Tu n'es qu'à une heure de la capitale...tu vis en ermite, comme dans un désert. As-tu réalisé que tout près de toi, le pays est devenu un volcan : les fous de Dieu, ou plutôt les nouveaux Barbares s'agitent, occupent des places publiques, mobilisent les jeunes chômeurs, et surtout, surtout, maîtrisent les nouveaux médias....tu sais, j'ai l'impression qu'ils vont gagner les élections."(P. 155)
les passantes au voile blanc de soie et de satin, celles dont les yeux.. vous regardent fixement, au-dessus de la voilette raidie sur l'arête du nez.
. cette heure matinale - six heures, ou six heures et demie, lorsque l'aube va s'épuiser : quelques vapeurs au-dessus de l'eau, une écume de vague. Tout près, sur le rivage, un frémissement d'eau ; en arrière, un bosquet de roseaux ou le début d'un toit de tuile, sur le côté du cadrage
Deux solutions pour recouvrer la mobilité dans cette «ville des tempêtes», comme dirait Berkane : choisir d'être barbu, avec un air hypocrite de dévot, [....] ou alors m'habiller en tchador des pieds à la tête et marcher ainsi, comme une femme se mouvant dans la ville ! Hélas.....(P. 292)
Comme deux autres de ses collègues, il recevait, depuis deux ou trois semaines, à son domicile, à Alger et par la poste, la «lettre fatale» : à savoir un morceau de coton blanc, une petite dose de sable dans un étui, et un papier plié en quatre sur lequel etait écrit en langue arabe un seul mot «renégat». Driss, à la première des lettres en avait parlé à son directeur qui lui avait dit sobrement «avec toi au journal, nous sommes donc trois à être condamnés à mort par les fous de Dieu». Alors seulement Driss avait médité le sens de ces signes macabres : le tissu blanc annonçait le linceul et le sable, la terre de la tombe, puisque tout musulman, enveloppé de tissu blanc, repose au fond de sa tombe, à même le sol. (P. 253)