METAMORPHOSE
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Cette pierre sur la nue,
Dans cet air où tremble et ruse
Une clarté d'outre-mer,
Où se donne et se refuse
Entre l'ombre et la lumière
Un monde errant dans un rêve,
Cette ligne de montagnes
N'est plus au loin qu'une grève,
Une plage au bord du ciel.
En océan de vapeur
Se fond un songe de roche,
Arabesque reposée
De lignes que rien n'achève!
NUÉE
Comme si rien n'était solide, comme si
Je marchais sur un trou, comme si leurs corps denses
Allaient se diluer en poussière de nuit…
Mon geste vain s'ouvre et se ferme sur des formes
Qu'en plein jour le soir mange et mes yeux qui s'endorment
Ne percent plus la brume où s'enfonçaient vos traits
Vous que je tiens, vous que je serre, et qu'en secret
Je veille dans la veille et le silence ainsi
Qu'une bête couvant en elle ses petits.
Un tournoiement abat le ciel bas sur les toits,
Est-ce le monde qui bascule ? suis-je moi ?
L'air vacille sans plus d'épaisseur que la vie.
Marie-Jeanne DURRY – À propos d’Eden (France Culture, 1970)
Un entretien public de la poétesse avec Robert Kanters diffusé aux mois d’avril et de mai 1970 sur France Culture.