Désintoxiqués nous nous retrouverions tels que nous étions auparavant: désespérés.
Je me tue parce que vous ne m'avez pas aimé, parce que je ne vous ai pas aimés. Je me tue parce que nos rapports furent lâches, pour resserrer nos rapports. Je laisserai sur vous une tache indélébile. Je sais bien qu'on vit mieux mort que vivant dans la mémoire de ses amis. Vous ne pensiez pas à moi, eh bien, vous ne m'oublierez jamais !
Le suicide, c'est la ressource des hommes dont le ressort a été rongé par la rouille, la rouille du quotidien.
Dans son autre voisin, le marquis d'Averseau, se trouvait apparemment l'ensemble le plus complet de tout ce dont elle était friande : un beau nom, puisqu'il descendait du maréchal d'Averseau ; un titre littéraire, puisqu'il avait écrit une Histoire des princes français qui furent sodomites ; et enfin, une place dans la chronique des petits scandales.
Mais il était hideux ; il lui aurait fallu du génie pour faire supporter ses dents vertes, sous une lèvre enflée et envenimée. Et ses anecdotes de Toulon étaient bien rebattues.
Élevée dans le coton, elle avait appris de bonne heure à ménager sa respiration
Elle portait un germe de luxure qui n'avait pas pu s'épanouir et qui remuait dans sa cervelle comme une graine morte.
C'était une personne grande, mince, avec des inflexions languides, très nue sous sa robe. De beaux cheveux, de beaux yeux, de vilaines dents. Elle était accompagnée de ses deux filles - la seconde pareille à la première - et d'un chat. Cette petite troupe ne faisait aucun bruit. Dubourg avait épousé, disait-il, cette Fanny pour son extraordinaire aptitude au silence et à l'horizontalité.
Bichette Cournot courait à travers le siècle comme un pauvre plésiosaure, échappé d'un muséum. Elle était de feu, mais les hommes fuyaient ses étreintes démesurées. De là, grande neurasthénie. Comme personne ne s'occupait d'elle, elle se croyait toujours seule ; à la table des Barbinais, elle en venait à gratter par moments, par-dessus la soie de sa robe, ses longs seins en peau de serpent.
La volonté individuelle est le mythe d'un autre âge ; une race usée par la civilisation ne peut croire dans la volonté. Peut-être se réfugiera-t-elle dans la contrainte : les tyrannies montantes du communisme et du fascisme se promettent de flageller les drogués.
On était en novembre, mais il ne faisait pas bien froid. Le jour glissait sur la nuit comme un chiffon mouillé sur un carreau sale.