Au poker, regarder le jeu de son adversaire dans le reflet de la vitre contre laquelle il s'est adossé, on dit que c'est tricher. En politique, c'est anticiper.
Roosevelt est un éléphant assis, mais au moins il a de la classe, une certaine finesse aristocratique. Il existe un avantage incontestable à ne pas avoir de jambes, on a le centre de gravité plus bas, plus d'équilibre.
Au poker, regarder le jeu de son adversaire dans le reflet de la vitre contre laquelle il s'est adossé, on dit que c'est tricher.
En politique, c'est anticiper.
Marilyn Monroe faisait partie de ces rares femmes qui figuraient au panthéon photographique d'Edgar, sur les murs de l'escalier qui menait à l'étage. Il l'avait rencontrée à plusieurs reprises et il gardait le souvenir d'une femme délicieuse, fragile, et d'une beauté touchante. Edgar manifesta toujours une grande mansuétude à son égard et une tolérance surprenante pour ses écarts de conduite avec les hommes. Ce n'est jamais elle qu'il incriminait, mais il préférait voir dans sa conduite critiquable le désespoir d'une femme seule, incapable de résister à des hommes qui la convoitaient comme un trophée. La femme la plus désirable d'Amérique ne pouvait pas être ignorée par le plus grand coureur du pays. Compte tenu de l'attrait irrépressible de John Kennedy pour les femmes, il n'était pas pensable qu'il fît l'impasse sur le symbole sexuel le plus adulé d'une génération.
Nous avons toujours été amusés, Edgar et moi, par l'image que les Kennedy renvoyait et la réalité bien différente dans laquelle elle vivait. John s'affichait comme l'homme de la nouvelle frontière. Celui qui allait briser le monde d'hier pour lui substituer le sien, celui des années soixante, où une belle coupe de cheveux à la télévision vaut mieux que n'importe quelle conviction solide. En fait lui, le catholique, n'était qu'un modèle obsolète de ces fils de grandes familles anglaises protestantes de la fin du siècle dernier dont il portait tous les stigmates, en particulier une inconséquence financière et morale d'aristocrate voyageur. Avec la légèreté désinvolte d'un personnage à la Henry James, il traînait sa lassitude amusée d'heritier cynique, aigri de se devoir si peu (...)
Une seule ambition pouvait l'obliger à se lever le matin. Celle de devenir Président des États-Unis.
L' électeur nous laissera toujours le sale boulot. Il sait bien que là-haut les choses ne sont pas si claires. Mais il ne sait pas toujours à quel point. Quand il le découvre, il fait mine de s'en offusquer. Mais tant qu'il est devant son téléviseur avec une bière bon marché et qu'il y a de l'essence dans le réservoir de sa voiture, il est plutôt satisfait que d'autres fassent le sale boulot à sa place. Il est comme tout le monde, pris entre le rêve et la réalité.
Une de mes maximes préférées a été mise ici en valeur et a permis à Hoover de rester au pouvoir:''Il faut choisir les batailles que l'on peut gagner. ''
Dès la rupture du cordon ombilical qui nous relie au ventre de notre mère, nous quittons sa chaleur amniotique pour un absurde glaciaire qui ne prend fin qu'avec la mort définitive de notre conscience en même temps que celle de notre corps. Sauf à s'échapper de cette incontestable réalité par des croyances fabriquées, destinées à soulager le poids de cette absurdité, elle nous apparaît en pleine lumière et nous devons y faire face. La véritable dignité de l'homme c'est de se révolter contre cet absurde en donnant un sens à la vie humaine au lieu de donner à la hâte une réponse d'ordre religieux. Et cette réponse c'est l'homme lui-même, mis au centre de nos préoccupations.
Le pouvoir au fond, c'est faire ce qui est dans l'intérêt de la nation et ne lui faire savoir que ce qu'elle peut entendre.
Celui qui allait briser le monde d'hier pour lui substituer le sien, celui des années soixante, où une belle coupe de cheveux à la télévision vaut mieux que n'importe quelle conviction sociale, où e désir supplante les croyances et suffit à ramasser des voix.