La seconde vie de Jane Austen

Bof, bof et rebof. Idée sympa, faire revivre Jane à notre époque, en France, le temps d'écrire six romans. Forme épistolaire mâtinée d'articles de magazines signés par des journalistes existant vraiment, pour faire plus vrai. On aurait pu apprécier les clins d'oeil sur le subjonctif imparfait, mais on regrette les quelques fautes d'accord ou de tournure qui traînent, malgré le « formidable travail éditorial » de B. Virot. On sent que l'auteur s'est amusée, mais un peu toute seule quand même.

Le départ de ce roman est assez atypique : faire vivre Jane Austen au XXIe en France mais en gardant sa mentalité bien pensante du 18ème. Je connais très peu les oeuvres et la vie de Jane Austen même si j'ai lu quelqu'uns de ses romans et oeuvres dérivées.

Les premières pages m'ont fait entrevoir une Jane Austen hautaine, arrogante et m'a interrogée si j'allais continuer ma lecture. Mais au fur et à mesure de ma lecture, le charme a pris et m'a permis d'apprécier cette histoire. J'ai trouvé certains passages assez drôles (Jane Austen faisant les gros titres dans les revues people, le club des Virgins ,...)

Pour résumé : une idée de départ très intéressante, une écriture très travaillée et délicate. Un exercice de style réussi.

Roman étrange s'il en est. Jane Austen transportée à travers le temps et l'espace pour atterrir en France à notre époque et y écrire ses romans (sans une virgule de différence) en français !
Le personnage n'est pas très sympathique (mais l'était-elle vraiment?) snob, sûre d'elle et parfois impitoyable. le roman fait rire, par ses éléments incongrus, par son traitement de Mansfield Park, par le comportement de Jane et par les nombreux extraits en presse.
Au fond, rien ne perturbe le vif du sujet: ses romans et leur succès.
L'auteur en profite pour réfléchir sur le travail d'une auteure britannique qui écrit en français (son propre cas). Elle essaie également de combler un manque: le relatif anonymat de l'oeuvre de Jane Austen en France.
Enfin, sa plume est aussi aiguisée que celle de Jane Austen, pas de féminisme explicite pour Jane ni de patience ou de compromis vis à vis de l'usage de la langue. Elle se soucie à peine de ses lecteurs, seuls ses livres comptent.
Si ce livre pourrait écorner l'image de Jane Austen, il n'en est rien grâce au décalage assumé (et parfois directement intégré à l'histoire par de petites incohérences temporelles) et à l'humour omniprésent. J'ose croire que Jane elle-même en aurait ri!

Et si Jane Austen avait vécu au XXIè siècle et si ces livres avaient paru durant cette période? Tel est le propos novateur de ce roman léger & fantaisiste. le propos manque peut-être de mordant, mais le récit se prête à de nombreuses situations cocasses (les relations avec la presse, sa relation d'amour avec un postier…). Entre récit épistolaire & critique de presse, le livre se dévore rapidement, tant le lecteur est avide de découvrir la suite des aventures de Jane en 2020. Si le fil de l'histoire se maintient sur une notion d'apparence, il égratigne malgré tout la presse people, les relations basées sur l'argent et les remises de prix. le roman a aussi ce don : (re)plonger dans l'univers de Jane Austen. Petit bémol, tant qu'à faire revivre Jane Austen, autant se plonger avec plus d'effort dans sa famille. Car, ce sujet est abordé, mais sans réelle profondeur. Mais La seconde vie de Jane Austen est une jolie découverte inattendue qui fait sourire. Rien de tel pour se remettre à lire après une absence de lecture & évacuer un quotidien trop morose.