Mon ombre devant moi, j’allais la piétiner
Mais sans cesse elle échappait à ma fureur,
Fugace, tenace, nulle et collée au sol,
Sans attache liée à mon corps sans racines,
Entre les arbres mon corps droit qui marchait,
Que mimait renversée, ivre, cette ombre
Gisante et noire où je deviens fantôme,
Où je tournerai, sans m’atteindre, autour de moi,
Si je ne m’abats pas la face sur sa face
Pour former avec elle une nuit immobile.
Marie-Jeanne DURRY – À propos d’Eden (France Culture, 1970)
Un entretien public de la poétesse avec Robert Kanters diffusé aux mois d’avril et de mai 1970 sur France Culture.