Phobos 1
Toujours dans l'optique de me mettre à jour sur les sagas jeunesse/YA les plus connues en littérature SFFF (
Science-fiction, fantasy, fantastique) je n'ai pas mis longtemps à tomber sur « Phobos » de Victore
Dixen. Surtout en ce moment, avec la sortie de l'adaptation de la première partie du premier tome en BD, on le voit passer un peu partout sur les réseaux sociaux. C'est cette récente sortie qui m'a motivé à sortir le premier tome de ma bibliothèque.
Autant le dire tout de suite, ce fut une grande déception. Je ne m'attendais pas à pouvoir trouver autant de défauts à un ouvrage si plébiscité. N'ayant pas lu le résumé avant de débuter ma lecture (pour ne pas me faire spoiler) je m'attendais à un récit dystopique axé sur la dérive de la surmédiatisation pour finalement me retrouver avec un prétexte pour mettre en scène une romance digne des télé-réalités actuelles sous un fond d'intrigue politique complètement irréaliste et pleine de tous les clichés du genre.
Je m'explique. Mais tout d'abord pour revenir sur le résumé : il s'agit d'un monde dans lequel la NASA a été vendue à une entreprise privée afin d'éponger les dettes du pays. Cette entreprise, plus intéressée par le profit que par la conquête de l'espace en elle-même décide de médiatiser la création de la première colonie humaine sur Mars en transformant cet exploit en une émission de téléréalité pour ados. le principe est simple : « Ils sont six filles et six garçons, dans les deux compartiments séparés d'un même vaisseau spatial. Ils ont six minutes chaque semaine pour se séduire et se choisir, sous l'oeil des caméras embarquées. Ils sont les prétendants du programme Genesis, l'émission de speed-dating la plus folle de l'Histoire, destinée à créer la première colonie humaine sur Mars. »
L'idée de base n'est pas mauvaise, mais il y a un souci dans l'exécution.
Premièrement, le récit est narré à la première personne, on se trouve donc du point de vue de Léonor, l'une des 6 prétendantes du vaisseau. le problème ici est que l'auteur n'a pas su gérer les informations qu'il voulait donner aux lecteurs et n'a cessé de les introduire aux dialogues, rendant ces derniers creux, portés sur la caricature et pas du tout crédibles.
Ensuite, parlons de l'intrigue, et par extension des « méchants ». Ces derniers sont complètements irréalistes. Que l'un des personnages soit foncièrement mauvais passe à la limite,
mais quelle est la probabilité que sur 7 personnages accidentellement liés à une histoire aussi sordide, 5 survivent à l'idée d'avoir 12 meurtres sur la conscience ? Aussi, encore une fois, je fais dans le spoile, mais pourquoi sur une équipe de 7, la mort « accidentelle » de 2 d'entre eux dans un court laps de temps n'alerte pas les autorités. Aussi, la description physique des personnages du « club des méchants » et tout aussi caricaturale que leur caractère froid, manipulateur et calculateur. Pour ce qui est de l'intrigue, le lecteur voit venir tous les plot-twist des kilomètres à la ronde, rien de révolutionnaire et une fois encore, on verse dans le cliché. Aussi, toute une sous-intrigue concerne le « secret » de Léonore qui, lorsqu'il est révélé, fait l'effet d'un soufflet qui retombe (« tout ça pour ça ?? », il y a plus grave, il faut s'en remettre madame)
Du côté des prétendants, c'est tout aussi mal construits, toutes les intrigues amoureuses se résument au physique des personnages. On a le droit à une TONNE de remarques tout à fait déplacées sur le physique de l'une trop mince pour être considérée comme « une vraie femme » parce qu'elle ressemble à une « planche à pain », l'autre que l'on traite de « monstre », aussi à cause d'une caractéristique physique. (Pour rappel, ces filles ont entre 17 et 18 ans et ces remarques sont complètement banalisées). Les garçons quant à eux sont tous bodybuildés et taillés sur le même modèle. Ensuite, les relations amoureuses évoluent beaucoup trop vite pour être prises au sérieux. Les dialogues sont plats et se ressemblent tous, on a le droit à un tas de répliques mielleuses dignes des plus grandes « disquettes ». (Je n'ai jamais autant levé les yeux au ciel).
Et pour finir avec les côtés négatifs, j'ai relevé quelques détails qui m'ont gêné, mais qui je sais ne sont pas forcément gênant tous les lecteurs :
- le seul personnage noir est nommé « black » par tout le monde (alors que son prénom est disponible)
- À deux reprises, l'auteur utilise « autiste » comme adjectif pour décrire un personnage qui ne fait pas preuve de sociabilité ou qu'il considère comme « sauvage ».
- Et enfin, la psychiatre (donc médecine) de renom qui parle en terme de psychanalyse, encore une fois, ce n'est pas crédible.
Finalement, j'avoue ne pas avoir été tendre dans cette review et j'aimerai tout de même finir sur les points positifs de cette lecture.
C'est quand même un livre qui se lit très vite, les chapitres s'enchaînent et l'intrigue évolue très rapidement, j'ai lu les 570 pages en 3 jours sans trop me forcer malgré tous les défauts que j'ai cité.
Ensuite, j'ai trouvé la sous-intrigue plus intéressante que celle des prétendants, et je peux dire que j'ai aimé la suivre (même si prévisible dans son ensemble). Et pour finir, les 20 dernières pages sont très bien réalisées, l'auteur sait tenir son lecteur en alerte et le personnage principal a enfin fait des choix que je peux comprendre.
Je ne pense tout de même pas lire la suite des romans, mais peut-être que le format BD se prête plus à ce type de récit. Je pense donc que c'est vers ces dernières que je vais me tourner si l'envie me prend de connaître la suite de l'histoire.