Belgarath le sorcier, tome 1 : Les années noires

Si on part du principe qu'une chose est la vérité absolue, on referme son esprit dessus et un esprit fermé ne va nulle part. Il faut toujours tout remettre en question.

C’est peut-être l’une des leçons les plus importantes que j’ai apprises au fil des siècles. Il est beaucoup plus satisfaisant, au bout du compte, de rire sous cape des imbéciles que de leur courir après dans des rues poussiéreuses en essayant de leur faire sauter les dents. En dehors de toute autre considération, ça revient moins cher en vêtements

Un Grolim au visage émacié, à la barbe blanche, était assis à une table près de l'une des fenêtres rondes. Il lisait un parchemin à la lueur d'une lampe à huile. Le Murgo de l'A-pic -Agga, je crois - avait dit que Ctuchik donnait l'impression d'être mort depuis une semaine. C'était un doux euphémisme. Je n'ai jamais vu un cadavre à l'air plus cadavérique que Ctuchik.

Il était bien plus de minuit, et il faisait très froid. La lune s'était levée, et les critaux de givre étincelaient comme des diamants dans la neige. Garion eu l'impression étrange que le sol lui renvoyait une image en négatif du ciel étoilé.

- ça y est, ils sont partis, remarqua Durnik en scrutant le firmament. Je ne vois plus l'arc-en-ciel.

-L'arc-en-ciel ? releva Blegarath, un peu amusé.

Leur souffle se condensait dans l'air glacial, parfaitement immobile.

-Tu vois ce que je veux dire. Chacun est entouré d'une ccolonne de lumière particulière. Le bleu est associé à Aldur, le vert à Issa, le rouge à Chaldan ; ils ont tous leur couleur. Y a-t-il une raison à cela ?"

Je scrutai le ciel comme si j'espérais y trouver la réponse. Les orages d'été passaient vite, et nous avions de nouveau un bol de ciel bleu au-dessus de la tête avec quelques jolis petits nuages cotonneux.

Je pense que c'est la première fois que quelqu'un lui donnait ce nom, mais je voulais être sûr d'avoir toute l'attention de mon bonhomme, et je ne tenais pas à ce qu'il se laisse distraire par la beauté de Pol. Il me semblait qu'en lui laissant entendre qu'elle pourrait le changer en salsifis, je le dissuadais d'entreprendre je ne sais quelle bêtise.