— Est-ce vraiment de la viande de singe ? fit Meeks, les yeux ronds, contemplant le morceau qui pendait au bout de ses doigts.
— Mais oui, répondit le vieux Marobi en riant.
— Jamais je n'aurais cru qu'un singe était bon à manger. Et quelle saveur !
— Tu as encore beaucoup de choses à apprendre sur l'Afrique, mon cher, dit Mayéla, ironique. Meeks lui jeta un regard plein d'agacement et se remit à savourer le morceau tandis que le père Marobi souriait de contentement.
Chapitre II.
Mais Pontardier, pris dans son envolée, continuait :
- Vous comprenez, n'est-ce pas, mon cher Mayéla, pourquoi on dit que l'Afrique est mal partie.
Alors Mayéla ne sut plus se contenir.
- Ecoutez, monsieur l'expert, j'en ai assez d'entendre que l'Afrique est mal partie, surtout de votre bouche, vous qui n'avez aucun droit moral à nous donner des leçons. A l'"indépendance", vous vous êtes arrangés pour balkaniser l'Afrique et pour créer des structures facilitant votre mainmise sur les nouveaux Etats où vous avez placés de nouveaux rois nègres à votre service, après avoir éliminé les vrais nationalistes. Et pour camoufler tout cela, vous nous jetez aux yeux la poudre de l'"aide et de la coopération". Et vous faites semblant de vous indigner quand vous savez bien que ce que vous appelez de l'argent gaspillé retourne chez vous, bénéfices en plus ! Vous poussez la malhonnêteté jusqu'à dire à vos concitoyens que si rien ne va plus chez vous dans le domaine social, c'est parce que tout l'argent s'envole en Afrique, où la France est en train de construire un système de tout-à-l'égoût dans tous les petits villages !
- L'émotion est nègre et la raison, hellène, missié.
p.294
Taisez-vous, femmes, vous perlez, vous parlez comme la rivière qui coule, dit le vieux.
p.228