Avilir le tyran honni et redouté, c'est se laver à bon compte d'une longue peur et d'une vieille honte.
Le voile sut les crimes du "diable rouge" ne se dissipa que progressivement.
Car le camarade Staline était paranoïaque. Il avait peur de la mort. Même dans les couloirs du Kremlin, il ne marchait que précédé et suivi d’un essaim de gardes du corps. Lors de ses déplacements privés, trois voitures, dont deux leurres, prenaient la route. Seuls ses fidèles cuisiniers avaient accès à ses plats et les bouteilles n’arrivaient que bouchées sur sa table.
Or, si Staline a régné vingt-trois ans, Mao, lui, a été Dieu pendant près de trente ans. Ce n’est pas en effet de culte de la personnalité qu’il s’agit mais de déification d’un dictateur qui bat et de loi le record des victimes de sa folie mégalomaniaque. Peut-être 6 à 10 millions de morts violentes, 20 millions de morts dans les camps du « Laogai » (le goulag chinois), et 43 millions de décès par surmortalité due à la famine (notamment celle du « Grand Bond en avant » de 1959 à 1961). Même Staline n’a pas fait « aussi bien ».
La démesure est le signe de reconnaissance du tyran.