Hongsa est le berceau d'une culture de l'éléphant pluri-centenaire. Un village dans lequel on pouvait encore rencontrer des maîtres-dresseurs d'exception, les meilleurs cornacs du pays et plus de 50 éléphants il y a moins de 20 ans. Aujourd'hui, c'est une méga mine de lignite sino-lao-thaïlandaise qui a englouti cet espace merveilleux et a poussé les propriétaires d'éléphants à partir à la recherche de terres plus accueillantes pour leurs protégés.
Plus de 80% des espaces de pâture ont disparu sous les bulldozers. Il reste 8 éléphants dans les alentours. Les maisons traditionnelles qu'occupaient les cornacs ont été démontées et vendues. Elles ont été remplacées par des constructions plus récentes et les rizières ont laissé la place à des stations-service, à des baraques où la prostitution en provenance de Chine et de Thaïlande se développe pour les 'besoins' des milliers de travailleurs venus s'installer sur le chantier pharaonique de la mine.
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Sans l'aide des éléphants, les hommes auraient-ils survécu aux bouleversements du monde ?
Car sauver la diversité naturelle, c'est semblerait-il, sauver l'humanité.
Et sauver les éléphants, c'est sauver des écosystèmes dont ils sont des acteurs absolument essentiels.
C'est pas seulement les éléphants qu'on essaye de sauver...
... c'est une culture...
...une vision du monde.
Romain Gary a écrit dans "Les racines du ciel" : "Si les hommes ne sont pas capables de se serrer un peu pour tenir moins de place, s'ils manquent à ce point de générosité , s'ils ne consentent pas à s'encombrer des éléphants, quel que soit le but poursuivi, s'ils s'obstinent à considérer cette marge comme un luxe, eh bien, l'homme lui-même finira par devenir un luxe inutile. La liberté elle-même sera anachronique."
Ce qui est ironique, c'est que les éléphants sont paradoxalement utilisés pour détruire leur propre habitat !