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3,68

sur 1626 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« dans les plaies béantes de la terre qu'on appelle les tranchées »

Ode à l'amitié et à la liberté, d'un style répété comme une chanson, Alfa Ndiaye, tirailleur sénégalais, ne pourra sauver « son plus que frère » de l'horreur de la guerre. Après avoir laissé se déchaîner sa colère jusqu'à la folie, il sera temps pour lui de se retourner et de se poser, dans une complainte lancinante, Alfa le griot nous invite à le suivre sur le fil de sa vie.
Une poésie sensible et inspirée, pour nous faire croire encore en l'espoir et en la paix.

Lu en juin 2018.

Mon article sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/David-D..
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Lu en quelques heures.
Je ressors secouée de cette lecture. Je dois faire partie des âmes sensibles...
L'auteur nous plonge dans le monde cruel de la guerre. le personnage principal Alfa vient de perdre son 'plus que frère', et en même temps la raison. Entre culpabilité et souffrance psychologique, tout est raconté en détails.
Mais l'auteur ne se concentre pas que sur cela. Alfa se remémore son enfance et son amour pour sa belle. Cela m'a permis de souffler.
Une lecture qui ne laissera personne indifférent.
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A la guerre quand on joue à être fou, « la folie est la soeur du courage », mais quand on est fou tout le temps, on fait peur à tout le monde…
J'ai un profond respect pour les Bat d'Af, ces courageux tirailleurs sénégalais que l'on poussait devant dans les assauts pour que les « chocolats » meurent avant les « toubabs ».
Ils venaient vaillamment défendre leur patrie, la France, sans qu'ils aient le choix de faire autrement d'ailleurs. Ils sont reconnus dociles et féroces.
Parce que Mademba son « plus que frère » va mourir, Alfa va aiguiser sa machette, éventrer l'ennemi aux « yeux bleus jumeaux » et couper leurs mains.
Je ne veux pas faire mon grincheux, ni mon timide non plus mais quand Alfa N'Diayé et les sept mains rentrent du sale boulot, « Par la vérité de Dieu », je ne suis pas enthousiasmé par la lecture de ce roman trop facilement touchant, aux images fortes mais détériorées par une trop grande naïveté et par les répétitions incessantes et agaçantes de certaines formules.
Même si la formule incantatoire est recherchée par l'auteur « Par la vérité de Dieu », c'est lassant.
Le retour en arrière sur la jeunesse des protagonistes est intéressant mais sans grandes surprises. Je n'ai pas été sensible à ces personnages ni à cette histoire somme toute assez stéréotypée. Pardonnez-moi surement mon coté rassasié sur le sujet et qui valide vraisemblablement l'engouement des lycéens par l'attribution du Goncourt.
Peut-être espérais-je plus de profondeur de ce roman primé maintes fois plébiscité par les critiques ?
Je souhaitais aussi préciser que l'éditeur a franchi le seuil de l'édifice avec une quatrième de découverture beaucoup trop édifiante, c'est dommage.
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Alfa Ndiaye, tirailleur sénégalais, et son plus que frère Mademba Diop , sont jetés comme des millions d'autres soldats dans la furie et la folie de la Première Guerre mondiale. Loin de leur village de Gandiol, loin de leurs amis et de leurs coutumes, ils se battent dans la boue et affrontent les obus. Mais lorsque Mademba, le courageux Mademba, est blessé, les tripes à l'air, Alfa n'a pas le courage d'achever son ami qui le supplie d'abréger ses souffrances. Mademba meurt, une main dans celle de son ami de toujours, l'autre recroquevillée sur ses intestins. A partir de cet instant, Alfa n'est plus le même. Gagné par la folie, il devient un "dëmm", un sorcier, celui qui dévore les âmes et qui vous mange de l'intérieur.
David Diop, dans ce récit à la première personne, nous fait partager le choc et l'horreur de la guerre, la folie d'une guerre d'usine qui emporte la raison des hommes. Alfa, tel un vengeur sacré, est celui qui survit toujours, quoiqu'il arrive. Porté par sa déraison, la sauvagerie l'emporte sur sa condition d'homme et fait peur à ses camarades de misère. le dëmm, c'est lui. La mort, il la porte en lui. Pourtant, elle est partout la mort. Quelle est la légitimité de la violence moderne face à la sienne ? La guerre n'est-elle pas celle qui la conduit dans sa propre folie ?
A travers une voix incantatoire, au fil d'un mantra lancinant "par la vérité de Dieu", nous suivons la dérive confessée de ce soldat déraciné qui nous fait partager ses souvenirs d'enfance, là-bas, au Sénégal. "Frère d'âme", c'est celui qu'il porte en lui depuis que Mademba, son plus que frère, est mort sur une terre à personne.
Le style est simple, presque naïf. le récit est poignant bien sûr, totalement humaniste. Pourtant, ce roman dont le thème de la Grande Guerre et de ses victimes traumatisées ne pouvait que me séduire, ne m'a pas touchée. Moi qui suis souvent emballée par les Goncourts lycéens, je suis restée uniquement spectatrice de ce récit à la fois candide et halluciné. J'ose même dire qu'il m'a souvent ennuyée.

Petite déception.
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C'est sans doute une très mauvaise idée que de lire trois romans français récents à la suite, à savoir Trois fois la fin du monde, Ça raconte Sarah et Frère d'âme. Des livres très différents par leurs sujets, mais qui se rejoignent négativement sur certains points ... Est-ce un hasard ? Toujours est-il qu'on y trouve les mêmes caractéristiques, une plongée immersive dans les pensées plus ou moins cohérentes de chacun des principaux protagonistes et de nombreuses redondances, y compris dans le vocabulaire, volontaires certes mais lassantes pour un lecteur attaché au style et aux qualités narratives des ouvrages. Frère d'âme s'impose pourtant d'emblée par l'intérêt de son thème : la Grande Guerre vue par un tirailleur sénégalais qui assiste impuissant à la mort de son ami d'enfance. le livre est scandé comme un monologue avec des expressions qui reviennent sans cesse, de même que les scènes les plus marquantes : la mort lente et atroce de l'alter ego du narrateur, la collecte de mains des cadavres allemands par ce dernier, etc. La peinture est réaliste, presque insoutenable dans la première partie de Frère d'âme. Elle se pare de nouvelles couleurs dans la deuxième, évoquant notamment l'enfance sénégalaise du jeune héros, sans pour autant passionner autant qu'espéré. Si la sauvagerie de cette boucherie sans nom qu'a été la guerre de 14 est parfaitement décrite, il y a de quoi être plus circonspect sur la construction du roman et les partis pris de David Diop dans cette saison en enfer.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Avec "Frère d'âme", David Diop nous plonge en plein coeur de la Grande Guerre, et plus précisément à l'intérieur des pensées d'Alfa Ndiaye, un jeune tirailleur sénégalais venu, comme beaucoup de ses compatriotes, défendre la "Mère-patrie".

Dans ce récit écrit à la première personne, tout en découvrant l'horreur et la violence des assauts, le lecteur ressent tout de suite le sentiment de culpabilité qui ronge Alfa. En effet, combattant au côté de son ami d'enfance Mademba Diop, son "presque frère", il a refusé, sous le poids des traditions de sa culture, d'abréger ses souffrances lorsque ce dernier, atrocement blessé, le lui demandait. Il ne supporte plus de l'avoir laissé partir dans la douleur et cette confrontation avec cette mort horrible l'a profondément changé. Depuis, Alfa se venge en ramenant un trophée de chaque combat : un fusil et une main découpée sur l'ennemi. Au début, ce geste soulève l'admiration de ses camarades mais rapidement, son supérieur préfère l'envoyer se reposer à l'arrière, loin du front. Pendant sa convalescence, le jeune homme se remémore son enfance et son adolescence de fils de paysan sénégalais. Le lecteur assiste à sa lente bascule dans la folie.

A la fois roman historique, conte africain où plane l'ombre du sorcier maléfique et surtout véritable ode à l'amitié, ce récit est original par sa construction. Le lecteur se trouve à l'intérieur même des pensées d'Alfa Ndiaye, seul moyen trouvé par l'auteur pour traduire son ressenti. Ne sachant pas écrire, ne parlant pas la langue française, venant d'une autre culture, la confrontation avec la boucherie de la guerre 14 a été encore plus dure pour les tirailleurs sénégalais que pour les soldats français. Malgré la violence des descriptions, j'ai apprécié la première partie du roman où l'on est face aux séquelles que la guerre peut occasionner sur un être humain, et la deuxième partie, en total contraste, qui nous transporte au Sénégal dans un monde régi par les traditions et la sagesse des anciens. J'ai par contre été déstabilisée par l'écriture, une sorte de longue mélopée lancinante qui, si elle traduit bien le mal-être d'Alfa, entraîne de nombreuses répétitions difficilement supportables.

Même si la fin explique le magnifique titre, je l'ai trouvée plutôt étrange et j'accorde un 12/20 à cette lecture.
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C'est un récit à la première personne zoomant sur un tirailleur sénégalais au milieu d'un no man's land durant la Première guerre mondiale.
Amitié - Regret - Culpabilité - Folie.
Des noms qui pourraient s'appliquer sur n'importe quel champ de bataille, à n'importe quelle époque, effaçant partiellement la particularité première de ce récit.
Partiellement un peu trop à mon goût.
À moins que ce ne soit ce style, se voulant retranscrire les pensées brutes du tirailleur, qui ne m'ait pas convaincue...
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Ce court roman donne une voix aux sacrifiés « français » de la Grande Guerre, les tirailleurs sénégalais, qu'on envoyait en première ligne soi-disant pour faire peur à l'ennemi et pour qui les souffrances « habituelles » des soldats des tranchées ont été rudement complétées par la discrimination et le racisme.

C'est la voix d'Alfa Ndiaye qui parle, lui qui, très vite, a perdu sur le champ de bataille son « plus que frère« , Mademba Diop. La mort atrocement lente de celui-ci a libéré la pensée du narrateur, qui perd peu à peu la raison et sombre dans une violence particulière.

Quand il est évacué à l'arrière, ses souvenirs d'enfance et d'adolescence reviennent à la surface et il évoque la rencontre de ses parents, un vieil homme sage et une jeune femme peule, la vie du village, son amitié fraternelle avec Mademba, ce qui les a amenés à la guerre. C'est la partie que j'ai la plus aimée avec la sagesse du père face aux injonctions coloniales, prémices d'une misère paysanne criante de bêtise et d'injustice, les contes africains hautement symboliques : autant d'évocations qui rendent une figure humaine, une histoire à deux soldats sénégalais qui seront broyés par la Grande Guerre. La fin m'a littéralement glacée. Mais il me faut avouer que je n'ai pas été emportée par ce roman. Peut-être est-ce l'écriture incantatoire, hypnotique par ses nombreuses répétitions, qui m'a tenue à distance. Peut-être cette apparente absence d'émotion fait-elle partie du projet de David Diop et je ne l'ai sans doute pas comprise à fond. Mais je comprends que son originalité, ses qualités ont retenu l'attention des lycéens qui lui ont attribué leur Goncourt,
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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J'avais très envie de lire Frère d'âme après avoir écouté des émissions littéraires à la radio. J'ai été déçue et j'en suis d'autant plus surprise que je partage souvent les goûts littéraires des lycéens.
A la fois j'ai apprécié certaines phrases qui revenaient régulièrement parce que cela donne un rythme, à la fois, cela m'a lassée. En revanche, je trouve intéressant de donner la voix aux combattants sénégalais parce que j'y vois une manière de célébrer et de rendre hommage à leur contribution. Sur un thème similaire, j'ai préféré Jacob, Jacob de Valérie Zenatti.
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Environ 135 000 tirailleurs venant de l'Afrique de l'Ouest - Sénégal, Mali, Niger - sont venus combattre pour la France entre 1914 et 1918. Envoyés à la boucherie par la folie des officiers français, beaucoup n'en réchapperont pas. Souvent d'origine modeste, ces jeunes hommes d'une vingtaine d'années ne parlaient pas le français, ne maîtrisaient pas l'écriture. Il n'est donc guère étonnant qu'aucune de leurs missives ne soient répertoriées dans les recueils de lettres de poilus. Avec Frère d'âme, David Diop a voulu dépasser le côté parfois désincarné de l'histoire, faisant fî des chiffres ou des faits, pour s'attacher à transmettre une sensibilité, une émotion toute littéraire et inscrire dans l'histoire des vainqueurs le camps de ceux qu'ils avaient sacrifiés pour obtenir la victoire.

Déracinés et loin de leur patrie, ces jeunes tirailleurs n'étaient pas uniquement des frères d'armes. Ils étaient aussi des frères d'âme. Alors, lorsque Mademba, "son plus que frère" n'en finit plus d'agoniser dans ses bras, la raison d'Alfa s'envole.
C'est alors l'histoire de la folie qui se déploie de manière glaçante sous les yeux du lecteur.
Malgré les brumes de la folie, Alfa est conscient de son rôle au sein de cette guerre qui n'est pas la sienne. Après la mort de son plus que frère, Alfa Ndiaye va libérer ce que la France attend de lui, sa part de sauvagerie. Muni de son fusil et de son coupe-coupe réglementaires, il n'aura de cesse de terroriser l'ennemi. Mais au coeur de cette barbarie sans nom, dans laquelle chacun cherche une explication à sa propre mort, la violence de Ndiaye sera incomprise, rejetée, bannie, ostracisée.

Utilisé comme une confession, le roman peut cependant dérouter par son style naïf, répétitif voire incantatoire. Tout au long des pages, le lecteur ne pourra que se demander à qui s'adresse ce jeune Alfa : à Dieu? à Mademba, son ami tombé sur le champ de bataille? aux lecteurs? Sans doute conviendra-t-il ici d'y voir une complainte chuchotée dans les airs, que le vent se chargera de conter à tous ceux qui veulent écouter. Quant au style répétitif, il n'est pas sans rappeler les caractéristiques fondamentales de la tradition orale. Certains pourront se lasser de ces "trop" nombreuses redondances, déclamées comme des mantras. D'autres trouveront cette oralité écrite magnifique et poétique tant elle est métaphorique. Car Alfa ne parle que le wolof et son intériorité est nourrie par sa langue maternelle. Et quand bien même le lecteur peut ne pas partager cette même sensibilité, il ne peut rester étranger à la poésie qui se dégage des réflexions du jeune homme, malgré les affres de la folie et la violence de la guerre.

L'histoire de ce Frère d'âme est déchirante, magnifique, douloureusement belle. le lecteur ne peut en sortir indemne. Malgré tout, je dois avouer que, sans l'éclairage avisé d'un professeur de littérature africaine, je serais sans doute passée à côté, lassée de ces trop nombreuses répétitions. Il m'aura donc fallu de nombreuses pages d'adaptation pour que j'accepte de prendre de plein fouet la beauté de l'écriture de David Diop. Et quelle beauté !

Ce livre, aux multiples visages, est à lire et à relire. Sans doute est-ce pour cela qu'il a été récompensé du Goncourt des lycéens...
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