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3,78

sur 152 notes
Petit livre écrit en 2003.
Sans tabou, sans concession. C'est un appel à la réaction, un appel pour que chacun de nous réagisse face à la non-liberté de ces femmes, jeunes filles, et très jeunes filles et qu'elles ne soient plus des objets.
L'auteur a porté le voile durant 10 ans, elle explique de façon brute la responsabilité de chacun, musulman ou non, intellectuel ou non, français ou non. Elle n'épargne personne. Elle fait entendre sa voix.
Presque 20 ans après la parution de ce petit livret, rien n'a changé, au contraire, le constat est peut être encore plus amer...
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"De treize à vingt-trois ans, j'ai été réprimée, condamnée à être musulmane, une soumise, et emprisonnée sous le noir du voile. de treize ans à vingt-trois ans. Et je ne laisserai personne dire que furent les plus belles années de ma vie." (p. 10, Folio, 2016).... En trois phrases, tout est énoncé , du sujet de révolte absolue de cette auteure iranienne, que je viens de découvrir avec un immense intérêt, avec "Les putes n'iront jamais au paradis "!


Un petit texte , rageur, submergé de colère et de tristesse... paru initialement il y a dix ans...et malheureusement ce que Chahdortt Djavann dénonce ne s'est arrangé en rien, semble même s'être exacerbé au fil des années... Elle s'insurge contre ce qu'elle a vécu intimement toute jeune , dans son propre pays,qu'est l'Iran...Ensuite ce qu'elle a pu observer et constater avec désolation du port du voile, dans son pays d'accueil, la France...
Elle exprime sa colère envers les abus exercés contre les femmes musulmanes, et par là-même, contre toutes les petites filles et jeunes femmes de la terre!

"Ce qu'on dérobe aux regards ne fait qu'attiser les regards. (...)
Le regard salace, le regard illicite, le regard aux aguets, le regard qui -pénètre- le voile. Et les filles réprimandées, car, malgré leur voile, leur corps dissimulé, elles ont attiré les regards illicites. (Folio, 2016, p.24)"

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"J'ai porté dix ans le voile. C'était le voile ou la mort. Je sais de quoi je parle."
Oui, elle sait de quoi elle parle, Chahdortt Djavann, et elle en parle très bien. En des termes clairs et précis.
Chahdortt Djavann a vécu en Iran où elle a connu l'arrivée de Khomeyni au pouvoir et le basculement dans le fondamentalisme religieux. Elle qui a été élevée dans un milieu intellectuel et ouvert d'esprit, « dans l'amour des livres et la détestation des mollahs », est obligée de remplacer la lecture des grands auteurs français (subversifs sans doute) par celle du Coran.
Elle est également obligée de se voiler.
Ayant fui l'Iran, elle arrive en France en 1993, sans parler le français, langue qu'elle apprend sur le tas et en lisant de grands auteurs, en version originale cette fois. Avec succès puisqu'elle écrit directement en français.

L'objet de ce pamphlet est clair, le titre l'annonce : l'auteur est une farouche pourfendeuse du voile.
Ce n'est pas le premier texte que je lis sur ce sujet qui m'intéresse et qui mérite que l'on y réfléchisse en profondeur, loin des petites phrases ou petits slogans réducteurs et sans contenu que l'on peut entendre ici où là, de la part des pro-voile comme des anti-voile.
Le débat devient souvent hystérique entre partisans des deux camps, chacun prétendant détenir LA vérité, mais si l'on réfléchit bien, que savent-ils tous ceux qui pérorent à qui mieux mieux sans y connaître grand-chose ?
"Qui a le droit d'en parler ?" interroge Chahdortt Djavann. Question à laquelle elle apporte une réponse très simple : seuls celles qui subissent ou ont subi le voile sont qualifiées pour le faire. Pour les autres, il ne peut s'agir que d'une vue de l'esprit.
Quelques lignes cinglantes, dont je recopie une partie en fin de critique remettent à leur place ceux qui prétendent s'exprimer alors qu'ils n'ont pas la légitimité pour le faire.

Le voile n'est pas un vêtement ordinaire. Ce n'est pas un simple bout de tissu. Ce n'est pas une simple marque de piété. C'est une prison physique et psychique. C'est un signe fort de l'infériorité de la femme.
Imposé aux fillettes, il les conditionne dès le plus jeune âge : tu es impure, tu ne vaux rien, tu dois être soumise à l'homme.
Chahdortt Djavann explique, analyse et surtout démontre, arguments (historiques, politiques et religieux) à l'appui : voilà la force de ce texte.
"Le voile définit la femme psychologiquement, socialement, sexuellement et juridiquement comme sous-homme."résumera-t-elle dans un roman paru ultérieurement.

Il est honteux qu'en France nombre de personnes se prétendant "féministes" ne s'attaquent pas à ce problème. Si seulement ce petit monde mettait autant d'énergie à combattre le voilement des fillettes (que l'auteur assimile à juste titre à de la maltraitance) qu'il en met à vouloir imposer des stupidités telles que l'écriture inclusive !
Au passage, ces féministes de pacotille feraient bien de s'attaquer aussi à cette barbarie qu'est l'excision et dont la pratique est en augmentation.
Cette abjection. En France en 2020. Oui !
J'ai honte pour mon pays : "patrie des droits de l'homme", "pays des Lumières", semblent désormais des coquilles vides.
J'ai honte de voir que personne ou presque ne s'émeut de ces atrocités infligées à des fillettes sans défense. J'ai honte de voir que quand une voix (timide) tente de se faire entendre dans l'assourdissant silence complaisant, son propriétaire se fait aussitôt traiter d'intolérant, de raciste, d'islamophobe, quand ce n'est pas directement de fasciste, voire de nazi.
Mais, bon sang ! Il n'est pas question de race ou de religion ici : il s'agit d'une barbarie que l'on interdirait si elle se pratiquait sur les animaux !

Ce livre a été écrit en 2003, et il n'a malheureusement pas pris une ride.
Un livre fort de la force de celle qui a vécu et s'est libérée.
Un livre à lire et à méditer. Un livre à faire lire autour de soi.
Ceux qui "soutiennent" les femmes voilées en France, que ce soit par "esprit de tolérance" ou par intérêt politique et clientélisme électoral, ceux qui le font au nom de la "liberté de choix", ne font que les maintenir dans la condition d'êtres inférieurs et de sous-citoyens dans laquelle certains veulent les enfermer. Ils ne font pas le bien : ils nuisent.
Foin d'angélisme, du réalisme !

"Certains intellectuels français parlent volontiers à la place des autres. Et aujourd'hui voilà qu'ils parlent à la place de celles qu'on n'entend pas − la place que tout autre qu'elles devrait avoir la décence de ne pas essayer d'occuper. Car ils continuent, ils signent, ils pétitionnent, ces intellectuels. Ils parlent de l'école, où ils n'ont pas mis les pieds depuis longtemps, des banlieues où ils n'ont jamais mis les pieds, ils parlent du voile sous lequel ils n'ont jamais vécu. Ils décident des stratégies et des tactiques, oubliant que celles sont ils parlent existent, vivent en France, pays de droit, et ne sont pas un sujet de dissertation, un produit de synthèse pour exposé en trois parties. Cesseront-ils jamais de paver de bonnes intentions l'enfer des autres, prêtes à tout pour avoir leur nom en bas d'un article de journal ?
Peuvent-ils me répondre ces intellectuels ?
Pourquoi voile-t-on les filles, seulement les filles, les adolescentes de seize ans, de quatorze ans, les fillettes de douze ans, de dix ans, de neuf ans, de sept ans ? Pourquoi cache-ton leur corps, leur chevelure ? Que signifie réellement voiler les filles ? Qu'est-ce qu'on essaie de leur inculquer, d'instiller en elles ? Car au départ elles n'ont pas chois d'être voilées. On les a voilées. Et comment vit-on, habite-t-on un corps d'adolescente voilée ? Après tout, pourquoi ne voile-t-on pas les garçons musulmans ? Leur corps, leur chevelure ne peuvent-ils pas susciter le désir des filles ? Mais les filles ne sont pas faites pour avoir du désir, dans l'islam, seulement pour être l'objet du désir des hommes."
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Alors qu'elle a quitté l'Iran pour quitter le voile et ses symboliques sexuelles, religieuses et discriminatoires, elle le voit gagner du terrain en France.
Avec colère, elle dénonce nos grands intellectuels, prompts à applaudir Khomeiny. Eux qui croient tout savoir ont laissé mettre en place une théocratie basée sur une version de la charia rigide.
Elle exhorte l'Etat à réinvestir pacifiquement les banlieues, en ouvrant des cours pour les migrants adultes (alphabétisation, mais aussi civilisation). Pour les intégrer, les émanciper. La meilleure manière de rencontrer, puis de diffuser démocratie, tolérance et laïcité. Ou alors les extrémistes gagneront du terrain. Voyez où nous en sommes, 10 ans après la 1ère édition.
Elle ne croit pas non plus au prétendu choix du retour au voile ; pour elle, simple pose. Et surtout, craint le dangereux zèle dont font preuve ces femmes.
Sans parler des religieux, qui au nom de l'Islam laissent bafouer les droits les plus élémentaires.
Plus un coup de gueule qu'un essai construit, l'auteur distribue les coups et renvoie chacun devant ses responsabilités. Beaucoup de ces constats se sont avérés, malheureusement. Sans beaucoup de nuances toutefois car il existe un féminisme voilé qui trouve se libération dans l'étude du Coran. Cela leur a permis de rétablir quelques vérités occultées par les oulémas (hommes, bien entendu). Mais sa position est compréhensible : "c'était le voile ou la mort".
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Chahdortt Djavann nous présente ici son cri de coeur contre la discrimination des femmes musulmanes, son angle d'attaque est le voile, un symbole qui vise simplement à mettre la femme l'arrière plan de tout. pour fuir le voile, Chahdortt Djavann quitte l'Iran, son pays d'origine et arrive en France. Malheureusement après la France accepte le port de voile alors là, son indignation est plus que totale, elle lance un appel pour pouvoir réviser les recommandations de la religion et de ne pas se fier mangeurs de conscience qui dénaturent tout pour restreindre un petit monde d'intégristes alors que le monde actuel est de plus en plus laïque...
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Dans ce cours essai de cinquante pages, Chahdortt Djavann, exilée de la République Islamique d'Iran pour atterrir en France, s'insurge contre la présence du voile islamique et accuse de mollesse les intellectuels qui défendent le droit de le porter. Elle fait un bref retour sur le voile qui lui a été imposé, et sa signification dans la société islamique.

Si je peux comprendre son point de vue, selon lequel les personnes qui n'ont jamais eu à porter le voile ne peuvent pas réellement appréhender ce qu'il signifie et le poids qu'il peut être, on peut lui reprocher l'inverse : ne pas chercher les différentes raisons qui poussent les femmes à le garder, ou à le remettre, et considérer toutes les vies comme identiques à la sienne.
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Pour Chahdortt Djavann, le port du voile est une discrimination faite aux femmes, la femme étant réduite au statut d'objet sexuel devant être dérobé au désir masculin pour préserver l' honneur de l'homme... Parler de signe religieux n'est qu'un prétexte, puisque rien n'oblige l'homme musulman à se voiler. Par ailleurs, le port du voile imposé aux filles mineures doit clairement être interdit en France au nom de la protection de l'enfance.

Dans ce courageux petit essai, l'auteur d'origine iranienne, s'en prend aux intellectuels, français et musulmans, qui ne dénoncent pas cette obligation à laquelle sont soumises de plus en plus de filles et de femmes dans les pays musulmans, mais aussi dans nos banlieues, voir qui l'encouragent. Elle s'en prend également aux femmes en France qui prétendent trouver une libération en portant le voile, sans compter les dérives auxquelles sont soumises celles qui y résistent.

Le problème doit être abordé de front en France, car au nom de la tolérance, on encourage une pratique qui est contraire aux droits de la femme et de l'enfant. Un vrai travail doit être mené pour l'accueil des étrangers, à la fois des cours de français et d'éducation civique pour expliquer les valeurs de la démocratie et la laïcité...Et une vraie prise de conscience des femmes de leur liberté, de leur égalité et de leurs droits...
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Un véritable coup de gueule, de révolte, de tristesse.
Après avoir été contrainte de porter le voile en Iran pendant dix ans, Chahdortt Djavann laisse exploser sa colère dans ce court essai de 47 pages.
Elle explique clairement l'ignominie du port du voile et les conditions imposées aux femmes par l'Islam.
Elle s'indigne contre la religion, contre les intellectuels approximatifs, contre les occidentales qui choisissent délibérément le voile, contre la permissivité généralisée.
Bien qu'évidemment indignée par cette pratique, je n'avais pas pris pleine conscience de sa barbarie
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Un pamphlet bien envoyé à tous et toutes ! Ce petit livre (déjà ancien) a toute la force incisive de "La littérature à l'estomac" de Julien GRACQ (en 1949) - adapté évidemment à un autre "sujet de société", un autre enjeu de civilisation - et une argumentation percutante pour dénoncer un leurre et une oppression... le pire de nos emprisonnements n'est-il pas celui qui peut naître de nos conditionnements ? Le "moutonnage" fait le reste... et la prison mentale a des barreaux qui semblent solides... le livre de Chahdortt Djavann donne évidemment l'envie de les rompre ! Mais seules les intéressées pourront s'en donner l'envie, l'une après l'autre... "Si Dieu veut" ("Allâh iferraj") ! Allah est si Grand, certes, mais Sa sagesse est tout aussi légendaire... alors patience ! Les adolescentes, jeunes filles et femmes des Kurdistans (syrien, irakien et turc) ont déjà pris une "sacrée" avance !
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Née en iran, la romancière Chahdortt Djavann vit depuis plusieurs années à Paris.
De 13 à 23 ans, elle dut porter le voile, elle sait le poids que ce symbole religieux impose aux femmes.
Dans ce bref essai, elle s'insurge contre le débat qui se généralise en France, autour du voile à l'école, dénonçant au passage la mollesse des intellectuels, rappelant la responsabilité des politiques sur l'intégration des minorités, ainsi que le devoir de protection de la laïcité qui incombe aux pays démocratiques.

Au-delà du voile à l'école, c'est contre le voile tout court que s'élève Chahdortt Djavann.
Signe religieux barbare imposé par les dogmes islamiques, le voile est le symbole de la honte, de l'humiliation d'être femme.
Synonyme d'enfermement, d'aliénation, de culpabilité, il est l'étoile jaune de la condition féminine, réduite à sa simple expression d'objet sexuel.
Ce petit essai, s'il manque un peu de consistance, a néanmoins le mérite d'aborder le problème avec conviction et sincérité.
La lecture en est aussi bien agréable qu'intéressante.
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