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Citations sur Les Borgia (21)

[...] Vers les sept heures du soir, c'est-à-dire quand le jour tombant ajoute encore une si grande tristesse au silence des églises, quatre crocheteurs et deux ouvriers charpentiers portèrent le cadavre (le pape Alexandre VI) dans la chapelle où il devait être enterré, et, l'ayant enlevé de son catafalque de parade, le couchèrent dans la bière qui devait être son dernier palais ; mais il se trouva que la bière était trop courte, de sorte que le corps n'y put tenir qu'en lui ployant les jambes et en les faisant entrer à grands coups de poings ; alors les charpentiers posèrent le couvercle, et tandis que l'un d'eux était assis dessus, pour forcer les genoux de plier, les autres clouèrent au milieu de ces plaisanteries shakespeariennes, dernière oraison qui retentit à l'oreille des puissants ; puis il fut, dit Tomaso Tomasi, placé à gauche du grand autel Saint-Pierre, sous une assez vilaine tombe.


Pages 334-335
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Telles étaient les fêtes du dehors ; quant à celles qui avaient lieu dans l'intérieur du Vatican, le programme n'en était pas donné au peuple ; car, au dire de Burchard, témoin oculaire, voici ce qu'elles étaient :
"Le dernier dimanche du mois d'octobre, cinquante courtisanes soupèrent au palais apostolique dans la chambre du duc de Valentinois, et, après avoir soupé, dansèrent avec les écuyers et les serviteurs, d'abord vêtues de leurs habits, ensuite nues ; après le souper on enleva la table, on posa symétriquement les candélabres à terre, et l'on sema sur le parquet une grande quantité de châtaignes, que ces cinquantes femmes, toujours nues, ramassèrent en marchant à quatre pattes entre les flambeaux ardents ; le pape Alexandre, le duc de Valentinois et sa sœur Lucrèce, qui regardaient ce spectacle d'une tribune, encourageaient par leurs appaludissements les plus adroites et les plus diligentes, qui reçurent pour prix des jarretières brodées, des brodequins de velours et des bonnets de drap d'or et de dentelles ; puis on passa à de nouveaux plaisirs, et..."

Nous demandons bien humblement pardon à nos lecteurs, et surtout à nos lectrices ; mais après avoir trouvé des expressions pour la première partie du spectacle, voilà que nous en cherchons vainement pour la seconde ; nous nous contenterons de leur dire que, comme il y avait eu des prix pour l'adresse, il y en eut pour la luxure et la bestialité.
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Celui qui veut se faire une route vers des domaines et un royaume doit fouler aux pieds les obstacles qui se trouvent sur son chemin, et courir franchement, sans s'inquiéter du cri de sa chair, sur les épines les plus aiguës ; celui-là doit frapper les yeux fermés, de l'épée ou du poignard, pour ouvrir une route à sa fortune ; celui-là ne doit pas craindre de tremper ses mains dans son propre sang ; celui-là enfin doit suivre les exemples qui lui ont été donnés par tous les fondateurs d'empires depuis Romulus jusqu'à Bajazet, qui n'ont été rois tous les deux qu'à la condition du fratricide.
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[...] Ces conditions arrêtées, on régla le cérémonial de l'entrevue. Le roi Charles VIII quitta le palais de Venise, et vint habiter au Vatican. A une heure convenue, il entra par une porte du jardin attenant au palais, tandis que le pape, qui n'avait pas quitté le château Saint-Ange, grâce au corridor qui communique d'un palais à l'autre, descendait par une autre porte dans le même jardin. Il résulta de cet arrangement qu'au bout d'un instant le roi aperçut le pape, et s'agenouilla une première fois ; mais le pape fit semblant de ne pas le voir, de sorte que le roi fit quelques pas encore, et s'agenouilla une seconde fois ; comme en ce moment Sa Sainteté était masquée par un massif, ce lui fut encore une nouvelle excuse : de sorte que le roi, accomplissant le cérémonial entier, se releva encore, et, faisant de nouveau quelques pas, alla s'agenouiller une troisième fois en face du Saint-Père, qui l'aperçut enfin, et, marchant à lui comme pour empêcher le roi de se mettre à genoux, ôta sa barrette, et, le pressant entre ses bras, le releva, l'embrassa tendrement au front, et ne voulut pas se recouvrir que le roi lui-même n'eût mis sa toque sur sa tête, ce à quoi le pape l'aida de ses propres mains.


Page 140
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L'empire était occupé par Frédéric III, que l'on avait à bon droit appelé le Pacifique, par la raison, non pas qu'il eût toujours maintenu la paix, mais qu'ayant constamment été battu, il avait toujours été contraint de la faire. La première preuve qu'il avait donnée de cette longanimité toute philosophique avait été pendant son voyage à Rome, où il se rendait pour être sacré. En traversant les Apennins, il faut attaqué par les brigands, qui le pillèrent, et contre lesquels il ne fit aucune poursuite. Aussi, encouragés par l'exemple et l'impunité des petits voleurs, les grands s'en mêlèrent-ils bientôt. Amurat s'empara d'une partie de la Hongrie, Mathias Corvin prit la Basse-Autriche, et Frédéric se consola de ces encahissements en répétant cette maxime : L'oubli est le remède des choses que l'on a perdues.


Pages 67-68
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Sous César autrefois, Rome par la victoire
Se fit reine chez elle et maîtresse en tout lieu :
Mais Alexandre encor fera plus pour sa gloire ;
César n'était qu'un homme, Alexandre est un Dieu.

Page 62
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Le moine jeta un coup d'oeil autour de l'appartement, comme pour s'assurer qu'il était bien seul avec le mourant; puis il s'avança d'un pas lent et solennel vers le lit. Laurent le regarda s'approcher avec terreur, puis quand il fut à ses côtés.
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Cependant il résultait de cette situation que l'on n'espérait pas obtenir de la ville en deuil les mêmes démonstrations de joie que l'on attendait d'Imola, de Faenza et de Pesaro ; mais le duc de Valentinois obvia cet inconvénient avec une promptitude et une efficacité qui n'appartenaient qu'à lui. Un matin, les habitants de Césène trouvèrent en s'éveillant un homme coupé en quatre quartiers, que surmontait, au bout d'un pieu, une tête détachée du tronc.
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[...] L'archevêque de Cosenza connaissait les hommes auxquels il avait affaire : il savait qu'ils ne reculaient devant aucun moyen d'arriver à leur but ; il savait qu'ils avaient une poudre qui avait le goût et l'odeur du sucre, dont il était impossible de distinguer la mixtion dans les aliments, et qui faisait mourir d'une mort lente ou prompte, selon qu'ils le désiraient, et sans laisser de trace : il connaissait le secret d'une clef empoisonnée qui était toujours sur la cheminée du pape, de sorte que, lorsque Sa Sainteté voulait se défaire de quelqu'un de ses familiers, il lui ordonnait d'aller ouvrir certaine armoire : or la poignée de cette clef avait une petite pointe, et comme la serrure cédait, et l'on en était quitte pour une légère écorchure ; cette écorchure était mortelle. Il savait enfin que César portait une bague qui se composait de deux têtes de lion, et dont il tournait le chaton en dedans lorsqu'il voulait serrer la main d'un ami. Alors les dents du lion devenaient des dents de vipère, et l'ami mourait en maudissant Borgia. Il céda donc, moitié entraîné par la crainte, moitié ébloui par la récompense ; et César rentra au Vatican, muni du précieux papier par lequel l'archevêque de Cosenza reconnaissait qu'il était le seul coupable de la dispense accordée à la religieuse royale.

Page 204
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[...] Il (Roderic Lenzuoli Borgia, futur pape Alexandre VI) donne au cardinal Orsini son palais de Rome avec ses deux châteaux de Monticello et de Soriano ; il donne au cardinal Colonna son abbaye de Subiaco ; il donne au cardinal de Saint-Ange l'évêché de Porto avec son mobilier et sa cave, au cardinal de Parme la ville de Nepi, au cardinal de Gênes l'église de Santa Maria in via Lata, et enfin au cardinal Savelli l'église de Sainte-Marie Majeure et la ville de Citta di Castello : quant au cardinal Ascanio Sforza, il sait déjà que nous avons envoyé avant-hier chez lui quatre mulets chargé d'argent et de vaisselle, et sur cet argent il s'est engagé à donner cinq milles ducats au cardinal patriarche de Venise.

Pages 54-56
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