Je suis toujours méfiant vis à vis de la reprise d'un roman qui a connu son heure de gloire, soit vers le cinéma, ou pourquoi pas, la BD. Cette dernière piste me semble un genre plutôt nouveau, on a souvent vu l'inverse, mais comme je suis encore novice en la matière, c'est-à-dire que je suis un « un très jeune lecteur » de BD malgré mes 56 piges, permettez-moi d'exprimer un point de vue personnel peut-être erroné et candide...
Bref, ici il s'agit de la forêt des renards pendus, d'après le roman du célèbre Arto Paasilinna. La question était donc de savoir si Nicolas Dumontheuil allait respecter la partition originale, c'est-à-dire l'imaginaire déjanté, absurde, fantaisiste, avec toujours ce regard ironique et un peu mordant sur notre société. Mais au moment où j'écris cette phrase, je me rends compte qu'elle est un peu stupide. Mea culpa ! En fait, respecter, ça veut dire quoi ? Au fond, respecter, ça ne veut rien dire... Passer d'un roman à une BD, s'il n'y a pas un petit plus apporté justement par rapport au support, cela n'a aucun intérêt.
Et donc, la question est plutôt celle-ci : est-ce que Nicolas Dumontheuil, en revisitant La forêt des renards pendus par le biais du roman graphique, apporte quelque chose de différent, ou de supplémentaire à l'oeuvre originale ? Une petite touche personnelle... Et là, je réponds oui.
Le trait du dessin, un peu rapide et fuyant, m'a plutôt déconcerté au premier abord. Et puis, non seulement je m'y suis habitué, mais je confirme que cela donne du relief à l'histoire. Et le ton sépia apporte une touche supplémentaire et attachante.
Ainsi voilà nos héros jetés dans cette BD finnoise et croquignolesque. Je ne vais pas m'attarder sur le récit, je vais plutôt donner mon impression sur cette manière d'avoir repris l'oeuvre originale d'Arto Paasilinna.
Ce qui est étonnant tout d'abord, c'est de voir les principaux personnages prendre corps devant nous. Et qui plus est, lorsqu'il s'agit de personnages marginaux, déjantés, un peu fous. Pour moi ce fut tout d'abord de les retrouver et de découvrir leurs traits physiques. Ainsi, il y a un jeune bandit qui cherche à cacher des lingots volés lors du braquage d'une banque. Ce qui motive sa fuite est surtout d'éviter de devoir donner sa part au complice qui s'apprête à sortir de prison. D'où sa fuite vers cette forêt de Laponie, qui s'appelle la forêt des renards pendus. Le hasard de son chemin l'amène à rencontrer un ancien soldat alcoolique. Puis une nonagénaire, en fuite elle aussi mais pas pour les mêmes raisons, elle refuse tout simplement d'être enfermée en maisonde retraite et va se cacher dans la forêt. On ressent tout de suite une compassion pour ce personnage attachant et au caractère bien trempé. La petite communauté s'installe et s'organise tant bien que mal. Et voilà que trois prostituées débarquent pour le réveillon de la Saint-Sylvestre. Point de hasard, notre jeune délinquant les connaissant, les a fait venir, trouvant les forêts de Laponie un peu ennuyeuses, ne serait-ce qu'une nuit de la Saint-Sylvestre. Surtout une nuit de la Saint-Sylvestre !
C'est là que le dessin de Nicolas Dumontheuil réussit à merveille à animer cette communauté improbable, lui donner du mouvement et du sens... Tout ressort à merveille dans le texte et le dessin : cette solidarité qui s'anime à partir de personnages qui s'opposent de manière naturelle. Et cette vieille dame que la société rejette, finalement trouve une nouvelle existence parmi ce chaos à la fois violent, hétéroclite et attachant.
J'ai trouvé que le dessin est parfaitement adapté à cette ambiance saugrenue et cocasse.
Et puis, nos amis recueillent un renard perdu, je dis bien perdu pas pendu. Que dire d'autre...
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Une nouvelle réussite de Nicolas Dumontheuil au dessin très nerveux, avec une magnifique utilisation des nuances de noir et blanc et un découpage très rythmé.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Fable dépaysante aux accents burlesques mêlés de tendresse, et parcourue d’un cynisme frivole défiant la morale coutumière, voici une agréable parenthèse pour égayer une froide soirée d’hiver.
Lire la critique sur le site : BDGest
Voilà un ouvrage enthousiasmant, à la fois un objet passionnant et ambitieux et une bonne entrée dans l’oeuvre du romancier finlandais Arto Paasilinna.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Je trouve les emplois honnêtes détestables. C'est humiliant de bosser pour quelqu'un. Qui vous paie, en plus. Et puis, c'est fatigant. Les bourreaux de travail m'ont toujours fait pitié.
Je peux voler n'importe quoi à n'importe qui sans aucun remords. Bien sûr, je ne volerais pas une petite vieille ou un clochard, mais c'est surtout parce qu'il n'y a rien à prendre.
Cinq-cent-balles est toujours aux alentours de la cabane. Il s'est reproduit. La famille est aujourd'hui estimée à Cinq-mille-balles.
C'est humiliant de bosser pour quelqu'un. Qui vous paie en plus. Et puis c'est fatigant. Les bourreaux de travail m'ont toujours fait pitié.
(page 52)
Le temps qu’il fait aux funérailles reflète l’âme du défunt il parait.