Parce que c'est toi

À leur première rencontre, il avait gardé ses distances pendant une heure, le temps de voir qui elle était. Et tout de suite après, il l’avait adoptée, prise sous son aile. Ils s’étaient vite découvert des points communs, comme un amour immodéré pour la série Doctor Who , une mémoire d’éléphant pour tout ce qui est totalement inutile et une addiction coupable aux gadgets dernier cri, leur seul point de divergence étant les échecs.

Elle ne le connaissait que depuis une journée. Une seule petite journée. Une demi-journée, même. Mais elle avait suffi. Elle était en train de tomber amoureuse de lui. Et à la vitesse de l’éclair, même. C’était la première fois qu’elle ressentait autant de choses, et aussi intensément, pour un homme qu’elle venait à peine de rencontrer. Elle aimait tout en lui. Elle aimait sa manière de voir le beau dans tout ce qui l’entourait. De trouver de la poésie jusque dans un brin d’herbe. Elle aimait comment elle se sentait en sa présence, libre d’être elle-même, de laisser libre cours à toutes ces choses qu’elle gardait en elle dans la vie de tous les jours.

C’est la diversité dans les saisons, qui sont intenses, vibrantes, chacune à leur manière. Là, tu as devant toi l’automne dans toute sa splendeur, l’été des Indiens, cette lumière unique. La chaleur qui est encore un peu là, et la fraîcheur qui annonce l’hiver. Mais le printemps ici est incomparable, lui aussi. Court, mais intense.

Ce n’est pas réellement une technique, mais à force de pratique, on finit par savoir quoi chercher. Surtout quand on connaît le style du cacheur. Comme les poseurs de bombes, en gros. Ça ne veut pas dire que c’est facile. Ça veut juste dire que c’est un peu plus facile. Quand on est néophyte… eh bien, on en bave ! On s’y reprend à plusieurs fois, on piste les indices, on cherche à décoder le sens caché des commentaires… voire, parfois, on va jusqu’à demander un peu d’aide au propriétaire, quand on a épuisé toutes ses ressources. Le mieux étant de commencer par des caches qui ont un niveau de difficulté de 1 ou 2, le temps de se faire la main.

Planté devant le coffre ouvert, Théo fit un rapide inventaire de son matériel. Appareil photo, OK. Objectifs macro, 50 mm, grand angle, télé, OK. Batteries de rechange, boîtier de chargement, OK. Cartes mémoire, OK. Trépied multi-usage, OK. Il se demanda s’il ne devait pas tout de même emporter son appareil compact, mais après concertation avec lui-même, décida que ce n’était pas la peine. Il ne partait que deux jours dans la forêt laurentienne, et non trois semaines sur le Serengueti – une expérience fascinante, d’ailleurs, il en gardait des souvenirs incomparables, et des clichés uniques. Théo reprit son inventaire. Ordinateur, OK. GPS de randonnée, OK. Vêtements, OK.

Parfait.

Refermant le coffre d’un claquement satisfait, il contourna la voiture et s’installa au volant. Allumer le GPS et programmer l’adresse que lui avait donnée Alex ne lui prit que quelques instants et, pendant que l’appareil calculait le trajet le plus rapide, Théo brancha son lecteur MP3 et parcourut la liste des artistes, hésitant sur le type de musique qui accompagnerait sa route. Muse ? Non. Queens of the Stone Age ? Non plus. Bon Jovi ? Mmmmm… non. Ah ! Voilà. Il savait ce qu’il voulait. Du rock léger, amusant, aux accents entraînants. Franz Ferdinand, Kaiser Chiefs, ZZ Top, Huey Lewis and the News, un brin d’Elvis Costello pour agrémenter le tout… Voilà qui collait parfaitement à son humeur du jour.

Elle aimait les ondes de frissons qui la parcouraient quand elle l’entendait parler, quand elle croisait son regard, quand elle le voyait sourire.
Et ses photos… elles étaient tout simplement époustouflantes. Le mélange parfait de sensibilité et de talent. Elles le dévoilaient, totalement et entièrement. On sentait à chaque cliché qu’il y avait mis toute son âme, tout son cœur. Qu’il s’était mis à nu.

...au-delà des horreurs et de la misère que l’on voit tous les jours aux journaux télévisés, la nature est remplie de richesses, de beautés, qui n’attendent que notre regard pour s’épanouir

C’est plaisant de partager son savoir pour former les photographes de demain, mais pour moi, rien ne vaut le contact direct avec la nature.

Oui, la France, c’est le pays de mes racines, de mes origines. Je l’aime et elle fait partie de moi. Je ne la renie pas, je ne la rejette pas. Mais le Québec, c’est mon chez-moi… C’est là qu’est mon cœur, c’est là qu’est ma tête. Je suis Française de souche, mais Québécoise de cœur. Et ça, ça ne changera jamais.

Il faut parfois user de ruses pour ne pas se faire repérer, le tout étant que la cache reste cachée et qu’elle ne soit pas détruite par des curieux qui n’ont aucune idée de ce dont il s’agit.