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Moi aussi j'aime me promener seule, à mon rythme, rêvasser, flâner dans les rues calmes de Paris. Seul moyen pour voir les bâtiments, leurs couleurs, leur architecture et les petits trucs qui font toute la différence. Un rayon de soleil qui luit sur une cheminée argent, une petite tour dont on ne sait pourquoi elle sort du toit à cet endroit sauf peut être pour saluer la girouette sur la crête d'en face ou même sourire à la vieille pendule qui n'a plus d'aiguilles. Ils peuplent ma solitude. Je peux même me parler et partir dans mes rêves avec le décor que j'organise suivant mon humeur, en fonction de ce qui se trouve autour de moi. Je le comprenais d'autant mieux, ce doux rêveur de Saint-Pétersbourg que j'aime également être dans la lune, la voir alors que la nuit n'est pas tombée, même si ces derniers temps les jours sont encore bien courts.
Fatiguée des pieds, je me pose alors sur un banc, entre deux crottes de pigeons -Paris oblige- et je regarde les passants. Quel plaisir de croiser cet homme, voilà plusieurs jours que je le voie attendre dans ce square. Une femme, sans doute. Une rencontre inespérée ? ...il doit maudire le temps qui passe si lentement. Il sort parfois de sa poche une lettre, la parcourt des yeux puis la froisse dans un geste de colère et l'enfouit dans le fond de la poche de sa gabardine et relève son col. Cela fait déjà trois jours que je le voie ici. Oh, il reste encore une quatrième nuit à attendre et je suis certaine que demain elle viendra. Nastenka. Comment je le sais ? Je rêve ne vous l'avais-je pas dit ? Mes nuits blanches me valent quelques merveilleux rêves éveillés. Mais en attendant que son merveilleux advienne, cet homme pourrait changer d'avis ? Qui sait, ne suis-je pas assise, face à lui ? Un éclair et il pourrait m'aimer ? Oublier l'autre ? Tout est possible… Oh il me regarde ! « Mon Dieu ! tout un instant de bonheur ! N'est-ce pas assez pour toute une vie ? » Il m'a aimée ...gui sait...
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Une ode à l'amour en ces nuits les plus courtes de l'année à Pétersbourg en 1748 où déambule un jeune solitaire, timide et rêveur !

Il voit une jeune fille qui pleure et qu'un passant veut aborder. Il la rejoint et devient son confident ! Elle pleure d'un chagrin d'amour et finit par se penser amoureuse du jeune homme car lui l'aime et qu'elle désire se libérer de l'emprise de sa babouchka !

Avec la plume poétique et sans fioriture mais aussi emplie d'autodérision de Dostoïevski ce court roman devient un chant dédié à la solitude et à la recherche vaine et mensongère de la tromper par de faux prétextes !

CHALLENGE RIQUIQUI 2020
CHALLENGE PYRAMIDE VI - Halloween 2020
CHALLENGE XIXème SIECLE 2020/2021
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ça y est j'ai fini ! C'est vraiment très court et intense, romantique à souhait : ces grandes envolées lyriques ( un peu mielleuses) , ces grands sentiments, compassion, amitié, amour pur et passionné qui naissent entre ces deux êtres dont la vie n'était que solitude. C'est un conte où les âmes sont torturées c'est la nuit sombre à Pétersbourg qui reçoit les confidences et pourtant il y a cette dernière phrase, le comble ! " Mon Dieu ! Une pleine minute de béatiude ! N'est-ce pas assez pour une vie d'homme ? ..."
Extase ?
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Voici la lecture de mon premier Dostoievski terminé ! Un récit plutôt court, mais très émouvant. Une rencontre improbable entre deux âmes en peine. Une histoire déchirante, émouvante, troublante, mais pas tirée d'un conte de fées. L'amour est triste chez cet auteur, du moins dans ce texte. Des personnages torturés, que tout éloigne, mais qui se trouveront pendant quelques nuits, blanches, sans sommeil, avec beaucoup d'histoires à se raconter. J'ai aimé la plume, la tournure des phrases, les émotions qu'elles dégagent. Un fort ressenti, comme un coup au coeur, en lisant les dernières lignes. Un texte à découvrir.
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De Fiodor Dostoïevski, je ne connaissais que "Crime et Châtiment" étudié et aimé, relu et adoré. J'avais projeté (je projette encore) d'un jour lire "Les Frères Karamazov" et "L'Idiot", surtout "L'Idiot". Il me fait tellement envie celui-ci! Quant aux "Nuits Blanches", j'avoue que je serai passée complètement à côté sans le cinéma, sans Luchino Visconti puis James Gray.

J'étais encore étudiante quand j'ai vraiment découvert la filmographie du premier (mon père avait bien tenté de m'amadouer avec "Le Guépard" mais en ce temps-là, j'étais trop petite et je garde de ce premier visionnage le souvenir d'un ennui profond): j'ai commencé avec "Rocco et ses frères" qui reste mon préféré et l'un des films que j'aime le plus au monde. Ensuite ce furent "Les Damnés", "Ludwig", "La Mort à Venise"... Après avoir épuisé les opus les plus connus du maestro me restaient à découvrir les oeuvres "mineures": "Senso", "Les Amants Diaboliques", "La Terre tremble" et... "Les Nuits Blanches" dans lequel Marcello Mastroainni avait le rôle principal, celui de l'amoureux fragile qui tente de faire oublier à une Maria Schell diaphane l'homme qui la fait souffrir et pleurer le long du canal de Livourne. le film, en noir et blanc, est aussi déchirant que délicat et d'une beauté ensorcelante, un peu éthérée... Marcello Mastroainni m'y avait brisé le coeur. A peu près à la même époque, je découvrais le plaisir des cartes d'abonnement au cinéma (il aura fallu attendre trois confinements pour me faire renoncer à mes deux ou trois séances hebdomadaires !) et "Two Lovers" de James Gray sur grand écran (ô temps béni!). L'intrigue y était sensiblement la même que dans "Nuits Blanches" mais le film substituait la violence et la douleur à la grâce. le film de Gray est un monument d'amertume et de désespoir. Il est sublime. En me renseignant au gré d'interviews et d'articles dont les similitudes entre les deux films avaient été remarquées par leurs rédacteurs, j'ai eu le fin mot de l'histoire: le point commun, le trait d'union entre ces deux pépites c'était Fiodor Dostoïevski et l'un de ses textes, roman court ou nouvelle substantielle. Je me suis donc procurée les "Nuits Blanches" de l'auteur... et je ne l'ai pas lu. Je crois que je craignais que sa lecture n'affaiblisse, n'affadisse les deux films que j'adorais.
Jusqu'à ce weekend.

"Nuits Blanches", c'est avant tout une histoire d'amour. Une histoire d'amour triste. C'est l'histoire d'un mirage, d'une illusion. D'une rencontre qui aurait pu être mais qui ne sera pas. C'est un rendez-vous manqué dans les nuits de Saint-Pétersbourg. C'est la capture de ce moment fugitif et éphémère, fulgurant, celui du "juste avant", quand tout est encore possible avant... avant le reste.
C'est une fulgurance, comme une étoile filante.
Le narrateur est un jeune homme timide, solitaire et romantique qu'on devine d'une extrême sensibilité et presque inadapté au monde qui l'entoure. C'est un idéaliste, un rêveur aussi. Vous vous souvenez de Baptiste Debureau dans "Les Enfants du Paradis"? C'est à lui que m'a fait penser le personnage de Dostoïevski. le presque manifeste de ce dernier quand il raconte ses rêves et ses chimères à Nastenka, c'est Baptiste déclarant à Garance: "Quand j'étais malheureux, je rêvais (...) je leur échappai en dormant, en rêvant. Oui, je rêvai. J'espérais, j'attendais. Je vous voyais peut-être déjà dans mes rêves."
Un soir, alors que notre héros déambule dans les rues sombres de Saint-Pétersbourg, il avise une jeune fille en pleurs, à demi-cachée par les ténèbres. Alors qu'il s'apprête à passer son chemin, trop intimidé pour oser lui parler, alors qu'il s'apprête aussi à faire d'elle l'une de ses improbables et belles chimères, un inconnu tente d'agresser l'apparition. le narrateur aussitôt vole à son secours.
Cette nuit-là, le rêveur et la belle éplorée se raconteront leurs histoires. Lui évoquera sa solitude et les rêves qui lui tiennent chaud; elle reviendra sur le chagrin d'amour qui la terrasse. Il n'en faut pas plus au jeune homme pour s'éprendre de Nastenka, sans oser toutefois le lui dire. Les deux jeunes gens se quittent sur la promesse de se retrouver le lendemain, ou peut-être le jour d'après et de demeurer des amis.
Lors des nuits suivantes, les révélations, les projets, les larmes, les rêves. L'espoir surtout, l'espoir fou jusqu'à la dernière nuit. Jusqu'à la chute.

J'avais beau connaître l'histoire, elle m'a saisie à nouveau. Bien sûr, il y a sa tournure sentimentale, un brin mélo, ce romantisme exacerbé qui m'ont plu mais qu'on pourrait trouver mièvre et naïf. Seulement, il n'y a pas que cela dans "Nuits Blanches" qui cache une toute autre dimension: quel noirceur, quel cynisme aussi de la part de Dostoïevski qui s'offre parfois au détour d'une phrase le luxe de l'ironie, comme pour dénoncer les les fantasmes des rêveurs, comme un rêveur repenti et devenu amer.
Rien ne dure et tout n'est qu'illusion, mirage. Tout est vanité, même les sentiments les plus purs... D'ailleurs, au fond, sont-ils vrais ces sentiments-là? Ou ne sont-ils que les égarements les chimères des hommes rendus à demi-fous par l'existence?




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L'éloge à la solitude! Vive la rêverie! C'est un gaspillage qu'un tel personnage ne soit pas un artiste. Il faut bien avoir connu ses moments de ce genre pour pouvoir nous le décrire avec autant d'intensité. Un petit livre intime écrit avec un lyrisme qui vous empoigne comme si une corde serré autour du coup, vous empêchait de respirer, parce que il en fait trop, l'auteur, avec ses personnages qui sont possédés d'eux même.

He oui, c'est parce que c'en est trop que c'est beau. A la question de savoir où l'on va dans ce livre, on répond simplement allons-y c'est simplement beau. Que Nestenka se soit marié ou pas avec notre narrateur, que le papa perdu revienne ou pas...tant mieux...c'est simplement beau!

Cette beauté se révèle en ce sens que l'histoire en elle-même n'est pas extraordinaire mais les quatre nuits blanches sont drôles, les personnages sont drôles, leur situation est drôle, les surprises sont drôles, les sentiments amoureux sont drôles...

Un petit livre mais d'une grande intensité à vous faire rêver plus de quatre jours! C'est vraiment drôle!
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Les quelques réverbères dorés éclairent les promeneurs nocturnes, déambulant maladroitement, à la recherche d'un instant de soleil. On aperçoit par exemple au bord de la Neva notre homme, marchant seul à la lueur de la lune. Une femme intervient dans son monde, entre la finesse de l'instant, et la pesanteur du moment.

Imaginez vous la nuit, louvoyant dans les rues tamisées, croisant un couple de jeunes adultes, épris l'un pour l'autre. Un bonheur dessiné sur des visages orangés. Un couple encordé dans une jungle de sentiments. Ne serait-ce pas là l'allégorie d'un présent dans lequel vous seriez heureux ? Pour les jeunes gens que nous avons aperçus au bord de la Neva, la réponse paraît affirmative : l'un comme l'autre ne cherche que le bonheur.

Restons un moment de plus pour observer les jeunes adultes flânant dans une rêverie lyrique. L'un semble doucement glisser dans l'océan des sentiments ; l'autre pourtant, ne concède qu'un fragment à son prétendant. Plus vite que sa chute, l'histoire de ces habitants nocturnes dure éternellement. le temps d'un nuit devient la nuit des temps.

L'histoire se complexifie. Elle qui au départ était si limpide, s'assombrit autant que le ciel. Les sentiments deviennent indétectables, la foudre et la pluie remplacent le ciel clair. Miroir des peines et des rêveries, la nuit nous emballe dans ses voiles sombres et impénétrables. Puis les nuits s'enchaînent. Pour n'être que des Nuits blanches..
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Aux alentours du solstice d'été, quand les jours s'éternisent dans une pâle clarté au point d'éclipser les nuits, un jeune homme erre sur les quais de la Neva ou de la Fontanka. Il y croise une jeune fille en pleurs qu'il n'ose aborder, paralysé par une affreuse timidité. Mais quand un inconnu commence à la suivre, le jeune homme vient à son secours. C'est le début d'une amitié amoureuse entre ce jeune homme, pauvre et doux rêveur, et Nastenka, 17 ans à peine mais déjà le coeur gros d'un chagrin d'amour.

Le jeune homme est très exalté comme nombre de personnages de Dostoïevski – on pense au Prince Mychkine, à Rogojine, à Raskolnikov – et la jeune fille, aveuglée par ses propres sentiments, fait preuve d'un égoïsme déconcertant qui est l'apanage de la jeunesse et que l'on pardonne volontiers. Surtout quand on sait que, tel un joli papillon, elle est littéralement "épinglée" à la robe de sa grand-mère aveugle qui entend mieux la surveiller ainsi. Quelle jolie parabole ! Mais si jeune, l'on confond souvent amour, amitié, compassion... le jeune homme ne s'y trompe pas lui, et bien qu'il ne sache pas taire l'ardeur de ses sentiments, il perçoit bien vite qu'il va devoir sacrifier son amour...

Sur les thèmes de l'amour amitié qui évolue en amour non partagé et du renoncement à l'amour, Dostoïevski nous livre un texte vibrant d'un romantisme absolu. C'est un feu d'artifice de sentiments passionnés, de pleurs et de rires mêlés, de chagrins et d'espoirs partagés, comme dans un rêve enfiévré, dont on s'éveille avec une fugace impression de regret.

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C'est l'histoire d'un grand rêveur qui n'a jamais vécu, et celle d'une rencontre dans les rues de Saint-Petersbourg avec une jeune fille en pleurs. Celui-ci va alors aimer pour la première fois de sa vie. Ou peut-être sommes-nous seulement plongés dans l'un des nombreux rêves qui peuplent ses nuits. le réveil est en tous cas difficile.
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Divaguer dans les nuits blanches de Saint-Pétersbourg à rêver sa vie, l'imagination pour seule amie.
Une solitude rompue par une rencontre inopinée mais tant espérée.
Quatre nuits et un matin pour Aimer dans la réalité, faire battre un coeur jusqu'alors enfermé.
La fugacité face à l'éternité, désenchantement d'un être écorché.
Voici mon résumé de cette nouvelle d'une grande intensité.

Dostoïevski est un magicien, il donne aux mots une grande beauté, il les magnifie avec finesse et délicatesse. A partir d'une histoire simple, il retranscrit avec éloquence des émotions et des sentiments d'une manière unique et poétique.
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