Dans un monde ravagé et recouvert par la neige (un véritable enfer de glace) des humains tentent de survivre, tant bien que mal. La loi du plus fort semble être devenue la norme, les conditions extrêmes ont exacerbé l'exploitation de l'homme par l'homme. Cannibales, violeurs, assassins, gourous : les malfrats pullulent, leur domination sur ce qu'il reste du monde ne laisse que très peu d'espoir de voir une civilisation plus vertueuse renaître. Dans ce contexte on suit le parcours de Scully, un homme bourru et à tendance solitaire, qui se retrouve un peu contre son gré à devoir prendre sous son aile la jeune Wynn. Ces deux personnalités que tout ou presque oppose, accompagnées non pas d'un chien mais d'un blaireau tout aussi utile, vont être confrontées à bon nombre d'épreuves physiques et morales, dans un parcours chaotique, sanguinolent, où une mince étincelle d'espoir perdure cependant. Peut-être qu'ailleurs, loin des tourments et du froid permanent, une collectivité bienveillante aurait maintenu un socle d'humanité ?
Si le scénario de
Winterworld reste assez conventionnel en matière de post-apo, il faut bien reconnaître que le rythme est entrainant et que certains rebondissements surprennent malgré tout. de plus les personnages sont réussis dans leur grande majorité. Les (très nombreux) salopards, mais ils ne sont heureusement pas les seuls, bénéficient d'un charisme étonnant : chaque personnage semble crédible, terriblement humain dans le mauvais comme dans le bon. Et si la relation qui lie Wynn à Scully reste elle-aussi dans le domaine du déjà-vu, leur duo fonctionne à merveille. du point de vue du fond
Winterworld est donc un "classique", bien écrit, bien réalisé, plus efficace que réellement novateur (tout du moins aujourd'hui car j'imagine qu'à sa sortie il en était tout autrement). C'est bien, sans être exceptionnel en somme. En revanche du côté du graphisme ce fut pour moi une énorme claque : le noir et blanc est somptueux, il y a du mouvement à chaque planche, le soucis du détail est dantesque.
Jorge Zaffino, par son trait, donne une matière absolument incroyable au récit, sublime même le tout en rendant l'oeuvre tout simplement incontournable.