Rentré d'exil, Emile Bernard nourrit désormais une farouche aversion pour les avant-gardes, pour toute forme de modernité, et développe abondamment ses vues conservatrices dans sa propre revue. Mal reçues en France, un peu mieux à l'étranger, ses recherches plastiques, déployées en gravure et en peinture, révèlent un artiste aux yeux rivés dans la contemplation des maîtres du passé.
S"estimant incompris d'une bonne partie des artistes et de la critique, Emile
Bernard prend le chemin de l'exil en 1893 pour une dizaine d'années. En Espagne, en Italie, au Caire surtout où il s'installe durablement, il médite la leçon des maîtres anciens et cherche, par des moyens classiques, à saisir la beauté antique de l'Orient.
La première période d'Emile Bernard est aujourd'hui la plus connue, qui a imposé son nom parmi ceux des pionniers de la peinture moderne. Figure de proue de l'aventure de Pont-Aven et du synthétisme qu'il élabore en dialogue avec Gauguin, cet esprit brillant et audacieux déploie à l'avant-garde des années 1890 son rejet du naturalisme et sa foi en une peinture de l'idée.
La sinueuse trajectoire d'Emile Bernard révèle et à la fois cache un personnage déroutant. Mû par un idéal élevé et par une intime colère, cet esprit ambitieux, cultivé, chercha sans relâche à toucher la vérité en peinture, d'abord avec les tenants de la modernité, puis à contresens une époque qu'il jugeait médiocre.
Aussitôt qu'il a trouvé quelque chose, Emile Bernard fait table rase et part ailleurs.
On peut lire les nus de Bernard comme une sorte de réponse aux baigneuses de Cézanne.
On ne reconnaît pas tout de suite un tableau d'Emile Bernard, que l'on soit amateur ou collectionneur.
Bernard réagit contre l'art qui domine alors, le naturalisme et l'impressionnisme.