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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Edward Mallone et Enid Challenger, deux journalistes, décident d'écrire un article sur le spiritisme. Et c'est avec un esprit ouvert et objectivité qu'ils réalisent leur enquête dans la vieille Angleterre auprès des médiums et qu'ils assistent à des réunions spiritistes.

Dans ce roman Arthur Conan Doyle nous pousse à nous interroger sur le monde de l'au-delà, ou plus spécifiquement sur l'existence du spiritisme ; c'est-à-dire sur l'existence possible d'un phénomène qui permettrait de « connecter » les êtres humains défunts aux vivants, avec comme intermédiaire, comme outil de communication, le médium. Mais cependant avec un parti pris notoire de l'auteur en faveur de l'existence d'un tel phénomène ; Arthur Conan Doyle ayant en effet choisi son camp, car pour ceux qui ne le sauraient pas il était un adepte convaincu des pratiques du spiritisme. Cette vision « pro-spiritisme » sera contrebalancée par la présence du professeur Challenger, un zoologiste à l'esprit rationnel, aussi célèbre qu'irascible, le sceptique par excellence, et père d'Enid la jeune journaliste.
Néanmoins plus qu'un roman sur l'existence d'ectoplasmes, Au pays des brumes est un roman qui donne un éclairage intéressant sur la façon dont le spiritisme était perçu à l'époque en Angleterre, c'est-à-dire dans les années vingt, car il retrace le débat intellectuel qui fit alors rage entre les sceptiques et les convaincus. Il est aussi intéressant de voir les figures qui prirent partis pour un camp ou pour l'autre, ainsi que l'absence de lois spécifiques qui obligea la justice à recourir à deux décrets très anciens, l'un contre la sorcellerie qui remontait à George II (mais il était devenu par trop désuet et absurde, il n'était plus invoqué que comme accessoire) et l'autre réprimant le vagabondage et datant de 1824. Ce dernier avait pour but de contrôler les gitans et les romanichels sur les routes, et ses auteurs n'avaient jamais pensé qu'il pourrait servir contre les médiums…Ainsi « Toute personne exerçant le métier de diseur de bonne aventure ou employant des procédés subtils pour tromper et abuser un sujet de Sa Majesté sera jugée pour vagabondage, etc. »
Un pays où la loi avait ainsi une vision criminelle des individus qui faisaient commerce de « don » de médium car jugés purs charlatans. En effet la loi ne reconnaissait nulle part les pouvoirs surnaturels quels qu'ils soient, et la revendication de tels pouvoirs qui s'exerçaient contre de l'argent constituait un crime en soi.
Par les nombreuses séances de spiritisme auxquelles assistent les deux principaux protagonistes, deux journalistes eux-mêmes tout d'abord sceptiques mais à l'esprit ouvert, on entre de plein pied dans un monde qui nous est fermé si l'on n'a pas eu l'envie ni la curiosité d'y entrer. On apprend alors que la possibilité d'établir une connexion entre les vivants et les morts serait une question de sphère, en sachant que le monde serait entouré de sept sphères, avec l'idée que la septième sphère, autrement appelée le septième ciel, serait le lieu où se trouve le Christ. Un lieu où « Tout le monde y monte à la fin. Vous, moi, tout le monde… »
De ces séances émergent aussi des messages. Des messages apaisants pour les communs des mortels. Ainsi il ne faut pas avoir peur de la mort car il y a une vie dans l'au-delà. L'esprit s'y élargit, élargit ses vues jusqu'à tendre vers un credo universel qui inclut seulement la fraternité des hommes et la paternité de Dieu. Les esprits illuminent quotidiennement des milliers de vies par le réconfort qu'ils apportent ; et de dire alors que le spiritisme ne s'oppose pas à la religion, mais qu'au contraire il ne ferait que confirmer l'existence de Dieu. Mais dans ce roman il y a également en filigrane des questionnements sur ce que nous avons fait de ce monde et sur la façon de vivre sa religion avec une très jolie phrase à ce sujet : « Toutes les religions sont bonnes si elles vous rendent meilleurs. »

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A près avoir refermé ce roman, la première réflexion que je me suis faite c'est que Sir Arthur Conan Doyle a mis beaucoup de lui entre ses pages. Sous des airs divertissants, c'est en fait un livre très personnel.
Je savais que l'auteur avait lui-même été un farouche supporter du mouvement spiritualiste – duquel il s'était probablement rapproché après avoir subi de nombreuses pertes parmi ses proches – et cette lecture est venue confirmer que c'était pour lui bien plus qu'un simple hobby.
Bien qu'ayant été éduqué dans de écoles catholiques et se définissant comme agnostique, Sir Arthur Conan Doyle s'est intéressé de près au spiritualisme – qui, aux Etats-Unis et en Angleterre était considéré comme un mouvement religieux à part entière et a connu son apogée entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe – et a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet. Les notes de fin d'ouvrage explicitent le fait que ce roman est directement issu de ses recherches et expériences personnelles, ce qui lui donne une valeur toute particulière.

Bien que « Au pays des brumes » soit présenté comme « une nouvelle aventure du Pr Challenger », ce dernier n'est finalement qu'un personnage secondaire incarnant le camp des sceptiques et détracteurs du spiritualisme. Doté d'un fort caractère et d'une personnalité marquée, il a pour habitude de parler fort et de dire tout haut ce qu'il pense, quelles qu'en soient les conséquences pour son entourage. Personne n'est à l'abri de ses débordements, pas même sa chère fille Enid. Scientifique respecté, il s'oppose férocement à l'idée que les spiritualistes puissent être dans le vrai, pour lui tout n'est que tromperie et poudre aux yeux.
Le véritable personnage principal n'est autre que Malone. Présenté comme un ami proche de Challenger, il est très lié à la fille de celui-ci. C'est d'ailleurs les services d'Enid qu'il s'adjoint lorsqu'il décide de passer outre son scepticisme pour enquêter objectivement sur le milieu du spiritualisme. Son approche honnête et professionnelle lui permet d'accéder sans difficulté aux réunions d'habitude réservées aux initiés, et donc de prendre ses informations directement à la source, auprès de spécialistes et de figures du mouvement.
Il devient donc le témoin privilégié de phénomènes surprenants qui ébranlent rapidement ses croyances et lui ouvrent les portes d'une toute nouvelle réalité.

Ce livre de Sir Arthur Conan Doyle est intéressant par bien des aspects.
J'ai tout d'abord été happée par la plume de l'auteur dés les premières pages. Son écriture est prenante, vivante et chaleureuse, et ses personnages hauts en couleur. Je pense personnellement qu'il a mis beaucoup de lui-même dans la création du Professeur Challenger et de Malone, chacun d'eux le représentant à une période de sa vie et de son cheminement par rapport au spiritualisme.
Certains passages sont drôles, d'autres donnent quelques frissons, d'autres encore font réfléchir… On ne s'ennuie pas!
J'ai également beaucoup apprécié que Conan Doyle présente des faits établis et vérifiés dans ce qui se révèle être un véritable plaidoyer en faveur du spiritualisme. Même s'il a modifié certains noms en les intégrant à son récit, beaucoup de personnes citées ont réellement existé et ont été des pionnières et des piliers du milieu, que ce soit en Angleterre ou en France ( entre autres ). Que l'on adhère ou pas aux principes du mouvement, on ne peut qu'être intéressé par l'aspect historique des choses. Personnellement je dois avouer que ça m'a donné envie d'approfondir le sujet ( qui m'intéresse déjà pas mal à la base ).
En dehors de l'implication très personnelle de l'auteur et du côté réaliste des choses, ce roman est un livre très divertissant. On prend plaisir à suivre les aventures de Malone parmi les spiritualistes, à découvrir une galerie de personnages tous très différents aux histoires captivantes, et à frémir devant l'évocation de faits surnaturels.
Le seul petit point négatif que j'ai relevé est que, de par sa construction, « Au pays des brumes » ressemble finalement plus à un recueil de nouvelles mettant en scène les mêmes personnages qu'à un véritable roman fluide et cohérent de A à Z. Mais ça ne gène en rien le plaisir pris lors de la lecture.


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