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Citations sur Ombre gardienne (15)

Ce matin entrouvre ses yeux
Dans la brume, la solitude
Et les quelques fleurs de la steppe.

Là-bas des herbes sèches brûlent,
Tout là-bas palpite une voile
-Ou est-ce une femme qui marche?

Je regarde ces terres rouges
Et pense: c'est peut-être tout
Ce qui me fait un coeur tenace.

Une voix
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   Sur la terre, errante
   extrait 3


Moi qui parle, Algérie,
Peut-être ne suis-je
Que la plus banale de tes femmes
Mais ma voix ne s’arrêtera pas
De héler plaines et montagnes ;

Je descends de l’Aurès,
Ouvrez vos portes
Épouses fraternelles,
Donnez-moi de l’eau fraîche,
Du miel et du pain d’orge ;

Je suis venue vous voir,
Vous apporter le bonheur,
A vous et vos enfants ;
Que vos petits nouveaux-nés
Grandissent,
Que votre blé pousse,
Que votre pain lève aussi
Et que rien ne vous fasse défaut,
Le bonheur soit avec vous.
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Ombre gardienne, 1

Fermez vos portes
Femmes, le sommeil amer
Remplira vos nerfs,
L'eau, le sable ont usé
La trace de vos pas,
Rien ne vous appartient.

Lointains les quelques
Scintillements d'étoiles,
Opaque la terre alentour,
Les demeures sont noires
Qui abritent votre repos.

Fermez vos portes,
Je suis la gardienne:
Rien ne vous appartient.
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Complainte

Soirs tendres de Paris, que vous m'êtes amers;
pour l'exilé, Paris obscur c'est un enfer,
Quand le ciel gris et rose au-dessus de la Seine
Se repose en tremblant tout son coeur crie et saigne.

Quel étranger ici ne se sent pas chez lui?
Mais ça vous prend ainsi dès que tombe la nuit.
Sa place, on ne l'a pas dans cette ville immense,
Croit-on; c'est le mauvais rêve qui recommence.

Je n'y peux rien, cette heure aiguise ma folie;
-Et comme un déporté qui maudit son châlit,
Paris, tout Paris qu'il est, je le voue au diable;
Bonnes gens, pardonnez ma peine irrémédiable.

Marche encore pendant que le jour meurt... Rue
Bonaparte puis quai Malaquais, et les grues
D'un chantier, Pont-des-Arts, dressent d'inquiètes ombres,
Et le Louvre après dort d'un sommeil lourd et sombre.

Ils vont, les peupliers, narrant en frémissant
Tout bas on ne sait quel apologue au passant,
L'homme est mis à l'encan, grand-pitié de notre âge,
les peupliers noirs vont, des voix plein le feuillage...

Place de la Concorde, oubli soudain de soi.
La scène est vide mais la lumière de soie,
A la fois rêve ardent et pensée essentielle,
refait la paix en moi sous le chant nu du ciel.
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Étranger

Si ce n'est pas ce froid, qu'est-ce qui me signale ?
Le rêve mal dissous, l'ombre noire et la voix
Qui font pleurer l'enfant, ou la brume hivernale ?
C'est moi... moi, l'importun qui vous barre la voie.

Je ne suis mort ni vif, ailleurs est mon domaine.
L'enfer du ferrailleur est moins que moi rongé,
Moins diffus le retour inquiet d'une âme en peine ;
Le regard qu'on lui jette éloigne l'étranger.

Il est une pâleur, il est une couleur
Et sombre et claire, un jour vague entre chien et loup :
Le croirez-vous, je suis fait de cette douleur.

Je viens d'ailleurs, que vaut l'objet qu'on porte au clou ?
Et voici que grandit en moi l'incertitude,
Que s'approfondit plus encor ma solitude.

.
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D'immenses paquebots sont lentement traînés:
Leurs remorqueurs en ont des écarts de pouliche;
De la lessive bat au vent sur les péniches;
Tout au-dessus des docks fument les cheminées;

Anvers
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Contre-Jour
Extrait 2


Et c’est la mer,
La mer aux bras endormants portant le soleil,
Ni orient ni nord, ni obstacle ni barre, la mer ;

Rien que la mer ténébreuse et douce
Tombée des étoiles, témoin des mutilations du ciel,
Solitude, pressentiments, chuchotis,

Rien que la mer,
Les yeux éteints,
Sans vague ni vent ni voile.

Brusquement les oiseaux réapparaissent ;
Et c’est la femme,
Ni étoile ni rêve, ni geyser ni roue, la femme.

Les oiseaux reviennent ;
Et rien que la mer.
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   Sur la terre, errante
   extrait 1


Quand la nuit se brise,
Je porte ma tiédeur
Sur les monts acérés
Et me dévêts à la vue du matin
Comme celle qui s’est levée
Pour honorer la première eau ;

Étrange est mon pays où tant
De souffles se libèrent,
Les oliviers s’agitent
Alentour et moi je chante :

— Terre brûlée et noire,
Mère fraternelle,
Ton enfant ne restera pas seule
Avec le temps qui griffe le cœur;
Entends ma voix
Qui file dans les arbres
Et fait mugir les bœufs….
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   Sur la terre, errante
   extrait 2


Ce matin d’été est arrivé
Plus bas que le silence,
Je me sens comme enceinte,
Mère fraternelle,
Les femmes dans leurs huttes
Attendent mon cri.

Mère fraternelle,
Les femmes dans leurs huttes
Attendent mon cri.

Pourquoi, me dit-on, pourquoi
Vas-tu visiter d’autres seuils
Comme une épouse répudiée ?
Pourquoi erres-tu avec ton cri,
Femme, quand les souffles
De l’aube commencent
À circuler sur les collines ?...
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Ombre gardienne 3


Ne demandez pas
Si le vent qui traîne
Sur les cimes
Attise un foyer ;

Si c’est un feu de joie,
Si c’est un feu des pauvres
Ou un signal de guetteur.

Dans la nuit trempées encore,
Femmes fabuleuses qui
Fermez vos portes, rêvez.

Je marche, je marche :
Les mots que je porte
Sur la langue sont
Une étrange annonce.
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