Citations sur Loin de Médine (8)
Je crois entendre, certaines nuits, la voix grave de Fatima, particulièrement cette dernière fois où je la vis vivante, allongée sur sa couche, mais parée comme une mariée : je faisais partie de la seule délégation des épouses et mères des Ançars qu’elle accepta de recevoir. Oui, parfois, au cœur de la nuit, j’entends ses derniers mots accusateurs : - Je vais être débarrassée de tous vos hommes ! Dorénavant comme ils me paraissent lourds, tous ces hommes à l’opinion indécise !
Quelle Musulmane de cette ville ou d’ailleurs perpétuera cette éloquence enflammée qui nous brûlait, qui tenait en émoi ?
La fillette, au fond de la chambre, dépose ses poupées au sol. Elle se met à chantonner faiblement, lointaine, rêveuse et pourtant si présente. Cette gaieté qui l'habite tous ces jours !
"Ainsi, songe le père, l'insouciance bénie de l'enfance s'accélère en elle !"
Seule à ne pas parler, à ne pas écouter, elle regarde et ses yeux rient, comme s'ils s'emplissaient du secret des adultes, non pas d'un mystère, plutôt d'une lumière, d'une évidence.
Un hadith n' est jamais tour à fait sûr .Mais il trace , dans l' espace de notre
foi interrogative , la courbe parfaite d' un météore entrevu dans le noir .
Marya s' installait avec sa simplicité coutumière , disponible à toutes , écou-
-tant de chacune les propos enjoués, répondant aux questions sur sa santé
ou son bien-être . Sirin, heureuse de la simple vue de sa jeune soeur,
jouissait des regards admiratifs des enfants sur l' invitée . Dieu, comme
Marya restait belle ! Plus que belle, resplendissante .
Aïcha « mère des croyants » parce que première des rawiyates [...] elle voit son destin se dessiner : oui, nourrir la mémoire des croyants, entreprendre cette longue patience, cet inlassable travail, distiller ce lait goutte à goutte. Préserver, pour toutes les filles d'Ismaël, parole vive.
Toutes les femmes de Médine rapportent, ont rapporté comment, parce que je me trouvais mariée lorsque j’étais esclave, le Prophète - que Dieu lui assure le salut ! - m’a donné le choix :
-Veut-tu garder ton statut d’épouse ? J’interviendrai pour que ton mari, même esclave, soit près de toi ! Ou bien, tu peux choisir, puisque te voici libérée, de te libérer aussi des liens de mariage.Tu peux choisir de vivre comme une femme veuve ou divorcée, en attente d’un autre mari !
J’ai à peine hésité : » Libre d’un coup ? » ai-je pensé, le cœur battant. » Libre comme être humain et libre comme femme, pouvoir moi-même choisir quel homme je veux, ou même vivre seule, ou…
Ces deux femmes, figurantes fugitives, sont épousées par le même homme, Khalid en personne, et chacune après la défaite de son propre clan. L'une et l'autre passent sans coup férir du camp vaincu dans le lit du vainqueur. Est-ce avec allant, ou dans une lenteur désespérée, que leur pas les conduit à la couche nuptiale ?
Ainsi, une nouvelle fois, une femme est l'orage; à peine le ciel allait-il devenir serein que, étrangement, pour les hommes de Khalid, la menace d'une liberté incontrôlée est concrétisée par une femme !