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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans ce magnifique roman de Clara Dupont-Monod, nous découvrons le roi Marc sous un autre jour, c'est un amant malheureux qui subira les affres de la passion jusqu'à la folie. Une interprétation qui ne m'a pas décue car lors de ma relecture de Tristan et Iseut, je trouvais que l'histoire ne lui rendait pas justice.
Ici, les sentiments sont exacerbés, la passion atteint son paroxysme. Nous partageons toutes les émotions du roi Marc. le roi scande son amour, son désir, ses doutes , ses colères et son désir de vengeance. C'est un écorché vif, il est partagé entre haine et amour. Malgré les trahisons, les doutes, il va s'humilier pour sa femme et ce fils qu'il aime plus que sa vie.
Clara Dupont-Monod est un auteur qui donne vie à ses romans et habite ses personnages.Par des phrases courtes,cinglantes et tranchantes comme des lames, nous découvrons les folles pensées du roi Marc.
C'est une passion dévorante et destructrice avec un personnage épris d'absolu comme je les aime. Un fou d'amour. Qui va se retrouver seul et dévasté:
" Ma femme est morte, et avec les sentiments les plus hauts qui peuvent habiter un être. Elle est partie en emportant ce qui pouvait encore faire de moi un roi"
De la passion au coup de coeur, il m'a suffit de quelques phrases mais toutes sont magnifiques. de la belle ouvrage que je conseille à tous
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« Je m'appelle Marc, je suis roi de Cornouailles et ma femme me trompe. Elle s'appelle Yseut. » (p. 11) La suite, tout le monde la connaît, c'est la passion adultère entre la blonde Yseut et Tristan, le neveu de Marc, son presque-fils. Tintagel bruisse des rumeurs de l'infidélité de la reine, mais le roi reste longtemps aveugle et sourd : aveugle parce que les yeux pleins de la beauté de sa femme, sourd parce que les oreilles pleines de ses silences. « Elle se tait et mes mains fourmillent, je ne supporte pas son mutisme. Derrière son silence, je l'entends ordonner le saccage de ma vie. » (p. 11) Fou amoureux d'une femme qui ne pose sur lui qu'un regard vide et un sourire froid, Marc s'épuise à vouloir lui plaire. « C'est toi que je veux posséder, ton coeur, le sens caché de tes phrases, le rêve de tes nuits. Je n'aspire qu'à te comprendre. Je t'aime trop pour prêter attention à mon coeur qui doute. » (p. 56) Mais vient le jour où le doute n'est plus permis. « À défaut de sentir que tu en aimais déjà un autre, j'ai très vite compris que tu ne m'aimais pas. » (p. 219) Si Yseut partage la couche du roi, c'est dans les bras de Tristan qu'elle exulte. Et voilà que la passion de Marc le cocu prend un autre visage. « J'aime une femme que je déteste. » (p. 14)
Dès lors, le roi Marc veut punir et faire souffrir. Il met Yseut sur un bûcher, la livre aux lépreux et la soumet au jugement divin. Il bannit et renie Tristan. Errant dans Tintagel, il jouit de la souffrance des amants séparés et se repaît des larmes de son épouse. Entre imprécations et suppliques, Marc fulmine et s'humilie pour regagner Yseut. « Rends-moi Yseut, Tristan de malheur, voleur d'amour, voleur de vie, rends-moi ma femme ! » (p. 139) Mais être roi ne suffit pas pour avoir du pouvoir sur le coeur d'une femme. Marc est possessif et il clame à cor et à cris sa propriété pour mieux souligner qu'il l'a perdue. « J'ai épousé une absence – un fantôme qui me rend fou, une pièce vide. » (p. 142) Maladivement jaloux et volontiers narquois, Marc tente de rabaisser la superbe Yseut et de ternir les merveilleuses amours des amants. « Elle est toute entière habitée par un autre. À la soie, Madame préfère la terre. Aux honneurs d'un roi, la misère d'un banni. Si je suis roi d'un domaine, un vassal règne en maître sur ma femme. » (p. 21) Sa douleur et sa colère sont légitimes, mais Marc fait figure de bien triste sire.
Clara Dupont-Monod réécrit un des mythes fondateurs de la littérature amoureuse, mais pas du point de vue des amants. C'est le mari trompé, c'est le cocu qui prend la parole. Ni humble, ni pudique, Marc répand son amour/haine sur les amants coupables. le monologue du roi résonne comme une longue élégie démente. Marc aurait pu être un cocu célèbre, mais la légende n'a retenu que les merveilleux amants, les exonérant presque de toute culpabilité. « Je suis rayé, banni de ma propre histoire – et c'est moi qui rends la leur vivante. » (p. 27) Mais ancré dans son époque et sa douleur, Marc ne veut pas être oublié. Son chant de haine tend à ébranler les livres. « L'amour conjugal doit ennuyer les dieux et les artistes. le jour où ceux-là se pencheront sur les gens sans histoire, je ferai sonner toutes les cloches de Cornouailles. » (p. 183) Les glorieux héros sont toujours Tristan et Yseut. « Dieu s'intéresse aux élus, aux Tristan et aux Yseut. Dieu n'a que faire des dupes, des misérables et des naïfs. Il n'accorde sa clémence qu'aux amoureux emportés par une passion partagée. Il raffole des hors-la-loi et des bannis. Moi, je n'ai trompé personne. » (p. 182) Mais le roi Marc de Tintagel, sous la plume de Clara Dupont-Monod, prend enfin place dans l'histoire. Il n'a pas la superbe du neveu traître, ni l'éclat de l'épouse adultère, mais sa voix a résonné et porte une douleur qu'il fallait bien reconnaître.
Ce roman est servi par une plume sublime. Quel souffle et quelle puissance dans ces lignes ! J'ai retrouvé dans ce texte la même beauté douloureuse que dans La passion selon Juette, de la même auteure. Une nouvelle fois, Clara Dupont-Monod tire du Moyen-âge un héros oublié et en écrit l'histoire avec des accents de légende. Je vous recommande le roman, mais surtout l'auteure !
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Ecrit sous forme d'un monologue, "La folie du roi Marc" s'attache à raconter l'histoire d'amour entre Tristan et Yseut mais narrée du point de vue de Marc, l'époux malheureux et mal aimé d'Iseut : "J'aime une femme que je déteste. J'aime une femme d'une beauté insupportable.".
A lui, Yseut ne dit rien, elle est une poupée de chiffon entre ses mains, mais une poupée qui le fait souffrir : "Derrière son silence, je l'entends ordonner le saccage de ma vie.", et la souffrance, c'est tout ce qu'il reste au roi Marc : "La souffrance est tout ce qu'il me reste de notre histoire. Renoncer à ma douleur, c'est te perdre.".
Parce qu'ils ont bu par mégarde le philtre d'amour destiné au roi Marc pour la nuit de noces, Tristan et Yseut sont liés l'un à l'autre, à la vie à la mort tel des inséparables : "Elle est toute entière habitée par un autre. A la soie, Madame préfère la terre. Aux honneurs d'un roi, la misère d'un banni. Si je suis roi d'un domaine, un vassal règne en maître sur ma femme."; l'un comme l'autre faisant involontairement du mal au roi Marc, alors que pour Tristan il a été un père et pour Yseut un mari somme toute assez conciliant et prompt à pardonner, voire à croire l'espace d'un instant à l'innocence de ces deux êtres.
Pour écrire son roman, Clara Dupont-Monod est restée toujours proche de la légende, et comme le dit le roi Marc, il est vrai que nous ne retenons de cette légende que l'histoire d'amour entre Tristan et Yseut, jamais il n'est question du mari délaissé, trompé, trahi, humilié.
A travers ce roman, il a entière liberté d'expression pour raconter au lecteur son ressenti, les sentiments qui l'habitent, l'amour fou et furieux qu'il porte à cette femme qui pourtant ne cessera de le duper pour mieux rejoindre son amant, le poussant jusqu'à sombrer dans une forme de folie dont seule la mort pourra l'extirper : "J'aime savoir que je n'aurai plus jamais mal, savoir que je ne sais plus rien et qu'il est temps de me taire, et l'on saura, on pourra écrire et dire alors qu'à défaut d'amour, je connais le bruit de sa fuite, ce bruit que l'on s'épuise à vouloir oublier, et qu'à défaut de roi ou d'homme, de pantin ou de maître, de mari ou d'amant, ma fatigue est celle d'un fou.".
Le lecteur compatit avec lui, souffre avec lui, espère aussi lui et, naïvement, croit aussi l'espace d'un instant que peut-être, Tristan et Yseut sont innocents.
Mais uniquement l'espace d'un instant, car ils se révèlent tous deux cruels, manipulateurs, menteurs par arrangement, transcendés par un amour plus fort que la raison et qui les poussent à faire du mal physiquement ou moralement à tout être qui leur barrerait la route.
La plume de Clara Dupont-Monod est d'une poésie sublime qui m'a prise aux tripes du début à la fin et c'est avec ravissement et un énorme plaisir que j'ai lu cette folie dans laquelle sombre le roi Marc, éprouvant sans nul doute plus d'empathie pour lui que pour les amants maudits.

"La folie du roi Marc" de Clara Dupont-Monod fait partie de ces livres qui enchantent dès les premiers mots. Ecrit sous forme poétique, il remodèle la légende de Tristan et Yseut en laissant les amants muets et présentés sous un jour sombre pour mettre en lumière le roi Marc, roi de Cornouailles trompé par sa femme et raillé par sa cour mais superbe dans son honneur et sa dignité.
Un livre et surtout une auteur à découvrir sans plus tarder.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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J'ai adoré cette plainte de ce roi devenu fou par amour, par désillusion, par chagrin.
Clara Dupont- Monod m'impressionne par la richesse des sentiments qu'elle arrive à décrire, la richesse des mots, la richesse des contradictions ... ce petit livre de 220 pages est une réussite et j'ai retrouvé le style que j'avais déjà beaucoup aimé dans Juette et les deux livres sur Aliénor.
Tout les mots sont importants, toutes les idées sont essentielles, ce processus lent vers la folie est inéluctable, patient, réel, pesant, ..
Vous ne connaissez pas l'histoire de Tristan et Yseut ? Aucune importance Laissez vous guider par le roi Marc qui vous expliquera tout mais surtout ce qu'on a jamais dit ...
Je conseille à lire et à relire 💕💕
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Que c'est bon de la retrouver ! Quel que soit le sujet, je trouve toujours une forme de douceur dans son style épistolaire. Cette fois, on va même un peu plus loin, on ouvre le journal du roi Marc, et l'intrusion est telle qu'on entre carrément dans sa tête. C'est une expérience fabuleuse au premier sens du terme. Bien, nous voilà donc dans le coeur vicié, troublé, fou de cogner dans le vide, du roi Marc, époux trop méconnu de la belle Yseult. Pas de bol. Généralement, c'est madame qui reste sur la touche, en tout cas c'est ce genre d'histoires dont on nous rabat les oreilles (certainement pour nous préparer, pour nous façonner à une vie de soumissions), mais là non, et Yseult s'en donne à coeur-joie avec son beau Tristan pendant que Marc perd la boule. Littéralement, s'il pouvait s'arracher le coeur à mains nues pour ne plus l'entendre battre pour cette traîtresse, il le ferait. C'est fascinant. En ouvrant ce tout petit livre, on entre dans quelque chose qui nous dépasse ; dans une intimité qui ne devrait pas nous être accessible. Mais on lit. Moins par voyeurisme que par véritable sensation de partager son malheur et de pouvoir l'aider en en apprenant un peu plus. Au moins lui offrir une épaule à peu près solide pour pleurer. Quoi qu'il soit moins enclin à pleurer qu'à ruminer. Voilà pourquoi on reste. Pour tourbillonner avec lui dans sa tête au fil des bravades des amants. Et pour la plume de Clara, mais ça, c'est une évidence.
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Passionnée de littérature médiévale, j'ai un doux penchant pour "Tristan et Yseult". Et puis, j'aime quand de talentueux auteurs s'emparent de nos textes fondateurs pour les réécrire , surtout quand ils choisissent de faire entendre un autre point de vue que celui dont on a l'habitude. Enfin, depuis "Le Roi disait que j'étais Diable", j'ai été ravie par la plume de Clara Dupond-Monod et c'est un rapt dont je n'ai pas vraiment envie de revenir. Alors quand j'ai su qu'elle avait écrit "La Folie du Roi Marc", soit la geste de "Tristan et Yseult" du point de vue du roi, époux de la belle et oncle du chevalier, je n'ai pas pu faire autrement que de me procurer le livre, avec un frémissement: serait-il à la hauteur de "Le Roi disait que j'étais Diable" et d'"Eova Luciole"? Serait-il à la hauteur de Tristan, Yseult et de Marc?
Il l'est.
Clara Dupont-Monod restitue merveilleusement cette histoire plusieurs fois centenaires et son Moyen-Age de légende, avec son lyrisme et sa délicatesse habituels, son habileté à rendre vivants une époque fracassante et enfuie et des personnages d'autrefois.
De plus, et c'est là la grande originalité de son texte, ici les personnages principaux ne sont plus les deux beaux amants éperdus mais l'époux trompé, le roi. A lui qui est souvent tourné en ridicule, lui le balourd cocufié, qui ne sait pas garder sa femme, lui le faible qui ne punit pas son neveu mais qui subit l'influence de ses barons, Clara Dupond-Monod donne enfin la parole pour qu'il fasse connaître aux lecteurs sa propre version de l'Histoire. de sa souffrance, de sa rage et de ses colères, de son amour aussi, Marc ressort transcendé, bien plus complexe et tourmenté aussi. Sublime dans la défaite.
L'amour rend immortel les amants célèbres mais il grandit les délaissés, les rend plus beaux.
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Un livre que je relis régulièrement. La langue est claire, incisive. le roman de Tristan et Iseult retravaillé de fond en comble, sous l'angle exclusif du roi, qui sait, et ne sait que faire. Je trouve ces vaticcination du roi trompé plus touchante, au final, que la grande histoire d'amour - Clara Dupont Monod sachant aussi écorner le mythe, appuyer sur la duplicité de la reine ou la condition finalement fort humaine de l'icône. Un grand roman d'amour, dur.
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Le roi Marc est l'époux de la belle Yseut qui lui préfère son neveu Tristan. Commence alors le discours d'un homme blessé qui s'adresse au lecteur.
Humilié, trompé, trahi par sa femme, le roi Marc souffre du silence que celle-ci oppose à son amour.
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