Citations sur Les Carnets du sous-sol (Notes d'un sous-terrain) (155)
L’amour ne peut rien être d'autre qu'un droit volontairement donné à l'objet que l'on aime de nous tyranniser.
Je méprisais sincèrement le travail que je faisais et si je ne crachais pas dessus, c'était par pure nécessité, parce que c'est là que je me trouvais - et que je touchais ma paie.
Il y a dans les souvenirs de chacun des choses qu'il ne révèle pas à tout le monde, mais seulement à des amis. Il y a des choses qu'il ne révélera pas même à ses amis, mais seulement à sa propre conscience, et encore
- sous le sceau du secret. Et il y a enfin des choses que les hommes craindront de révéler même à leur propre conscience, et ces choses, même chez les hommes les meilleurs, il y en a une quantité qui s'accumule. On pourrait l'énoncer ainsi: plus les hommes sont hon-nêtes, plus il y en a.
Je n'avais même pas compris qu'elle faisait exprès de se masquer dans l'ironie, que c'était là le dernier refuge courant des gens au cœur pudique et droit quand, d'une manière grossière et insistante, vous voulez pénétrer dans leur âme - des gens qui, par fierté, résistent jusqu'au dernier instant et craignent d'exprimer devant vous ce qu'ils ressentent.
Citation extraite de la préface de l'ouvrage de Joseph Frank "Dostoïevski, un écrivain dans son temps"
À son retour en Russie, après 10 ans d'exil en Sibérie, Dostoïevski jugea inacceptables les idées de la génération des années 1860, qui étaient apparues pendant son absence. Défendues à l'origine par Nicolaï Tchernychevski et Nicolaï Alexandrovitch Dobrolioubov, ces conceptions étaient un mélange spécifiquement russe entre l'athéisme de Ludwig Feuerbach, le matérialisme et le rationalisme des penseurs français du XVIIIe siècle et l'utilitarisme anglais de Jeremy Bentham. La nouvelle théorie des révolutionnaires russes était l' "égoïsme rationnel " de Tchernychevski. La première réponse de Dostoïevski à ce nouveau credo fut Le Sous-sol : on y voit le déterminisme généralisé de l'homme du sous-sol, conçu comme le nec plus ultra de la pensée scientifique entrer en conflit avec les scrupules moraux qui le tourmentent malgré lui.
Aimer c'est souffrir et il ne peut y avoir d'amour autrement.
Mais de quoi un honnête homme peut-il parler avec le plus de plaisir ?
Réponse : de soi-même.
Eh bien, je vais donc parler de moi-même !
Un rôle secondaire, c'était hors de mon entendement, voilà pourquoi, dans la réalité, j'occupais tranquillement le dernier.
Couvrez [l'homme] de tous les biens du monde, noyez-le dans le bonheur la tête la première, pour qu'il ne reste que des petites bulles à glouglouter à la surface de ce bonheur, comme sur une mare ; donnez-lui une suffisance économique telle qu'il ne lui reste absolument plus rien à faire, sinon dormir, manger de la brioche et s'agiter, l'histoire du monde ne s'arrête pas – lui, l'homme, je veux dire, une seconde plus tard, par pure ingratitude, par pur désir de nuire, il vous fera une entourloupe. Il ira jusqu'à remettre sa brioche en jeu et se souhaitera, exprès, les bêtises les plus catastrophiques, la plus antiéconomique des absurdités, dans le seul but de mélanger à toute cette raison si positive son élément fantastique fatal. Oui, ce sont bien ses rêves fantastiques, c'est sa bêtise la plus crasse que l'homme voudra se conserver dans le seul but de se confirmer à lui-même (comme si cela était vraiment tellement indispensable) que les hommes sont encore des hommes, et pas des touches de piano, sur lesquelles jouent peut-être les propres mains des lois de la nature, mais qui menacent, ces mains, de jouer au point qu'il sera interdit de vouloir hors des limites de l'almanach.
Ce que je faisais à la maison, c'est que je lisais. Je voulais que des impressions extérieures viennent étouffer ce qui bouillait sans cesse au fond de moi.