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Critique de Brooklyn_by_the_sea


"Ca a débuté comme ça", comme l'écrivait Céline. Une cloche qui se met à sonner dans la campagne paisible, et voilà la mobilisation générale déclarée, en ce premier août 1914 dans un coin de Vendée comme partout en France. On va donc suivre Anthime et ses copains de pêche et de café, jeunes pioupious en partance (bien forcés) pour une guerre qui ne durera que quinze jours, et qui les enlisera dans les tranchées. Qui y restera, qui en reviendra, et dans quel état ?

Ce très court (et très dense) roman d'Echenoz est remarquable de causticité. L'auteur rajoute une pierre à la dénonciation de l'absurdité de ce premier conflit mondial. Sous son ton faussement détaché, on perçoit toute la fureur qu'il ressent à l'égard des états-majors irresponsables qui ont envoyé au carnage des centaines de milliers d'hommes, mais aussi son dédain envers les profiteurs de guerre industriels. La charge est très violente, et je l'ai trouvée jubilatoire et même précurseuse de celle de Pierre Lemaître dans "Au revoir là haut".
En outre, j'ai beaucoup apprécié l'aspect documentaire de ce récit. J'ai complété ma culture gé (découvrant par exemple que jusqu'en 1854, les chaussures ne distinguaient pas le pied gauche du pied droit), et j'ai surtout appris de nouveaux détails sur les avancées techniques en matière de destruction et les conditions de (sur-)vie hallucinantes des poilus. Echenoz raconte en effet la guerre à hauteur d'homme, employant souvent un "on" qui nous entraine dans la boue avec les soldats. C'est autre chose que Koh Lanta.

C'est donc un roman féroce et épatant, à l'ironie glaçante, plein de rage rentrée, et forcément impressionnant. Attachez bien votre barda et attendez-vous à être bousculés -mais au moins, vous en ressortirez vivants.
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