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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'histoire se dévore assez vite sans que l'on s'ennuie un instant. D'habitude, quand on parle de L'Iliade et L'Odyssée on a le droit à avoir de longs récits avec des illustrations chargés. Amélie Causse propose un univers graphique qui va à merveille avec le récit. On sent une vraie complicité dans l'équipe pour produire un travail si complet. La dessinatrice introduit avec ingéniosité les motifs sur des vases en céramique à figures noires et rouges pour souligner les références évoquées. Pour son deuxième album et cette fois seule aux commandes, elle maîtrise très bien. Un vrai régal pour les yeux aussi bien dans la perfection des dessins, la mise en page et la colorisation. Qu'importe les paysages, la météo, les individus... c'est d'une grande richesse et délicatesse. Un trio gagnant qui sait valoriser L Histoire pour en raconter une passionnante et captivante qui séduira tous les publics.
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♫Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
Liberté ! Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs !
Sous nos drapeaux que la Victoire
Accoure à tes mâles accents !
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre 𝖌𝖑𝖔𝖎𝖗𝖊 ♫
- La Marseillaise - couplet VI - 26 𝓂𝑒𝓈𝓈𝒾𝒹𝑜𝓇 𝒶𝓃 𝐼𝐼𝐼 -
---♪---♫---🐬---⛵---🐬---♫---♪---

Messidor dans les bras de Morphée
Alors quand rêverai-je mon petit village !?
Une quête qui recommence, le début d'un voyage
Suivre le Thrace, la table des bien nés
L'épée d'Eraste, pour tout bagage
chez les grecs, va te faire enclumer
Mais qu'allait-t'il faire dans cette trière !?
Nos vies sont une guerre
Ton apparence, pas marrant tous ces mirages.
A couple ment, trouver la reine
Dauphins de borée à corps de femme
Sirène, comment trouver la mienne !?
Pique épique et collait Priam
Devant tant de beautés j'en suis réduit au silence
Grand yeux de chouette, ceux de ton Athéna
Puis-je avouer un amour pour tes dieux
quand devant l'Homère t'as ?
Bye bye KLEOS LESBOS Rhapsodique
Merci Ed. Grand Angle pour cet épisode unique
Eacersall- Latapy- Causse et bien sûr à Masse critique
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Merci aux éditions Grand Angle pour cette masse critique privilégiée ! Je m'attendais à recevoir uniquement le premier tome de ce dyptique, mais au final, c'est l'édition intégrale que j'ai pu découvrir.

J'ai beaucoup aimé cette bande dessinée qui nous plonge dans une épopée très particulière, celle de Philoklès, un jeune homme qui a assisté au pillage de son île, et qui, bercé par les récits de L'Iliade et de L'Odyssée, décide de prendre la mer pour faire justice lui-même. Malheureusement, le voyage ne va pas exactement se passer comme prévu, et de nombreux problèmes viennent bientôt contrarier ses plans.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, Kleos n'est pas l'aventure initiatique d'un guerrier, mais celle d'un aède. Philoklès n'est pas taillé pour la guerre, il ne sait d'ailleurs pas se battre, mais il connaît les mots et va les employer tout au long de l'aventure comme d'une arme. Ainsi, le texte nous transmet une histoire touchante, avec un personnage qui n'a rien d'un héros mais qui va en devenir un malgré lui, en faisant vivre les textes qui l'ont construit, l'Iliade et l'Odyssée. le texte nous permet de découvrir les épopées grecques d'une autre façon, non pas par leur histoire, mais par ceux qui l'ont contée, ce qui est une idée originale et très bien traitée.

Le dessin est vraiment très chouette, avec beaucoup de détails, notamment dans les décors, qui sont très crédibles. J'ai trouvé l'omniprésence de la nudité parfois un peu exagérée, mais quelque part, celle-ci est aussi symbolique dans l'histoire, synonyme de renouveau et de nouvelles expériences, ou de perte de liberté. Il y a aussi un petit humour grinçant en fond dans le tome 1 qui m'a beaucoup plu, alors que le tome 2 est beaucoup plus sérieux et sombre.

C'est une très belle découverte, entre mythologie et bande dessinée historique, qui mérite d'être découverte. C'est une très grande réussite pour moi.
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CHRONIQUE DE LA VERSION INTEGRALE

Je remercie Babelio et les éditions Bamboo, label Grand Angle, de m'avoir envoyé Kleos de Mark Eacersall, Serge Latapy et Amélie Causse en échange de mon avis.

Il est des récits qui déploient toute leur essence en étant lus d'une traite, Kleos en fait indéniablement partie ! C'est la raison pour laquelle je salue l'initiative de la maison d'édition qui propose aux clients le souhaitant de rapporter, jusqu'à la fin de l'année, le premier tome en librairie lors de l'achat de cette version intégrale. Une belle preuve de la capacité de l'éditeur à prendre du recul et à en tirer les conclusions qui s'imposent.

En tant que lectrice, j'ai d'ailleurs fort apprécié de recevoir l'histoire complète à la place du premier tome annoncé lors de la masse critique Babelio, et en remercie la maison d'édition. Je ne doute pas, en effet, qu'être coupée en plein milieu de l'histoire m'aurait quelque peu frustrée et aurait atténué la portée de cette aventure initiatique qui prend ses racines en Grèce en 499 av. J.-C. Nous y découvrons le jeune Philoklès, fils de pêcheur, plus intéressé par l'idée de se forger un destin glorieux que par les filets de pêche de son père. Et pour cause, bercé par les récits fondateurs de la culture grecque, notre jeune idéaliste se rêve en héros, ou du moins, en pourfendeur de torts. Cela tombe bien puisque des torts, son village tout juste pillé par des pirates, en a à déplorer !

Encouragé par le dirigeant du village ravi de se débarrasser de ce trouble-fête à la langue bien pendue, rappelant aux citoyens le manque de courage de ceux censés les protéger, il prend ainsi le large, la tête remplie des vers de L'Iliade et de L'Odyssée qu'il connaît par coeur. de bien faibles armes pour affronter ce qui l'attend… Car lui qui rêvait de gloire, va connaître les affres d'une réalité à laquelle son statut d'idéaliste et de fils de pêcheur incapable de naviguer ne l'avait pas préparé : naufrages, dangers, humiliations, agressions, viols, esclavagisme… Autant vous avertir tout de suite, Mark Eacersall et Serge Latapy ne nous épargnent rien : ni les dessous d'un monde grec violent et sans concession, ni la manière dont le destin d'un homme peut basculer en un instant dans ce monde dominé par les plus forts.

Au fil de l'aventure, notre apprenti héros va connaître différentes positions, de celle d'éphèbe découvrant les plaisirs de la chair à celle d'esclave, en passant par le statut plus enviable de conteur. Différentes vies, mais aucune ne le rapprochant de celle qu'il s'était imaginée et qu'il avait décidé de se construire en quittant son village. Difficile de ne pas compatir devant la déchéance et les malheurs de Philoklès, mais difficile également de ne pas être atterré par la naïveté avec laquelle il pensait pouvoir devenir un héros sans même avoir suivi un entraînement militaire ! Idéaliste, certes, mais surtout imbus de lui-même, du moins en début de périple, le jeune homme évoluant au gré de ses (mes)aventures. Il apprendra ainsi à choisir ses combats et à poser intelligemment ses pions en fonction de la dure réalité qui s'impose à lui et de ses talents, qui ne sont pas ceux qu'il espérait, mais qui n'en sont néanmoins pas réels et utiles.

Je ne me suis pas attachée à lui, mais j'ai été révoltée par les coups qui lui sont portés, les humiliations qu'il subit et j'ai été impressionnée par sa pugnacité, son instinct de survie, son intelligence des situations et cette maturité nouvellement et difficilement acquise. Ainsi, s'il reste toujours ce grand amoureux des récits fondateurs qui ont formé sa personnalité, il développe également une force de caractère plus prosaïque, lui permettant d'arracher, si ce n'est à coups d'épée, à coups de paroles et de ruse cette liberté qu'on lui a si violemment dérobée. de fil en aiguille, les enjeux de cette quête initiatique changent, poussant Philoklès à tronquer ses rêves de gloire de jeune homme idéaliste au profit d'une lutte acharnée pour sa survie. Un domaine dans lequel il se révèle plutôt doué !

Le scénario arrive à créer l'exploit de prendre son temps tout en allant vite, les auteurs faisant preuve d'une redoutable efficacité et implacabilité dans le déroulé de leur histoire. On ressort donc comblés de cette lecture, a fortiori quand l'on découvre une fin qui ne manque pas d'ironie, mais qui, surtout, s'impose à nous comme une fulgurance. Après tout, il ne peut y avoir de mythes et de légendes sans personne pour les écrire et les partager… Mark Eacersall et Serge Latapy nous offrent ainsi une vibrante ode aux conteurs et à une oralité qui s'est quelque peu perdue dans nos sociétés, mais qui semble ici fédératrice et source d'enjeux dépassant notre simple mortalité. À cet égard, la fin prend tout son sens et dévoile toute sa puissance, nous prouvant qu'aucune place n'a été laissée au hasard et que la boucle est admirablement bouclée.

J'ai, en outre, apprécié les multiples références à L'Iliade et L'Odyssée, toujours utilisées avec pertinence ainsi qu'une certaine modernité dans la manière d'aborder l'histoire. Au-delà du scénario, cette BD peut s'appuyer sur le magnifique travail d'illustration d'Amélie Causse, qui a insufflé la dose parfaite de poésie et de sensibilité à ses dessins pour contrebalancer la dureté des événements. La violence est toujours dépeinte avec justesse mais sans insistance, tout passant par la suggestion plutôt qu'une âpre démonstration. Ainsi, si la BD n'est pas tout public, elle n'en demeure pas moins accessible aux adolescents et aux lecteurs désirant être immergés dans un monde grec réaliste où le pire n'est pas occulté, mais jamais glorifié.

Pour ma part, j'ai été saisie par les expressions des visages, le jeu sur la lumière, les effets de mouvement de l'eau, les teintes chaudes offrant un contraste intéressant entre le fond et la forme, le cadrage et le découpage dynamique du récit, permettant de suivre l'action même quand la narration se fait oublier. Les auteurs ont, en effet, opté pour un scénario peu bavard et pourtant efficace qui permet à l'illustratrice d'exprimer son art avec une grande liberté et aux lecteurs de laisser parler leur imagination. Une imagination qui, portée par une ambiance graphique saisissante et particulièrement expressive, vient naturellement s'approprier des silences porteurs de sens.

Une symbiose entre le fond et la forme qui donne toute sa force à cette grande aventure initiatique, mais aussi humaine que je conseillerais à tous les amateurs de textes dans lesquels un homme se bat contre vents et marées avant d'embrasser sa destinée ! Un destin qui n'était pas celui qu'il espérait, mais un destin pour lequel il était fait… et qui rappelle qu'une histoire, même glorieuse, n'est rien sans celui qui la raconte. Kleos est une belle BD que je vous invite à découvrir dans sa version complète pour l'apprécier à sa juste valeur, d'autant que l'objet-livre en lui-même est de toute splendeur.
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Le livre (l'histoire complète en un seul volume) est magnifique. L'objet d'abord, dont la couverture s'inspire des poteries à figures rouges de l'Antiquité. le contenu ensuite, dont les dessins retiennent immédiatement l'attention, en particulier les vues maritimes et nocturnes. Même les nuages ont une forme grecque ! Plusieurs planches sont sans texte, laissant ainsi le regard s'attarder sur les détails et le rendu des lieux.
Les auteurs font de nombreux clins d'oeil à Homère pour camper leur jeune héros, épris de gloire comme Achille son idole, qui avait, lui, préféré mourir jeune en échange de la gloire éternelle. Mais est-ce aussi le souhait de Philoklès ?
Kleos, cette renommée qu'il désire, ne s'offre pourtant pas au premier venu et comme d'autres avant lui, il devra quitter son île natale pillée par des pirates pour mettre un terme à leurs agissements.
Il passe ainsi par toutes les étapes du récit d'apprentissage, aidé surtout par sa bonne connaissance des poèmes homériques, toujours utiles pour survivre lorsqu'on rencontre des sirènes, ou même, un géant borgne.
Cette épopée nouvelle, non dénuée d'humour, devrait ravir les passionnés de mythologie et conquérir les autres. Une petite précision toutefois, les scènes de sexe, pas toujours consenti, empêchent peut-être de laisser ce bel ouvrage aux plus jeunes lecteurs.
Je remercie vivement l'éditeur pour ce beau cadeau reçu dans le cadre d'une opération masse critique.
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UN HOMÈRE SINON RIEN !

Nous sommes en -499 de notre ère. La civilisation grecque est sur le point d'entrer dans son âge dit "classique", mais elle ne le sait évidemment pas encore. le jeune Philoklès, rejeton adolescent et plein de fougue d'un pauvre pêcheur vivant sur l'une de ces innombrables et merveilleuses îles des Cyclades, Amorgos, s'insurge : que faisaient donc les hoplites, ces bouches improductives supposées défendre la population, tandis que de féroces pirates venaient, une fois encore, dévaster la basse ville ? Rien, une fois de trop ! Lui qui fait des rêves de gloire et de richesse à l'écoute de l'aède contant les exploits de l'Iliade et, surtout, ceux d'Ulysse et de son Odyssée, va en avoir pour son compte : le strategos de l'île, souhaitant éviter que des esprits trop critiques de ses décisions finissent par provoquer une émeute, répond à ses exigences : on confie donc au jeune homme un bateau de pêche, quelques armes et surtout, de quoi se nourrir afin de découvrir d'où viennent ses fameux pirates et parvenir, peut-être, à les anéantir.

Bien entendu, rien ne va se dérouler comme le jeune homme l'avait espéré. Très vite, et même presque dès ses premières heures sur la vaste mer (n'oublions pas que les marins de l'antiquité, aussi malins, intrépides, parfois chanceux, furent-ils, pratiquaient essentiellement l'art du cabotage. Se retrouver en pleine mer, quasiment sans repère autre que la position du soleil ou des astres nocturnes, pouvait s'avérer source de grandes angoisses existentielles et même de perdition), il va comprendre, la plupart du temps à ses dépens, qu'il y a un fossé entre la vie de héros homérique et celle de jeune pêcheur pauvre, sans formation ou presque. Très vite, il s'avère pour ce qu'il est vraiment : un doux rêveur naïf mais plein de ressort et d'espoir. Au cours de sa traversée, il va croiser aussi des personnages hauts en couleur : un prophète aveugle très roué, une épouse abandonné par son mari (parti à la guerre) et qui se prend un peu pour Circé, des sirènes (fruits de son imagination et du soleil plombant), chacun le poussant à poursuivre la route toujours un peu plus loin, même si ce n'est pas toujours par choix !

Sans sombrer dans la pure pédagogie ennuyeuse, Kléos nous fait découvrir un univers méconnu, lointain, un peu fantasmatique de cette Grèce aussi fascinante qu'étrangère à nos existences contemporaines, sur le ton faussement badin de l'aventure, à travers une geste maritime et héroïque que ce Candide - sans maître Pangloss, hélas pour lui - qui se prend un peu pour Ulysse traverse, pour notre plus grand plaisir.
Cette première partie, dont on comprend très vite qu'elle ne s'achèvera pas sans heurt ni, peut être, malheurs, est menée de main(s) de maître(s) par Mark Eacersall et Serge Latapy au scénario et, peut-être plus notoire encore, est servi par un trait précis, légèrement stylisé, nerveux quoiqu'aussi fait de délicatesse et de poésie par la dessinatrice et coloriste (il n'est pas si évident d'être talentueux sur ces deux postes) Amélie Causse, dont on s'empressera de retenir le nom et de suivre le travail futur.

Notons, pour faire bonne mesure, que cette Masse Critique spéciale n'aurait pas pu être possible, d'une part, sans notre bibliothèque virtuelle en ligne préférée, Babelio.com, ni sans la bienveillance des éditions Bamboo, à travers leur label "Grand Angle" dont il me faut noter que, par décision des uns et des autres, c'est le diptyque complet, réuni en un seul important volume, que j'ai reçu, et pas seulement le premier tome ainsi que proposé dans un premier temps. Inutile de préciser ici quel plaisir ce fut de pouvoir suivre les aventures de Philoklès jusqu'à la lie (d'autant que le vin y a aussi son rôle à jouer... Mais chut ! Ne divulgâchons pas trop !). A tous : merci.
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Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique. La critique concerne l'intégrale.

Les temps héroïques ont passé. le plus célèbre aède, Homère, a chanté les exploits des Achéens en terre troyenne, puis le trop long retour d'Ulysse sur ses terres, à Ithaque. Génération après génération, les Grecs se transmettent le souvenir de cette guerre et de cette odyssée, et des héros qui les vécurent : Ulysse, Achille, Ajax ... A l'aube d'autres temps héroïques, réels ceux-là, et qui demeurent connus sous le nom d'âge classique de la Grèce antique, un jeune pêcheur de l'île d'Amorgos assiste, impuissant, au pillage de son île par des pirates. Les quelques hoplites en charge de la défense de la cité n'ont point voulu imiter Achille, et sur l'acropole, leurs propos sont fatalistes. Voyant cela, Philoklès, humble pêcheur, crie sa révolte, secoue l'ordre établi et, les vers homériques en tête, pense trouver la gloire en allant punir les pirates. C'est là le début d'une odyssée que les auteurs ont placé sous le signe d'un réalisme cru, non sans oublier le caractère tragique que peuvent révéler ces aventures.

Il faut d'abord souligner la maîtrise du cadre historique de ce récit. Les auteurs ont indiqué vouloir situer leur récit au tout début du Vème siècle avant notre ère, à un moment où les cités grecques sentent pesamment la menace perse. Philoklès est originaire d'Amorgos, une petite île des Cyclades, éloignée donc des centres culturels du monde grec que sont Athènes ou Thèbes. Sa connaissance des récits homériques est pourtant remarquable, et les auteurs ont le souci de montrer que cet univers littéraire est fondamental dans la culture grecque. Car est Grec celui qui parle grec et qui partage un même mode de vie, une même vision du monde et, partant, une même culture dont Homère est l'un des symboles. L'aventure de Philoklès n'est pas simplement celle d'un jeune homme épris de grandes idées : c'est surtout celle d'un jeune garçon dont l'univers mental est habité de ces figures guerrières légendaires. Il faut dire que cette culture littéraire est une culture orale - on est loin d'une culture contemporaine, qui est davantage intime, et silencieuse - qui fait sens socialement. C'est bien parce qu'il connaît les récits homériques par coeur que Philoklès devient le rhapsode du roi des Kythiens, dénommé Monophtalmos - littéralement, le borgne -, rhapsode dont les talents tiennent en haleine les hommes du roi. Ce talent oratoire n'est pas seulement divertissant : il est aussi un art au service du pouvoir politique : Monophtalmos ne s'y trompe pas en demandant à Philoklès de chanter sa gloire dans le monde grec. Ce monde grec, les auteurs le dépeignent dans sa réalité quotidienne. C'est un monde inégalitaire, partagé entre les libres et les esclaves, et chez les libres, entre une classe guerrière et noble et une classe laborieuse et pauvre. C'est un monde incertain, sur les mers duquel rôdent les pirates, dans lequel une vie peut basculer d'un jour à l'autre, que ce soit vers la mort - ainsi l'île visitée par Philaklès aux premiers jours de son périple - ou vers l'esclavage - c'est là le destin de Philoklès.

Au-delà de l'immersion dans le monde grec antique, et dans les récits homériques dont plusieurs passages sont cités, Kleos est avant tout un récit d'initiation. Aux illusions de la jeunesse de Philoklès répondent d'abord les éléments, la mer déchaînée et les vents hostiles, puis les événements : l'échouage sur une île qui conforte le jeune homme dans ses rêves - on pense à la Calypso d'Ulysse -, l'attaque subie par des îliens revanchards, la capture enfin par des pirates qui réduisent le jeune homme en esclavage. La condition servile s'éclaire d'une possibilité, celle de devenir rhapsode du roi, et d'une éventualité de fuite. Porté par un dessin souple et des couleurs vives, qui rendent plutôt bien les lumières de la Méditerranée, Kleos - littéralement la gloire, la renommée - narre cette quête un peu absurde que partagent de nombreux hommes d'être connus, reconnus par leurs pairs, dans le temps présent et dans la postérité, chacun pensant mériter sa place auprès des noms certes légendaires que sont ceux d'Ulysse ou d'Achille. En un certain sens, Philoklès et Monophtalmos ont la même ambition. Leurs destins partagent aussi, parce que le récit se déroule en Grèce, un même aspect tragique. A quelque niveau de la société qu'ils se trouvent, les hommes ne peuvent guère bâtir leur vie, ou leur renommée, par leur seule volonté. Des événements extérieurs, d'autres volontés que les leurs, s'y opposent, parfois avec brutalité. de cette envie très humaine d'être plus que ce que l'on est, Mark Eacersall, Serge Latapy et Amélie Causse tirent ainsi un récit rythmé, plaisant à lire et instructif.
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De Mark Eacersall, j'ai beaucoup aimé sa collaboration avec Vallée pour Tananarive. Alors, en attendant de découvrir GoSt 111 qui l'a fait connaître, j'ai pu lire, grâce à une opération Masse Critique de Babelio et aux Éditions Grand Angle, ce diptyque très tentant dont je n'avais pas entendu parler.

Graphiquement, la couverture vous donne le ton, c'est magnifique. Amélie Causse fait un travail splendide. le trait, le choix des couleurs chaudes typiques de la région méditerranéenne, j'ai tout aimé dans son art qui met parfaitement en valeur le récit de Eacersall et Latapy sur ce jeune grec, bercé par les épopées d'Ulysse narrées par Homère, conteur aveugle parmi tant d'autres qui lui succèdent pour faire vivre ses paroles.

Après une escarmouche dans son village, Kleos, qui rêve de gloire, va prendre la mer pour chasser, seul, les pirates. Sauf que l'aventure ne se vit pas de la même façon qu'elle s'écoute et surtout ne se termine pas toujours bien. La réalité n'est pas toujours à la hauteur du rêve et Kleos va l'apprendre à ses dépens. D'aventure en mésaventure, le jeune homme va vire bon nombre de dangers. Que trouvera-t-il au bout du chemin ?

Le récit est précis, et Kleos, par son intelligence et son obstination deviendra quelqu'un, même si ce n'est peut être pas celui auquel il avait pensé. Si j'ai beaucoup aimé, j'ai juste trouvé que cela manquait d'un souffle épique, d'un peu de panache. Je comprends l'idée d'opposer le réel et les épopées mythiques. le final rattrape un petit peu ce bémol, montrant l'importance des histoires dans la construction des civilisations et de la pensée humaine.

Petite précision : ce récit était pensé en diptyque. Après la sortie du tome 1, les auteurs ont décidé de ne pas publier un deuxième tome mais une intégrale, avec possibilité aux acheteurs du premier tome de venir en librairie faire un échange. À juste titre je pense car le récit s'entend parfaitement d'un seul tenant.
Lien : https://nourrituresentoutgen..
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Tout d'abord un grand merci aux editions Grand angle et à Babelio pour l'envoi de ce livre.

Cette bande dessinée devait à l'origine sortir en 2 tomes (le tome 1 est sorti au début de l'année). Mais suite à de nombreux retours de lecteurs, la maison d'édition, en accord avec les auteurs, a décidé de sortir une intégrale en lieu et place du tome 2.

J'ai donc eu la grande chance de recevoir l'intégrale dont la sortieest prévue le 3 mai.

Dans cet ouvrage, nous suivons un jeune homme, Philoklès. Celui-ci est passionné par les récits de l'Iliade et l'odyssée.

Nous sommes en 499 av. J.-C. Par une belle journée, des pirates attaquent l'île de Philoklès et la pillent.
Ils laissent les habitants dépités et désespérés. Contrairement à ce qu'il aurait voulu voir, Philoklès se rend compte que les soldats de son île sont peu courageux. Il leur annonce alors qu'il va lui-même partir à la recherche de ces pirates et leur faire payer ce qu'ils leur ont fait à tous.
Dans son voyage, il va rencontrer de nombreux personnages qui vont faire de lui ce qu'il va devenir.
L'histoire est très belle et les dessins colorés, détaillés servent grandement le récit.
J'ai aimé ce personnage qui se bat pour les autres et qui devient lui aussi à sa manière un héros.
Une très belle découverte!
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Ayant reçu (et donc lu) la version intégrale, mon avis sera sur cette version là. D'après ce que j'ai compris, à la fin du premier tome, les lecteurs étaient frustrés de ne pas pouvoir découvrir la suite, donc la maison d'édition a eu l'intelligence de les écouter et de sortir cette intégrale. Je pense qu'ils ont bien fait, car j'ai lu cette histoire d'une traite tant j'étais prise dans le récit, et je ne vois pas où elle a pu être coupée pour sortir le premier tome...

J'aime beaucoup la mythologie grecque et tout ce qui s'y rattache et j'ai vraiment apprécié découvrir l'épopée que vit Philoklès. Jeune fils de pêcheur, qui en a marre de subir les pillages des pirates, décide de partir de son île afin de les retrouver et de venger son peuple.
Nous sommes sur le récit du voyage initiatique d'un jeune homme, qui fuit sa condition et veut prouver son courage en vengeant son peuple. Il a été bercé par les célèbres vers d'Homère et rêve de vivre de telles aventures. Mais son chemin ne va pas être de tout repos.

Je tiens à préciser que je suis une néophyte en BD, même si j'apprécie beaucoup d'en lire de temps en temps, j'en lis assez peu au final. Mais cela ne m'a pas empêchée de trouver celle-ci très belle, les dessins sont simples mais réalistes. Les émotions sont bien ancrées sur les visages de nos personnages, les couleurs sont choisies avec soin et pertinence pour nous faire passer des émotions.
Nous suivons Philoklès et nous le voyons devenir un homme au fil des épreuves qu'il va vivre au cours de sa quête de vengeance. Il va être confronté à de nombreuses choses auxquelles il ne s'était pas préparé, avec toujours en toile de fond ces récits de L'Illiade et L'Odysée. Cela nous montre comment les récits qui ont bercé notre enfance et adolescence peuvent prendre de l'importance dans les personnes que l'on devient, la quête de nous-même.
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