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Critique de Alfaric


Depuis que les humains ont quitté le château, les animaux sont égaux et libres dans la nouvelle république qu'ils ont fondée. du moins c'est ce que veulent leur faire croire le président taureau Silvio et les membres de sa garde canine (qui n'ont pas de noms mais des numéros), car certains sont plus égaux et plus libres que d'autres en exploitant leurs prochains sans merci pour conserver le rang et les privilèges qui les placent au-dessus des autres. Les animaux triment dur et crèvent de faim tandis le président et sa clique se gavent en permanence, et donc ce qui devait arriver arriva : l'oie Marguerite lance une révolte au nom de la liberté, de l'égalité et de la fraternité, et les puissants qui ne comprennent que le langage de la violence la réprime dans un bain de sang sans précédent ! Tandis que Miss Bengalore pense à sa survie et à celle de ses deux chatons et tandis que les animaux terrorisés pleurent leurs morts, le président taureau Silvio lui fête sa victoire en buvant une baignoire de champagne… le pouvoir jubile et pense être tranquille pour longtemps, quand arrive au château le rat va-nu-pieds Azélar qui raconte l'histoire du fakir va-nu-pieds Gandhi qui par la non-violence fit plier le plus puissant empire du monde. Pour le président taureau Silvio, il représente un danger mortel et il envoie sa garde canine régler son sort. Sauf qu'il est sauvé par Miss Bengalore et ses amis, et que pour les remercier il décide de devenir leur coach en « lutte contre la tyrannie » : la dictature le sait pas encore, mais elle est déjà morte ! La révolution à la marguerite est en marche et rien ne l'arrêtera : pour les crevards et les salopards, c'est le début de la fin !!!


On pourrait écrire que "Le Château des animaux" commence là où finissait "La Ferme des animaux" : tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d'autres et en profitent pour asservir peu ou prou tous les autres… Décrire les mécanismes de la tyrannie c'est une chose, trouver le moyen de s'en débarrasser sans haine ni violence, sans mépris ni indifférence c'en est une autre. Nous ne sommes donc ni dans le remake, ni dans la relecture, ni dans la suite du classique de George Orwell, mais dans le récit qu'il aurait dû écrire s'il avait connu le meilleur de l'humanité et non le pire. C'est ainsi que le rat Azélar, la chatte Bengalore, le lapin César et le canard Ruck partent tous ensemble en croisade contre le Grand Capital et la Bête Immonde, ces deux faces de la même pièce. La tâche et rude, le chemin est long et rempli d'embûches, et comme chacun le sait la voie menant vers l'enfer est pavée de bonnes intentions… Parviendront-ils à destituer le président taureau Silvio et sa garde canine (qui roulent des mécaniques devant les animaux mais qui se chient dessus devant les humains) ? To Be Continued !

Je tiens vraiment à signaler que le courage de la veuve Miss Bengalore n'est pas sans rappeler le courage de la veuve Brisby, personnage principal du fabuleux mais méconnu et mésestimé film d'animation "Brisby et le Secret de NIMH" de Don Bluth, tiré du premier tome de la trilogie de Robert C. O'Brien.
Ésope, Jean de la Fontaine et d'autres avaient bien compris que la fable animalière et l'anthropomorphisme avaientt un formidable pouvoir de critique sociale et politique. Et ici les auteurs livrent un travail extraordinaire : le scénariste Xavier Dorison a été consulté ses frères d'armes Alex Alice et Matthieu Lauffray, tandis que le dessinateur Félix Delep s'est rappelé au bon souvenir de son mentir Lewis Trondheim.
Xavier Dorison évoque les tyrans totalitaires, les bouchers de la Terreurs, Fidel Castro, Mouammar Kadhafi et Rouhollah Khomeini, mais pourtant on se surprend à identifier des propos et des postures d'Emmanuel Macron, d'Édouard Philippe, de Christophe Castaner ou de Benjamin Griveaux comme ceux et celles de Donald Trump, de Boris Johnson ou d'Angela Merkel. Comme c'est étrange ? On nous aurait menti à l'insu de notre plein gré ??? Car que font les autoproclamées élites occidentales à part être complices entre autres choses de nettoyage ethnique en Syrie et de crimes de guerre au Yémen ? Diviser pour régner, en espérant voire en priant que la fin du monde subvienne avant la fin de l'hypercapitalisme et de l'ultralibéralisme qui assurent leur rang et leurs privilèges (car comme dirait l'autre, après tout « après moi le déluge »)… Ah ça oui, quel Monde de Merde !


PS : visiblement le scénariste Xavier Dorison dérange certains autant que le conteur Azélar dérange le président taureau Silvio et sa garde canine car ils y en a qui sortent du bois pour le qualifier de sale gaucho porté par une immonde populace sur les réseaux sociaux… bien sûr que j'ai des noms, et ils/elles se reconnaîtront, mais je n'ai aucunement envie de leur faire de la publicité !
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