C'est terminé : j'en ai fini avec
Victor Dixen. (J'adore être dramatique)
Extincta est définitivement ma dernière tentative avec cet auteur dont chaque lecture se conclue par un bilan mitigé qui tend plus vers le négatif que le positif.
Victor Dixen nous plonge dans une dystopie où les pires prédictions climatiques se sont réalisées : dans 255h l'espèce humaine disparaitra ainsi que toute forme de vie sur terre ayant pu survivre après le « Grand Effondrement ». L'on suit deux personnages qui vivent aux premiers abords dans deux mondes différents : Astréa, vivant parmi les suants, la caste la plus basse de la société, dévouée au culte de Terra et Océrian, faisant parti des apex, la noblesse de ce monde mais exclu de cette dernière en raison d'un accident. le roman alterne entre leurs deux points de vue.
Je vais commencer par un point très superficiel : le livre objet en lui même est très beau, j'ai beaucoup aimé la mise en page. le récit est construit sur un compte-à-rebours et une bougie est dessinée à chaque début de chapitre, bougie qui se consume au fur et à mesure que l'on fait défiler les chapitres. J'ai payé ce livre quasiment 20 euros, heureusement qu'il est AU MOINS beau avec des détails intéressants.
Maintenant, l'on va s'attaquer à un problème que j'ai déjà eu en lisant des romans de
Victor Dixen : le worldbuilding. Ce dernier est extrêmement complexe et foisonne de détails, et même si c'est intéressant, ça en devient vite indigeste. L'auteur nous présente son univers sans transition, dès la première page l'on se noie sous une multitude de personnages, de lieux, d'évènements, de concepts. Cela rend la compréhension au début très complexe. J'ai encore une fois l'impression que l'auteur me jette son sac de cours en pleine tête sans prendre le temps de les ranger dans ses placards et son frigo. Ce n'est pas fluide.
Et c'est bien dommage, parce que l'auteur à une multitude de bonnes idées, c'est encore une chose que j'ai remarqué chez lui : j'aime ses idées, il construit des univers très intéressants et riches et pourtant, je n'accroche pas. Pourquoi ? parce que malheureusement un très bon worldbuilding ne compense pas (selon mes gouts) des personnages que je trouve plats et mal écrits.
Tout d'abord, je suis catégorique :
Victor Dixen ne sait pas écrire de personnages féminins. Astréa est constamment ramenée à son physique tout au long du livre. Pendant tout le récit l'on insiste sur sa beauté, c'est une caractéristique omniprésente du personnage : elle est sublime et tout le monde est d'accord sur ce point. Tout le monde la désir. L'on a de longues descriptions de son corps et de son physique. A tel point qu'à certains moments on à l'impression qu'elle n'existe qu'à travers ça. de plus, j'ai trouvé que c'était un personnage écrit de façon très contradictoire, que ce soit dans ses actions où dans la façon dont elle est perçue. Elle est constamment décrite comme une femme droite, qui respecte les lois et c'est ce qui est rappelé tout au long du livre pourtant, elle ne cesse de transgresser les règles et de commettre des crimes. Ses actions entrent en contradiction avec sa mentalité et ce que les autres disent d'elles sans pour autant que ça crée un personnage tridimensionnel ayant des paradoxes comme chaque humain, non, c'était simplement incohérent. Elle est d'ailleurs très hypocrite sur beaucoup de point, malgré tout ça j'ai quand même plus ou moins accroché à son personnage parce que : I support women's right but I also support women's wrong !
Concernant Océrian : je n'ai pas du tout accroché. Je l'ai trouvé extrêmement fade. Je n'ai pas réussi à éprouver de l'empathie malgré une tentative de lui donner de la profondeur avec une back story triste. Il m'a laissé indifférent, je n'éprouvais rien d'autre pour lui qu'une immense lassitude. Il était présenté comme un être doté d'une immense sensibilité, vibrant pour la poésie mais c'était d'un tel cliché. Par pitié, que les auteurices arrêtent de nous faire de la mise en abyme littéraire, je ne veux plus tomber sur du
Baudelaire de façon aléatoire pour donner une pseudo dimension poétique et sensible au récit. Enfin, j'ai quelques réserves concernant la représentation de l'handicap mais je ne peux pas me prononcer (surtout que mes souvenirs sont assez flous, je m'en souviens plus comme une sensation constante).
J'ai préféré les personnages secondaires aux personnages principaux, je les ai trouvé plus attachant. Pas forcément mieux construits mais moins antipathiques. (Merci Margane et bravo la lesbienne !!)
Par rapport à la relation entre Astréa et Océrian : sauvez-moi ! j'ai rarement lu une romance plus claquée au sol, il n'y avait aucune alchimie entre les deux personnages. Ils se détestaient tous les deux et brusquement, ils s'aiment, sans transition, sans aucun développement, c'était brusque et absolument pas réaliste. Ça n'avait aucun sens, l'auteur voulait simplement cocher la case « ennemies-to-lovers » je ne vois pas d'autres explication. Lui a-t-on mis un couteau sous la gorge pour écrire une aussi mauvaise pseudo romance ?
J'ai trouvé le livre long, je me suis ennuyé à de nombreux moments. Mais la palme d'or du passage le plus long revient à la fin, alors que l'on s'attend à ce que tout s'accélère en raison de l'extinction humaine imminente, l'auteur se perd dans +50 pages d'explication sur tout ce qu'il n'avait pas pu expliquer précisément auparavant, alors, au moins on ne peut pas lui reprocher de laisser des questions en suspens. Il a même réussi à répondre à des questions que je ne me posais pas. La lenteur du récit avait annihilé toute ma curiosité. Je n'ai jamais eu autant de mal à venir à bout de 50 pauvres pages et pourtant j'ai dû lire
Proust pour les cours ; c'était 50 pages ressenties 500. Encore une fois, l'auteur use de sa méthode préférée : balancer des sacs de courses dans la gueule des gens, j'étais ensevelies sous la masse d'informations, si bien que je n'ai clairement pas réussi à tout comprendre. Mais, après avoir surmonté toutes ces longueurs, je suis arrivé-e au meilleur moment : la fin. Et ce n'est pas dit de façon ironique, j'ai bien aimé le dénouement final, j'ai trouvé qu'il changeait un peu, je m'attendais à une fin plus clichée.
En conclusion, je suis heureuxse d'en avoir fini avec ce livre (et l'auteur). Je ne m'attendais à rien et tant mieux, je reste sur ma conclusion concernant Victor dixen : il a des idées très intéressantes mais une exécution bancale. Personnellement, ce que je préfère dans un livre c'est le développement des personnages et ce n'est pas quelque chose que je retrouve dans son travail.