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3,78

sur 169 notes
Lionel Duroy, je découvre. J'ai trouvé le sujet du livre difficile. J'ai fait appel à Internet pour éclaircir quelques points historiques.
Je reprends la citation de Raphaëlle Leiris dans le Monde : "Un très beau livre sur les prisons dans lesquelles on nait, et celles que l'on édifie autour de soi." C'est effarant de justesse.
Ici Marc, écrivain-journaliste, va à la rencontre des acteurs de la guerre de Bosnie ou leurs descendants, essentiellement des Serbes mais pas seulement. Tous racontent le même désastre. Pourtant la plupart ne regrettent rien et seraient prêts à recommencer car ils sont enfermés dans leurs préjugés, leurs croyances. Alors que vaut la "paix" actuelle où chacun est sur ses gardes ?
Par contre, même si je comprends le parallèle, les affres personnelles du journaliste dans sa vie privée m'ont paru ridicules dans ce contexte.
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De l'écrivain Nebosja Jevric au directeur du Majestic, Milan Colovic, L'Hiver des Hommes est une suite d'entretiens, de rencontres, de voyages en un lieu où tuer volontairement le barman musulman était puni d'une amende de 50 marks dans les années 90.

2010. Marc retourne en ex-Yougoslavie. Il rencontre les acteurs serbes d'un conflit dont ils veulent croire qu'il les a sauvés des musulmans et des Croates. Il s'interroge sur les derniers instants d'Ana Mladic et sur les choix des fils des criminels de guerre.
A la version officielle de Ljiljana Bulatovic, la biographe du général Mladic, Marc préfère chercher les raisons secrètes dont il sait bien, lui qui vient ici pour chasser le souvenir d'Hélène, qu'elles se cachent derrière La Grande Raison de l'Engagement.

Une succession de personnages saisissants prennent vie sous la plume fluide et empathique de Lionel Duroy, le probable Marc du roman dont les éléments biographiques se retrouveront dans la bibliographie de l'auteur.

Tout cela tient en effet bien plus du récit de témoins, victimes ou bourreaux, bourreaux et victimes, qui sait vraiment ? En filigrane on devine le bilan d'un nationalisme qui a atteint enfin son objectif en offrant à ses enfants, condamnés à vanter les bienfaits de leur prison, un territoire ethniquement purifié.

L'hiver des hommes est froid et inquiétant. le printemps, s'il revient, sera long à percer sous la neige.
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Marc, écrivain français, revient en ex-Yougoslavie 20 ans après le conflit fratricide qui a fait implosé le pays.
Afin de comprendre le suicide d'Ana, la fille du général Mladic, il rencontre des participants serbes de cette guerre qui ont cotoyés le général pendant le siège de Sarajevo.
Il y découvre, dans le pauvre pays qu'est la République serbe de Bosnie, une haine toujours vivace face aux ennemis d'hier.

Alors que les autres républiques issues de la la Yougoslavie sont tournées vers l'avenir, la République serbe de Bosnie continue à vivre dans le souvenir de la guerre et la haine s'entretient à petit feu, rendant l'autre responsable du conflit et des massacres.
Un livre dur par moment qui nous éclaire sur cette guerre qui s'est déroulée il n'y a pas si longtemps et si près de chez nous.
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Prenant pour point de départ le suicide d'Ana Mladic, fille du "Boucher des Balkans" et génocidaire Ratko Mladic, Lionel/Marc décide de partir en Serbie afin de démêler les fils de cette mystérieuse affaire. Heureusement (?), le récit ne se limite pas à cet événement, la petite rejoint la grande Histoire et nous permet d'en apprendre plus sur une guerre, un nettoyage ethnique, qui n'est encore que trop peu étudiée et qui ne signifie pas grand chose pour les générations actuelles.

Avec une écriture simple et dénuée de jugement, Lionel/Marc cherche à comprendre les raisons de la haine ancestrale que voue la plupart des Serbes à l'encontre de leurs voisins Musulmans. La paranoïa de certains est d'ailleurs si forte qu'on ne peut s'empêcher de vouloir creuser aux racines de ce ressentiment. En effet, les personnes interrogées sont aujourd'hui encore persuadées que la menace musulmane était et est toujours belle et bien présente. Ils restent alors terrés chez eux, attendant une menace qui n'arrive pas mais qui est ancrée dans leurs esprits, n'osant s'approcher trop près de Sarajevo dans laquelle (croient-ils) l'ennemi islamiste les guette à chaque carrefour.

Cette paranoïa en devient même presque touchante lorsque l'auteur se rend à Sarajevo à la fin de son périple et, après des mois passés auprès de Serbes "purs et durs", découvre une ville totalement différente de celle qui lui était décrite.

Un récit marquant qui donne à réfléchir.
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Dans ce roman, Lionel Duroy fait parler son double, Marc, un journaliste qui souhaite écrire sur les enfants de criminels de guerre et comprendre le suicide de la fille du général Mladic.

Il s'agit là d'un sujet difficile, parfois opaque pour un lecteur non averti. Mais l'auteur sait donner les bonnes explications, dans un style proche du documentaire. Les nombreux parallèles avec l'Allemagne nazie permettent d'évoquer ces enfants de criminels de guerre et leur choix de défendre leurs parents, ou de les accabler un peu plus, voire de les haïr et de refuser cet héritage difficile.

Ce sujet central est particulièrement touchant. A travers le conflit des hommes sont abordées les relations parents-enfants. Quelques scènes sont ainsi réellement émouvantes, à l'image de ce père qui découvre le corps de son fils... Des scènes qui permettent de pardonner le style un peu froid du reste de l'ouvrage, notamment dans l'évocation du conflit. On aimerait mieux comprendre les personnages, qui expriment finalement peu leurs sentiments. Mais encore une fois, tout est décrit à la manière d'un documentaire, sans réelle prise de position, et en cela l'ouvrage permet de mieux comprendre ce sujet complexe.

Un roman qui pousse à la réflexion sur l'amour que l'on peut porter à un père, criminel de guerre ou non.
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Un roman en forme de reportage, sur ce qu'ont retenu les serbes, de la guerre qu'ils ont menée contre leurs anciens concitoyens de l'ex Yougoslavie. L'accent est mis sur les crimes de guerre qui ont été commis, sur la transformation d'anciens amis en ennemis, et sur le poids à porter pour les enfants des criminels de guerre. L'approche, très empathique pose efficacement le débat, mais le défilé de personnages ne se livrant jamais vraiment entièrement m'a un peu laissé sur ma faim.
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Marc, écrivain qui a vécu la guerre de l'ex-Yougoslavie, revient en 2010 en Serbie pour rencontrer les acteurs de cette guerre. Il est suivi par Boris, un jeune serbe traducteur qui n'était qu'un enfant au moment du conflit.
On suit ainsi Marc qui part à la recherche des personnes qui ont connu Mladic, Karadzic, Milosevic, et l'on écoute les déceptions, les désillusions de ces serbes, aujourd'hui considérés comme des criminels de guerre, qui se sentent abandonnés et frustrés, méfiant envers l'Europe et floués.
On retrouve la description des massacres commis dans les différents camps, les antagonismes entre serbes, croates, musulmans. de plus l'auteur part du postulat "que pensent les enfants des criminels de guerre" et il fait un parallèle entre les enfants de parents nazis et la fille de Mladic qui s'est suicidée pour expliquer le désarroi des survivants.
Un beau témoignage, neutre, Marc fait de l'empathie, il ne juge jamais et cela permet au lecteur de mieux comprendre ( si l'on peut dire) la situation précaire des relations entre ces nouveaux pays.
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Un roman ? Plutôt une série d'entretiens autour des suites de la guerre de l'ex-Yougoslavie (1991-1995). Lionel Duroy connait bien son sujet. Il a déjà écrit « Il ne m'est rien arrivé »sur cette guerre en 1994.Cette fois ci-ci, son double, Marc, fasciné par le destin des enfants de criminels de guerre, part à Belgrade, en 2010, enquêter sur le suicide d'Ana, la fille du général Mladic (actuellement accusé de crimes contre l'humanité et jugé par le Tribunal pénal international de la Haye)survenu en 1994.Pourquoi a-t-elle mis fin à ses jours ? Qu'est-ce que ça fait d'être la fille du « boucher des Balkans » ?
Marc part à la recherche d'éléments et nous donne des clés pour replonger dans cette guerre multiethnique entre Musulmans, Croates et Serbes .On fait la connaissance de quelques « ultras nationalistes »de la minuscule République serbe de Bosnie. Un petit état « ethniquement pur » de la taille d'une région, à ne pas confondre avec la grande Serbie qui, d'après les « purs », est prête à tout pour rejoindre l'Union Européenne.
Chacun raconte son histoire, sa guerre. On passe un hiver en leur compagnie, dans leur extrême isolement. Un peuple condamné au froid, sans l'espoir de printemps. Une solitude qui fait écho à la vie personnelle de Marc, en pleine crise avec sa famille.
J'ai beaucoup aimé le style proche du reportage. On comprend petit à petit les enjeux du conflit. le siège de Sarajevo, le massacre de Srebrenica nous sont présentés clairement. L'auteur ne juge personne, s'intéresse simplement à ces hommes et femmes qui ont pourtant commis ou participé à des atrocités. le livre pose aussi des questions profondes sur l'héritage familial.
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Voilà un roman qui fait froid dans le dos...

Il est question de la guerre en ex-Yougoslavie, bien sûr, mais surtout des rencoeurs du peuple Serbe depuis leur indépendance.

Au travers des personnages rencontrés, l'écrivain Marc dresse un portrait d'une génération qui vit dans la peur : peur de la Haye et de son Tribunal Pénal International ; peur des Musulmans de Sarajevo qui, d'après eux, s'équipe et s'entraîne à la prochaine guerre. Mais aussi colère que leur guerre n'ait pas été comprise par la Communauté Internationale et que leur "Héros" soient pourchassés comme des criminels.

Ce petit état Serbe, maintenant indépendant, qui refuse de voir qu'ils manquent de tout (véhicules, nourritures) et qui vit dans le passé glorieux des grandes heures de la guerre, allant même jusqu'à inventer le meurtre d'Anna Mladic, la propre fille du général.

Marc, lui, penche plutôt pour la thèse du suicide, ce que corroborent l'enquête officiel ainsi que tous les faisceaux d'indices.

Réglements de compte et "accidents" sont monnaies courantes, seule Julica, indifférente, semble tirer son épingle du jeu.

Je suis sortie de cette lecture fourbue et mal à l'aise devant ces hommes "d'un autre temps" qui sont en train de gâcher l'avenir de leurs enfants. Même la dernière phrase, à l'accent irréel, ne m'a pas permis l'espoir.

L'image que je retiendrai :

Celle de la montagne sous la neige sur laquelle tente encore de subsister l'Etat Serbe.
Lien : http://motamots.canalblog.co..
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En se rendant en Bosnie et en s'entretenant avec des acteurs serbes du conflit fratricide qui a ensanglanté cette partie de l'Europe à la fin du XXe siècle, un écrivain-journaliste essaie de comprendre les raisons qui ont poussé au suicide la fille du général serbe, Mladic, un bon père de famille qui aimait les abeilles devenu le « boucher des Balkans » et encore vénéré par de nombreux Serbes. La parole est ici donnée aux Serbes, qui se considèrent comme les véritables victimes du conflit. Entre reportage et fiction (le journaliste, en quête de sa propre identité, fuit un cadre familial et de vie qui l'étouffe), le roman de Lionel Duroy est un livre sur la fatalité des comportements humains.
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