L'amour des Maytree

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une écriture splendide

Anne Dillard est une écrivaine américaine (Prix Pulitzer 1975) pour "Pèlerinage à Tinker Creeck". Inspirée par les temps et lieux d'isolement, elle inscrit son récit sur une langue de terre d'enroulant en spirale sur la côte nord-américaine (Cape Code, Massachusetts), un peu comme si notre sillon de Talbert breton s'enroulait en une volute.

Dans le paysage allongé où quelques dunes relient le ciel à la mer (pseudo huis-clos dans lequel sont enfermés les personnages), s'inscrit l'histoire d'un trio : celui d'un couple séparé pendant deux décennies par une tierce personne.

Anne Dillard nous offre ici une peinture réflexive à la fois du vieillissement de l'être humain et de la maturation de l'amour. Ses protagonistes "savaient compter. Mais au fond d'eux-mêmes ils ne se sentaient pas vieux". Elle analyse les effets de la séparation : "L'amour devient plus intense entre deux amants séparés. (...) Faut-il en conclure que l'amour n'est rien d'autre qu'un faux-semblant ?"

Un des charmes indéniables de ce roman est d'être émaillé d'expressions poétiques liées à la contemplation du paysage, plus subtilement, à l'influence du paysage sur ceux qui y vivent. "Ainsi donc, regarder les vagues dans la baie par tempête faisait mouvoir ses yeux exactement comme le faisait la lecture, et ses mers ressemblaient à des lignes en italiques". Plus loin, on trouve : "Lou rentra chez elle à pied à travers les dunes. La mer à marée basse s'était retirée si loin que la surface métallique de l'étendue de vase exhalait, se dit Lou, une odeur lunaire."

Sans avoir l'air d'y toucher, à coups de pastels spontanés, Anne Dillard peint en profondeur êtres humains et paysage unis dans une harmonieuse osmose. Une première lecture pourrait donner une impression de superficialité, mais non : goûtez-y, il y a de la profondeur dans ce beau roman.

Comment l'amour traverse t'il une vie ou l'histoire d'un homme et d'une femme séparés et qui se retrouve pour passer vers l'au delà. Très beau texte enivrant.