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une iranienne à Paris
il est des romans brillamment construit, qu'on referme avec l'impression d'être plus cultivé, plus intelligent et qu'on a complètement oublié quelques jours plus tard.

Ici, c'est l'inverse, en le refermant j'ai vraiment trouvé bizarre ce récit, la vie en Iran, puis en Turquie, et en parallèle, le récit des séances de psychanalyse, et la fin .... qui la raconte ?


Et puis les semaines ont passé, et je n'oublie pas, il y a comme un remords, la honte, de ne pas voir, de ne pas entendre, de ne pas faire ....
Alors j'augmente ma note, c'est bien le moins, non ?

Un cadeau de @RaphaelleB
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Je ne suis pas celle que je suis et La dernière séance sont les deux volets d'un même roman, celui de la vie de Donya, une jeune Iranienne au caractère bien trempé et volontiers rebelle. Alternent les comptes-rendus des séances d'une psychanalyse qu'elle entame à Paris en 1994, au cours de laquelle elle évoque abondamment son enfance et sa famille, bien dysfonctionnelle, et le récit de sa vie à partir de 1990 en Iran, puis à Istanbul avant qu'elle ne soit, pour finir, contrainte de se réfugier à Paris. L'évocation de son enfance à Téhéran et celle de sa vie d'étudiante à Bandar Abbas est l'occasion de montrer au lecteur occidental le caractère dictatorial et totalitaire du régime des Mollahs. Et, à ce titre, il est particulièrement intéressant de lire ce(s) roman(s) aujourd'hui où, malgré les emprisonnements, les tortures, les viols, les femmes poursuivent leur lutte avec un courage époustouflant dans le mouvement « Femmes, Vie, Liberté ». L'autrice montre aussi que ce régime théocratique, qui ne laisse aucune place à la réalisation de l'individu, et qui affirme, comme s'il s'agissait d'une loi divine, la suprématie des hommes sur les femmes, a complètement perverti les relations entre les sexes. Des hommes et des femmes partagent leurs vies en ignorant tout les uns des autres, dans un profond malentendu, un profond mépris, un profond malheur, ce qu'illustre très bien le couple des parents de l'héroïne. Pas d'intimité dans le couple et pas non plus dans la famille ; elle n'est que le lieu de la bienséance, la reproduction aveugle des coutumes et celui de l'espionnage et de la répression. Chacun doit se méfier des autres, comme dans l'ensemble de la société. Tout cela est passionnant et rigoureusement argumenté. En revanche, les séances de psychanalyse, impossibles à transcrire dans leur totalité, ressemblent singulièrement à des caricatures. On peut se demander si l'autrice ne règle pas ses comptes avec la pratique, voire avec un psychanalyste tant celui du roman est chargé. Enfin on peut aussi regretter qu'elle n'accorde pas d'intérêt à la vie quotidienne de son héroïne à Paris dont les difficultés sont éludées. Ainsi annonce-t-elle, au cours d'une séance que sa patronne l'a licenciée, la privant de tout revenu et da sa chambre, sans que jamais ne signalé comment elle s'est sortie de cette situation. le procédé désincarne le personnage et c'est dommage. Moins abouti que Les putes voilées n'iront jamais au paradis, ce roman n'en est pas moins un texte important cependant encore aujourd'hui.
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Ce roman est la suite de Je ne suis pas celle que je suis. On y retrouve l'alternance de chapitres à la première personne, les séances de la narratrice chez son psychanalyste parisien, et le récit de la vie de Donya, étudiante iranienne, enceinte suite à un viol et qui se prostitue pour pouvoir payer son avortement en Turquie. Dans ce second tome, une nouvelle vie commence pour elle à Istanbul où elle trouve du travail, redevient étudiante et finit par partir pour Paris, grâce (encore) à un homme providentiel qui tombe vraiment, physiquement, à ses pieds. Son regard sur l'Iran, puis sur la Turquie, puis sur la France y met en évidence les contradictions, les tensions et les liens qui peuvent exister entre hommes et femmes dans ces pays.
J'aime toujours le style de cet auteur, les récits enchevêtrés parfois invraisemblables avec ce ton de conte oriental et en même temps la réalité crue de la condition féminine en Iran.
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J'ai vraiment été captivée par cette lecture, je ne connaissais pas l'auteure et après recherche sur internet, ce roman apparait avoir une part d'autobiographie. Bravo à cette écrivaine pour son parcours personnel, son courage pour fuir cette oppression sous le joug des mollahs iraniens. Qui ne serait pas "démolie" psychologiquement après avoir enduré tant d'épreuves? La psychanalyse a toujours posé question par sa lenteur à agir, son coût financier et la compétence des praticiens. La mise en parallèle des séances et les faits de la vie de l'héroïne rendent ce roman encore plus captivant.
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La rage de vivre libre.
Un récit où présent et passé sont entrecroisés.
Une vie ne devenir dans un autre pays mais surtout une autre langue où le quotidien et ses vicissitudes se posent pour des séances psy qui font resurgir les fondements.
Le lecteur passe de l'un à l'autre sans heurt car il y a un enrichissement, une mélopée de bribes de vies enchâssés.
Comme pour Shéhérazade il s'agit de sauver sa vie.
Partir de Téhéran c'est déjà une aventure dangereuse. Arrivée à Istanbul Donya doit survivre, arrivée à Paris c'est la solitude.
« Elle avait le mal de son pays qui allait si mal, de plus en plus mal. L'Iran était le pays de ses souffrances et il lui manquait. »
Fuir la violence car elle est extrême pour les femmes en Iran, en 1991 il faut fuir le viol, la prostitution, le mariage forcé, l'autoritarisme patriarcal…
Il y a de quoi ne plus vouloir vivre mais finalement, une obligation de suivre une thérapie et reprendre le cours d'une vie à réinventer.
C'est aussi lors de ces séances la recherche de sa voix française pour trouver la voie qui lui permettra de vivre.
Le périple commence par Istanbul si la vie n'y est pas simple, il y a de vraies rencontres.
Mais 1993 c'est Paris, ses multiples petits boulots pour survivre et étudier, c'est apprendre la langue pour exister et être griffée par la solitude.
« Malgré sa carte de séjour, pendant les premières années, elle vivait dans la clandestinité à Paris. Elle travaillait au noir. Elle apprenait la langue dans sa chambre de bonne, seule, le soir. Elle ne touchait aucune aide, car elle n'en avait pas fait la demande. Outre son orgueil d'aristocrate qui lui défendait d'aller faire la queue avec des pauvres pour obtenir des allocations, elle craignait d'être dénoncée. »
La colère lui permet de fuit, la rage lui permet de survivre, les deux l'amèneront à vivre.
L'auteur de cache pas le côté sombre de cet exil et de la condition féminine.
Elle explore les gouffres dans lesquelles elle pourrait sombrer corps et âme.
L'angoisse qui taraude le corps et l'esprit et ses conséquences.
C'est un portrait complexe et complet.
Une héroïne boxant la face du monde, un uppercut que le lecteur reçoit.
Finalement ce sont les séances psy qui sont les respirations, car l'auteur y fait preuve d'une insolence salutaire et nous surprend à éclater de rire.
« A quoi ça sert la psychanalyse ? En guise de réponse le psy soutient son regard effronté. »
Un portrait de femme très fort, hors du commun, sans fard juste accompagné par une très belle écriture.
Un enseignement pour tous ceux qui ignorent ou veulent ignorer ce qui se passe ailleurs et qui entraîne un exil où la violence revêt un autre visage, celui chez nous de l'indifférence, la peur de l'autre.
Je suis admirative et bouleversée par ses destins où sans la rage il n'y a plus de vie possible.
« A l'aube elle nota :
Ce matin
Je me suis réveillée
Née
Sans obsession, sans image, sans idée poussiéreuse.
Une herbe, une goutte de rosée.
Une seconde ou mille ans
Qui durent une éternité.
Légère, vide ou pleine de bonheur
Sans soucis, sans demains, sans hier.
Juste une herbe, une rosée, une pensée. »
©Chantal Lafon

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factuel, plat, aucune emotion, décue après avoir lu toutrs les excellentes critiques. Pourtant le thème était intéressant
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Peut-on se battre contre son destin ?
Peut-on se battre contre son pays, sa naissance ?

Chahdortt Djavann l'auteure nous embarque dans ce récit, dans la vie de Donya cette jeune Iranienne … dans ses moments de vie qui s'enlacent et s'entrechoquent !!
Un chemin tortueux et « fracassant » vers la liberté ...
Nous sommes happés par cette leçon de vie ou de mort … par ce regard dur et glaçant, sur son pays, l'Iran. Ce pays qu'elle ne cessera de fuir !!
L'auteure nous plonge aussi … dans la psychanalyse qu'elle égratigne avec « délice » …

Une claque … une fougue … et une justesse dans l'écriture !!
Une ode à la langue française … où la poésie à sa place …

Un coup de poing … littéraire !!
Un coup de coeur que j'ai « croqué » et « mordu » avec bonheur !!
Lien : https://lespatchoulivresdeve..
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La suite de "Je ne suis pas celle que je suis" (on reconnait les couvertures au divan bleu du premier tome et rouge du second).
J'ai été très heureuse en découvrant qu'il y avait une suite à "Je ne suis pas celle que je suis" et comme d'habitude je n'ai pas été déçue. Je ne suis jamais déçue avec Chahdortt Djavann!
Comme dans le premier tome on retrouve Donya, la suite de l'histoire de sa vie dans les années 90 en Iran puis en Turquie et son analyse quelques années plus tard à Paris, avec cette fois la fin du voyage.
Exceptionnellement j'ai eu une déception: les deux derniers chapitres soit 5 pages, c'est la fin et j'aurai préféré le livre sans ces 5 dernières pages.
Comme toujours avec l'autrice on retrouve une maîtrise parfaite de la langue, des images, des descriptions, un rythme rapide, soutenu, qui laisse toujours en alerte.
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Ce roman analyse avec clairvoyance les tenants et les aboutissants d'une psychanalyse suite à un traumatisme, ici le viol.
L'auteur dénonce la violence infligée aux femmes, mais aussi, et dans ce contexte précis, la difficulté de vivre après le choc, surtout pour une femme issue de l'émigration, ayant choisie de changer de pays pour sa survie.
Les séances de thérapie entrecoupent le récit, et permettent au lecteur de respirer, entendre la douleur autrement, tout en suivant en parallèle le récit d'une horreur indescriptible qui laisse sans mot.
La justesse de ton et la qualité stylistique ne font qu'amplifier la prise de conscience de la difficulté que peut éprouver une femme pour se relever suite à un viol.
Même si ce roman s'avère extrêmement pessimiste, il s'avère malheureusement, réaliste.
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Après la découverte étonnante du dernier texte de cette auteure, d'origine iranienne, "Les putes voilées n'iront jamais au paradis", je me suis précipitée à la médiathèque pour emprunter d'autres écrits, dont celui-ci...afin de faire plus ample connaissance avec cette femme écrivain, courageuse, qui écrit directement en français !

Dans cette "Dernière séance"... la narratrice iranienne relate ses aventures à un double niveau, avec des flash-backs sur Téhéran, son pays, l'Iran, Istanbul où elle entreprend des études, Sofia et enfin Paris...et en alternance, elle nous raconte 6 années d' analyse... Psychanalyse mouvementée où la narratrice apostrophe souvent rudement et insolemment son psy...

Le texte est fort intéressant, parfois inégal... Personnellement, ... les passages qui m'ont le plus touchée sont les réflexions sur la langue française, à laquelle elle rend un vibrant hommage.

"C'est peut-être insensé de dire ça, mais en français, je veux dire dans la langue elle-même, j'ai trouvé un refuge...
-Oui
-...Chaque mot que j'ai arraché au dictionnaire m'a arrachée à son tour aux blessures que j'avais vécues en persan.(...)
-Je ne sais comment le dire...J'ai fait miens les mots français, et eux, ils ont fait leur mon enfance, mon enfance qui s'est passé sans eux.(...)
- Ils ont créé une distance, un espace entre moi et le passé que j'ai vécu dans ma langue maternelle, et c'est dans cet espace-là que je pourrais, peut-être construire une vie...
Dans cet entre-deux. (...)
J'aime cette langue comme on peut aimer quelqu'un... Elle est la plus belle rencontre de ma vie" (p. 198)

L'héroïne dit son mal-être, le mal du pays lancinant, les déchirures multiples (une mère mal-aimante qui désirait un garçon, lui reprochant régulièrement d'être une fille; un père brillant , mais dont la vie bascule avec l'opium et la folie...qui fut la terreur dans sa demeure..et pour sa fille !.), la nécessité de claquer la porte "familiale" pour tenter de survivre...

Comme il est connu, dans ces pays, être une jeune fille seule même des plus courageuse, est un péril de tous les instants...

Des allées-retours dans le récit, entre le déroulement des séances psy... et le vrai "parcours de combattante" de la narratrice pour fuir son pays , l'Iran, afin d'échapper à une famille mortifère,à un régime de terreur, ainsi qu'aux déconsidérations constantes, violentes, envers les femmes, et même les petites filles...

Une échappée vers la Turquie, puis vers la Bulgarie, puis à nouveau vers la Turquie, où Donya travaille avec acharnement pour obtenir des papiers, entrer à l'Université...

En sus de ce double niveau de récit, s' intercalent des poèmes...personnels !
La narratrice se débat en France, à Paris, dans sa chambre de bonne pour poursuivre ses études, et payer parallèlement ses séances d'analyse...On sent la narratrice à la fois , fascinée et exaspérée,méfiante envers la psychanalyse...


De nombreuses thématiques s'entrecroisent: l'exil, l'apprentissage d'une langue, se construire envers et contre tout lorsqu'on naît "fille" dans un pays non démocratique, où les discriminations envers les femmes sont "monnaie courante", et quasi "institutionnelles"....

"Et crois-tu que les choses ne vont pas changer pour les femmes ? Tu sais, avant d'aller en France, je me croyais seulement un homme, et depuis que je vis à Paris, je suis devenu un être humain.
Et ça, c'est grâce à des relatons amoureuses ou amicales que j'ai eues avec des Françaises. J'ai compris à quel point dans nos pays musulmans on abîme mentalement hommes et femmes. Cette virilité fruste, ce mépris de la féminité qu'on inculque aux hommes..."(p. 477)

Un texte qui m'a permis de faire connaissance avec l'univers de Chahdortt Djavann... même si personnellement, les séances psy auraient pu être réduites...autre bémol: la fin tragique de Donya...

On se surprend... à être heureux , soulagé de savoir l'auteure, vivante... et poursuivant par l'écriture, ses courageux engagements et dénonciations des "malheurs faits aux femmes" dans les espaces minés par la propagande et le fanatisme religieux...

En dépit de passages inégaux et de la conclusion qui m'afflige, ce texte est prenant, rythmé, réunissant colère, rébellion, indignation, poésie, et une insolence des plus salutaires ....!


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