arriveras jamais. Alors qu'est-ce qui t'intéresse tellement chez les mecs ?
- La liberté de pouvoir choisir, répondit-elle, sans hésiter.
- Bien. Alors bats-toi pour ça, et parles-en dans tes putains d'articles.
- Ce ne sont pas des putains d'articles, protesta Raquel.
- Mais si, ma belle... enfin, mon beau ! Ce sont des putains d'articles qui ont des couilles !
- Tu vois ? Quand vous voulez dire un truc important, vous pensez toujours à votre bite ou à vos couilles."
Rocco la regarda.
" Putain, tu as raison... Tu as totalement raison. Il hocha lentement la tête : D'accord... moi, je ne sais pas parler aussi bien que toi, mais... apprends-nous à penser différemment."
Raquel se dit que, parfois, l'amour pouvait faire aussi mal que la douleur, comme maintenant. Ne pouvant retenir ses sanglots, elle enfonça le visage dans son oreiller pour ne pas être entendue, en serrant de toutes ses forces la montre que lui avait offerte Rocco.
Moi, j’avais de la terre, de la terre à moi ! poursuivit-elle, en s’enflammant. Ils me l’ont arrachée ! Ils ont mis le feu à mes oliviers, ils ont égorgé mes chèvres, et… ils ont aussi pris mon honneur. Ils s’y sont mis à trois, l’un après l’autre, et ils riaient.
Malgré le mode de vie résigné de leur communauté, son père lui avait appris que tout être humain est l’enfant de ses propres choix, et que chacun a le devoir de déterminer son propre destin.
Sur le carrelage de terre cuite s'élargissait une mare de sang noir parsemé de fragments clairs de cervelle. Le duvet du coussin retomba doucement sur le tout, comme une averse de neige qui se déposerait là par pitié.
(p. 205) La mafia, c’est comme la glu : une fois sur toi, tu ne peux plus t’en débarrasser.
P151 : "Ce fléchissement, ce regard trop insistant avait un nom : l'attirance. Mais c'était un mot trop lourd pour deux solitaires comme eux. Ils savaient exactement ce qu'ils fuyaient, mais n'avaient aucune idée de ce vers quoi ils se dirigeaient. Au fil des heures, le silence se fit tellement obstiné et anormal que, dans leur esprit à tous les deux, il était devenu plus bruyant que n'importe quelle conversation."
P533 : "au début, les hommes du quartier l'avaient admirée pour ce qu'elle faisait. Mais bientôt, nombre d'entre eux s'étaient sentis menacés. menacés par elle et par les autres femmes qui tout à coup, croyaient pouvoir s'unir et créer une chaîne de solidarité. Ainsi, des femmes avaient employé des termes dangereux comme justice et liberté, des mots qui sonnaient très bien dans la bouche des hommes mais pas dans celle des femmes. Car chez elles, ces mots pouvaient en sous entendre un autre, bien plus scandaleux, qui était l'égalité. L'égalité des droits."